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- Communiqué de presse -
Maintien du régime social des marins. Lettre à M. Sarkozy
Vous avez été attentif aux arguments avancés par les syndicats et notamment durant ces dernières semaines ceux avancés par le syndicat CGT des marins de Brest. Oui notre métier de marin malgré les nouvelles technologies reste un métier difficile et dangereux, l'abordage du « Sokalique » et tous les accidents passés le démontrent, il faut être en pleine forme physique et en bonne santé pour exercer ce métier particulier.
Jean-Paul Hellequin pour syndicat CGT des marins de Brest le 21/09/07 22:06

Envoyé ce jour par fax à


Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République


Monsieur le Président,

Vous venez de décider de ne pas modifier le régime de retraite des marins et des mineurs, les marins y seront certainement très sensibles. Les marins des Abeilles International qui assurent la protection du littoral m'ont demandé de vous adressez ce courrier.

Vous avez été attentif aux arguments avancés par les syndicats et notamment durant ces dernières semaines ceux avancés par le syndicat CGT des marins de Brest. Oui notre métier de marin malgré les nouvelles technologies reste un métier difficile et dangereux, l'abordage du Sokalique et tous les accidents passés le démontrent, il faut être en pleine forme physique et en bonne santé pour exercer ce métier particulier.

Pour avoir navigué 10 ans à la Grande Pêche à Terre Neuve (éloigné certaines années 340 jours de ma famille), puis 27 ans à bord de l'Abeille Flandre au large des côtes bretonnes pour effectuer des missions de sauvetage en mer, d'avoir pu ouvrir les droits à la retraite à 55 ans ne me donne pas l'impression d'être un privilégié par apport à d'autres Français.

Espérons que votre décision suscitera de nouvelles envies auprès des jeunes pour le métier de marin. Que les armateurs français trouveront grâce au maintien du régime social des marins, une main-d'œuvre nationale tant à la pêche qu'au commerce mais aussi dans toutes les filières maritimes. Votre décision pourrait aider à maintenir voire relancer cette activité qui a perdu plus de 30.000 emplois.

Monsieur le Président, votre présence aux obsèques de monsieur Bernard Jobard mérite le respect. Ce geste peu commun de la part d'un chef d’État avait conforté le monde maritime. Votre décision de maintenir notre régime social Établissement National des Invalides de la Marine, montre une fois encore votre intérêt pour les activités maritimes et le métier de marin. Ceci ne doit pas pour autant nous faire oublier pourquoi M. Jobard n'est plus des nôtres.... pourquoi il est décédé. La fuite des trois hommes (le capitaine, son second et le matelot de veille lors de l'abordage) suspectés être responsables de cet abordage doit nous faire prendre conscience que ce milieu des activités maritimes est parfois obscur… très protégé par les organismes internationaux où chacun interprète les textes selon les moments.

Le syndicat CGT des marins de Brest, 1er syndicat maritime du littoral français, lutte depuis plus de 30 ans contre les pavillons de complaisance. Dans quelques mois vous allez présider l'Union Européenne, notre syndicat CGT de Brest compte sur votre détermination pour améliorer les règles du transport maritime. Durant cette présidence, nous comptons sur vous pour mettre en place une charte sociale, de bonne conduite et environnementale dans ce secteur protégé par les lois obsolètes de l'Organisation Maritime Internationale et du Bureau International du Travail.

Monsieur le Président, le syndicat CGT des marins de Brest souhaite que durant cette présidence soit abordées, la sécurité maritime dans sa globalité, les dérives sociales et les formations des marins etc. Ces pseudo-armateurs, sociétés de classification et autres acteurs du transport maritime qui discréditent les activités maritimes doivent désormais savoir que lors de votre présidence tout pourrait changer pour eux.

90 % des échanges mondiaux s'effectuent par la mer sur plus de 90.000 navires de plus de 90 mètres. Plus de 80 % de ces navires sont armés à la complaisance (actuellement, il y a plus de 40 pavillons de complaisance), cela ne signifie pas pour autant des navires mal entretenus avec des marins malheureux, tout dépend de l'armateur, de sa nationalité, de son professionnalisme, de sa philosophie pour le métier et de son respect pour les marins.

La France seule ne pourra pas grand-chose, mais l'Union Européenne (2e flotte mondiale) doit montrer l'exemple et une réelle détermination face à l'OMI et au BIT. Lors de ma rencontre avec le Secrétaire général à la Mer le 17 septembre 2007 nous avons longuement évoqué la sécurité maritime, nous devons ensemble être les précurseurs des changements indispensables et réalisables.

Le syndicat CGT des marins de Brest et l'Association bretonne Mor Glaz estiment que 1/3 de la flotte mondiale est dangereuse pour les marins et l'environnement (1/4 selon le président des armateurs européens..., lui-même armateur) cela ne doit « plus » durer.

Le pavillon de complaisance permet aux armateurs d'échapper à toutes les lois sociales, de sécurité, de sûreté, fiscale et autre sous prétexte que seul l’État du pavillon du navire serait souverain, cela doit changer.

Monsieur le président, l'Organisation Maritime Internationale (organisme au service des armateurs internationaux) mais aussi la toute nouvelle Agence Européenne de Sécurité Maritime y compris l'Administration Maritime Française doivent s'entendre pour faire changer de cap aux pseudo-armateurs.

Le syndicat CGT des marins de Brest constate que les navires ne sont pas suffisamment contrôlés, que les inspecteurs ne sont pas suffisants en France et dans les ports de l'Union Européenne. Nous constatons pour l'avoir vérifié que les effectifs sur les navires ne sont plus suffisants, y compris à la pêche, Que les marins ne sont pas tous formés avec les mêmes rigueurs, que les sociétés de classification, les affréteurs et les assureurs ne sont pas suffisamment scrupuleux.

Monsieur le Président, les us et coutumes doivent changer. La mer est certes un espace de liberté mais cette liberté doit être surveillée de plus près.

Monsieur le Président, la ténacité et la volonté de faire changer certaines dérives doivent nous permettre d'éviter toutes les dérives inacceptables et scandaleuses qu'elles soient sociales et environnementales.

En l'attente, recevez, Monsieur le Président, mes respectueuses et sincères salutations.


Jean-Paul Hellequin, porte-parole du syndicat CGT des marins de Brest

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