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- Lettre ouverte -
Lettre ouverte à Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale, à l'occasion de son passage à Ploërmel
Demain, Xavier Darcos, Ministre de l'Education Nationale, visitera des établissements scolaires à Ploërmel. Nous avons pensé que cela constituait une excellente occasion de lui écrire au sujet de l'enseignement bilingue français-breton, en lui rappelant les promesses de Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle du printemps dernier. Monsieur le Minsitre, Je
Pierrick Le Feuvre Par Oui au breton le 31/01/08 16:41

Demain, Xavier Darcos, Ministre de l'Education Nationale, visitera des établissements scolaires à Ploërmel. Nous avons pensé que cela constituait une excellente occasion de lui écrire au sujet de l'enseignement bilingue français-breton, en lui rappelant les promesses de Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle du printemps dernier.

Monsieur le Minsitre,

Je souhaite, par la présente, attirer votre attention sur une situation que je ne peux considérer autrement que comme un disfonctionnement des Académies de Rennes et Nantes et de leurs directions départementales.

En effet, lors de la campagne pour les élections présidentielles, j'avais relevé ces propos de Nicolas Sarkozy : "Les locuteurs des langues de France autre que le français sont depuis longtemps préoccupés par le risque de disparition de leur langue propre, support d'un riche héritage culturel. On assiste, en effet, en ce moment, à la disparition des dernières générations de locuteurs naturels et, malheureusement, avec elle, à la disparition de la transmission familiale de ces langues." [1]

Cette déclaration de celui qui allait devenir notre Président de la République montrait une vraie connaissance du sujet. "L'enseignement", ajoutait Nicolas Sarkozy, "est devenu depuis quelques années la voie privilégiée et déterminante de la sauvegarde des langues régionales, c'est-à-dire de notre patrimoine linguistique." [1] "L'enseignement des langues régionales relève toujours des missions de l'Etat (...) précisait encore Nicolas Sarkozy qui se déclarait favorable à ce que le droit des parents à inscrire leurs enfants dans une classe bilingue français-langue régionale soit reconnu, dès lors que la demande est suffisante." [2]

Tout défenseur des langues régionales, tout parent soucieux de voir son enfant bénéficier d'un enseignement bilingue français-langue régionale ne pouvait qu'être séduit par ces promesses. Beaucoup d'entre eux, pour cette raison, votèrent d'ailleurs pour Nicolas Sarkozy.

Pourtant, en Bretagne, à la dernière rentrée de septembre, plusieurs ouvertures de classes bilingues furent refusées par les services académiques, alors que le nombre d'enfants inscrits était suffisant. Ce fut le cas à Couëron, Guichen, Lorient, Ploeren, et Saint-Etienne de Montluc. De nombreux enfants, déjà scolarisés en filière bilingue en primaire, furent aussi contraints de renoncer à cet enseignement, faute de continuité au collège.

Ne voulant pas me résoudre à douter de la sincérité de notre Président, j'ai cru qu'il s'agissait simplement de difficultés d'organisation liées à votre récente prise de fonction à la tête du Ministère de l'éducation. Pour pasticher un slogan beaucoup entendu au printemps, même si avec Nicolas Sarkozy, "tout devient possible", ça ne l'était sans doute pas en trois mois.

Le 31 octobre, Nicolas Sarkozy me confirmait que j'avais raison d'attendre. Son discours de ce jour mémorable, tenu devant l'Asemblée territoriale de Corse, était en effet enthousiasmant : "Vous êtes fiers d'être corses. Je vous comprends. Je veux vous aider à l'être davantage encore. Vous êtes fiers de votre histoire, fiers de ce qu'ont accompli vos aïeux. Je veux tout faire pour que vous soyez fiers de ce vous accomplirez à votre tour, de ce que vous allez léguer à vos enfants. Vous êtes fiers de votre passé. Vous avez raison. Je veux vous donner les moyens d'être fiers de votre présent et de votre avenir, de cet avenir qui est entre vos mains que vous allez contribuer à forger et qui ne peut être la simple répétition du passé. Je veux vous aider à garder vivante votre culture qui ne doit pas être seulement un héritage. La culture corse, la langue corse, l'âme corse doivent vivre." (...) [3]

Quel meilleur encouragement pour la défense et l'enseignement de nos langues régionales de France que cet engagement, tellement vibrant de sincérité, en faveur de la langue corse, tenu par Nicolas Sarkozy devant nos amis corses !

