Lettre ouverte au Trésor Public,
Service de la redevance de l’audiovisuel
Cher monsieur le Trésorier Général de la Redevance,
J’ai bien reçu mon avis d’échéance de la Redevance de l’audiovisuel pour la période du 01/11/2003 au 31/10/2004, d’un montant de 116,50 euros, avec pour date limite de paiement le 30/11/2003, et je vous remercie. Voici bientôt vingt ans que je m’acquitte ponctuellement de cette redevance sans broncher, mais voici que cette année, un doute me saisit, et j’espère que mes raisons sans vous convaincre vont vous paraître évidentes. Les voici :
L’Etat français républicain, centraliste et jacobin, ne reconnaît toujours pas l’existence de ses minorités originelles constituantes et de leurs cultures et patrimoines linguistiques, depuis maintenant plus de deux siècles. Pire, derrière le masque souriant des droits de l’homme, l’Etat s’évertue, aux moules stéréotypés de l’Education et des Médias contrôlés et réglementés d’une main de fer, somme toute forts peu démocratiques, à vouloir éradiquer les dernières racines et boutures déjà moribondes de nos antiques cultures ancestrales. Elles devraient aujourd’hui rayonner avec fierté, et s’épanouir ensemble pour enrichir et fortifier la Culture Française moderne qui en est issue, mais au contraire, des politiques sournoises et hypocrites s’acharnent à engloutir ces derniers îlots de connaissances et de sagesses, héritages de nos ancêtres. Malheureusement, sans racines pas de fruits, et à ce jeu morbide, la France risque d’être la première perdante : amnésique et sans mémoire, elle sera bientôt livrée exsangue et sans forces à l’écartèlement mondialiste destructeur.
Personnellement, en tant que citoyen français d’origine bretonne, cela ne m’aurait pas tué d’être parfaitement bilingue, français et breton. Au contraire, selon les études menées sur les élèves des écoles DIWAN, d’ailleurs en difficulté actuellement pour les mêmes raisons bassement politiques citées plus haut, le bilinguisme rend les enfants particulièrement éveillés. Vivant à Gosné, à l’est de la Bretagne, mes trois enfants sont déjà comme moi passés à côté de cette chance. Et me voilà maintenant, à quarante quatre ans, en train de payer pour apprendre avec difficulté la langue de mes parents, dans un contexte social où il m’est impossible de la parler avec mes voisins, ou même de l’entendre à la radio où à la télé, où le breton au fil du temps s’amenuise comme peau de chagrin.
La naissance de TVBreizh avait été pour moi et nombre de mes compatriotes, une véritable bouffée d’espoir : nous allions enfin entendre notre langue de la même manière que celle de tous les autres peuples (ou du moins des plus nantis siégeant à l’ONU…), nous allions voir défiler les images de notre Histoire millénaire, comme celles de notre Culture vivante, portée à bout de bras par tant de bénévoles passionnés, malgré les blocages ou sabotages de tous ces décideurs et valets payés par nos impôts ! Nous avons du très rapidement déchanter : TVBreizh a elle aussi été sabotée en plein envol par ce pouvoir jacobin dictatorial sans aucun état d’âme, sinon celui de ses propres intérêts. Le CSA, organisme fantoche et partisan, aux ordres de cette oligarchie bourgeoise parisienne a trouvé indécent que l’ensemble des foyers bretons, sur cinq départements, puisse recevoir gratuitement par ondes hertziennes, une télé faite par des bretons, pour des bretons, parlant de notre sensibilité celte, en notre langue bretonne interdite depuis des siècles, et sur le point de disparaître par le déterminisme de nos élus tous anti-bretons. Etrange pays des droits de l’homme centraliste, nanti et jacobin ! Ainsi, sans son public, et donc sans le financement de ses annonceurs, TVBreizh se replie sur elle-même comme un oiseau blessé, et tous ses détracteurs ironisent alors sur son manque de qualité.
Pour toutes ces raisons, monsieur le Trésorier Général, vous comprendrez que je ne veuille plus payer un centime d’euro pour un audiovisuel politique, qui participe actuellement à notre ethnocide programmé depuis deux siècles. Je sais que je ne suis ni le premier ni le dernier résistant pacifique et culturel en ce domaine, et si par chance vous osiez me réclamer vos 30% de majoration pour impayés, nous nous verrions contraints de contre attaquer juridiquement et massivement, afin de réclamer réparation. Cela pourrait se chiffrer, si l’on compte toutes les vilenies subies par notre peuple, non reconnu bien que considéré comme chair à canons sous le joug « ethno-génocidaire » jacobin français, héritier des coupeurs de têtes de la Terreur révolutionnaire, en plusieurs centaines de millions d’euros, en restant raisonnables, bien sûr, mais le sommes nous En tout cas, considérez ces 116, 50 euros que je ne prétends plus vous devoir, comme une avance de ce que nous doit l’Etat jacobin français, pour réparation des graves sévices et préjudices qu’il nous a infligés, et continue à vouloir nous infliger aujourd’hui.
Avec mes sentiments bretons les meilleurs, dans l’attente de votre compréhension attentionnée, et par voie hiérarchique de conséquence, le retour démocratique d’une vraie télé et d’une vraie radio gallo-bretonnes sur notre territoire enfin réunifié à cinq départements. A galon deoc’h, evit dazont Breizh gant doujañs d’ar bed holl e peoc’h !
A Gosné le 3/11/2003
Jean-Loup LE CUFF
Artiste peintre sculpteur, démocrate breton, défenseur des cultures originelles humaines et de notre environnement naturel et biologique, en voie d’extinction sous les rouleaux compresseurs de la cupidité, de l’ignorance et de la méchanceté criminelle.