L'école de la République m'a en effet appris que "les citoyens français sont tous égaux en droit." Je connais l'attachement de notre Président, de sa majorité UMP, et donc de vous-même, à notre République une et indivisible. Je sais combien nombre de nos députés et sénateurs, au nom de ces principes, s'attachent à refuser toute existence aux minorités dans notre République des Droits de l'Homme. Ce qui vaut pour la Corse vaut donc forcément pour les autres français !

J'attendais donc le même élan pour l'alsacien, le basque, l'occitan, le catalan, le francique, le gallo, le breton ! Je pensais donc que pour la prochaine rentrée, tout allait enfin avancer. Les classes bilingues demandées par les parents allaient enfin ouvrir ! Les enseignements en breton demandés au collège pour assurer la continuité allaient être assurés ! En une phrase, justice allait être enfin rendue pour nos langues régionales. Justice pour le breton !

Trois mois sont aujourd'hui passés depuis ce discours fondateur. A Bannalec, Couëron, Guichen, Lorient, Pleyben, Ploeren, Quimper, Saint-Etienne-de- Montluc, des parents demandent l'ouverture de classes bilingues publiques. Les effectifs sont suffisants. Mais les inspections académiques refusent ces ouvertures.

Autour de Baud, Carhaix, Cléder, Douarnenez, Mauron, Morlaix, Plougastel, Vannes, des enfants, qui ont commencé l'enseignement du breton en primaire, veulent pouvoir continuer en filière bilingue au collège. Mais le rectorat refuse la création des postes d'enseignants bilingues nécessaires.

Et voilà que ce matin, en lisant le Figaro, je lis que Camille de Rocca Serra, député de la Corse qui assistait au discours du 31 octobre, est lui aussi inquiet : "Le président de la République a créé un immense espoir le 28 août, lors de son déplacement dans l'île, en s'engageant sur le développement de la langue corse (...). Cinq mois plus tard, nous sommes confrontés à des blocages que je ne comprends pas. Aujourd'hui, on attend des réponses claires du gouvernement." [4]

Comme lui, comme de nombreux bretons, je ne comprends pas non plus. La volonté présidentielle resterait sans suite ? Ce n'était que discours ? Mais... Comment, dès lors, continuer à croire en ce que dit Nicolas Sarkozy ?

Non ! Non ! Il ne peut s'agir que d'un dysfonctionnement des Académies de Bretagne et des Pays de Loire ! Ces hauts-fonctionnaires que sont nos recteurs et nos inspecteurs d'académie n'ont pas compris la volonté présidentielle ! Vous êtes le Ministre de l'éducation nationale, vous allez très vite corriger, les réorienter dans le sens de la volonté présidentielle... Rassurez-nous, M. Darcos. Par des actes. Pas des paroles. Nous en avons besoin, et vite, car la langue bretonne n'attendra pas.

A la prochaine rentrée, les classes bilingues français-breton doivent ouvrir dans toutes les écoles où les parents en font la demande, dès lors que l'effectif est suffisant. C'était une promesse de Nicolas Sarkozy. C'est le cas dans tous les établissements cités. Faites en sorte qu'elle soit tenue.

Dans l'espoir de lire votre réponse publique, et dans cette attente,

Recevez, Monsieur le Ministre, l'assurance de nos salutations citoyennes.

Pierrick le Feuvre

Cette lettre a été transmise à l'AFP et plusieurs media régionaux et nationaux. Si vous souhaitez réagir publiquement à cette lettre, un forum est à votre disposition en suivant ce lien (voir le site)

Notes

- [1] Lettre de Nicolas Sarkozy à Christian Ménard, député du Finistère, 17 mars 2007, publié sur Le Pacte des Langues (voir le site)

- [2] Lettre de Nicolas Sarkozy à Eblul-france (Délégation française du Bureau européen pour langues les moins répandues) publiée le 6/04/2007 sur le Journal Euskalherria (Pays Basque) (voir le site)

- [3] Discours du Président de la République à l'Assemblée de Corse le 31 octobre 2007 (voir le site)

- [4] Voir sur Ouiaubreton (voir le site)

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