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LE BRETON EN LOIRE-ATLANTIQUE OU TORDRE LE COU A QUELQUES IDEES RECUES
LE BRETON EN LOIRE-ATLANTIQUE OU TORDRE LE COU A QUELQUES IDEES RECUES… Interview de Visant Roué, expert ès-langue bretonne dans notre département, directeur de l’antenne nantaise de l’Office de la langue bretonne ( OFIS AR BREZHONEG 17 straed Auvours 44000 NAONED pgz 02 51 82 48 35 ). Yves Koziel :
Par pour Yves Koziel le 4/01/04 22:46

LE BRETON EN LOIRE-ATLANTIQUE OU TORDRE LE COU A QUELQUES IDEES RECUES…

Interview de Visant Roué, expert ès-langue bretonne dans notre département, directeur de l’antenne nantaise de l’Office de la langue bretonne ( OFIS AR BREZHONEG 17 straed Auvours 44000 NAONED pgz 02 51 82 48 35 ).

Yves Koziel : - Merci Visant de nous renseigner sur l’état du breton dans le Pays Nantais. La première question qui nous vient à l’esprit, c’est est-il vrai que l’on n’a jamais parlé breton en Loire-Atlantique

Visant Roué :- Il faut d’abord savoir que la ligne de partage entre Basse-Bretagne et Haute-Bretagne (une limite qui va en gros de St-Brieuc à Vannes) est une image de l’état de notre langue de la fin du XIXème siècle. Cette image ne permet pas de rendre compte de mouvements qui sont bien réels pourtant : le breton n’a cessé de reculer vers l’ouest depuis le Xème siècle et l’étude de la toponymie de Loire-Atlantique atteste des nombreuses traces laissées par la langue bretonne dans une grande partie du département. Comment les paysans d’il y a mille ans auraient-ils donné un nom en langue bretonne à leur village si elle avait été pour eux une langue étrangère Il ne faut pas oublier non plus qu’il y avait encore des bretonnants de naissance dans la presqu’île de Guérande jusqu’à la moitié du XXème siècle. Le breton n’est donc absolument pas une langue nouvelle dans notre département.

Enfin, et le plus important pour l’Office de la Langue Bretonne dont la mission est de répondre à la demande sociale des brittophones, il est évident qu’il existe des besoins en ce qui concerne l’utilisation de notre langue en Loire-Atlantique, aujourd’hui, en 2002. Savez-vous qu’il y a plus d’enfants à apprendre le breton à Nantes qu’à Brest Savez-vous que la plus grande école maternelle Diwan est à Nantes Savez-vous que plus de 400 adultes apprennent le breton en cours du soir dans le département Savez-vous que le réseau d’affichage du Conseil Général a été mis à disposition pour la campagne " Le breton pour toi, le breton par nous " afin de promouvoir l’enseignement de la langue aux adultes Le breton est une langue dont l’aire de pratique a beaucoup changé au cours des siècles et on ne peut pas établir une politique linguistique pour venir en aide à une langue en danger en prenant pour base de réflexion une photographie du XIXème siècle.

Y.K : Le développement du breton en Haute-Bretagne ne se fait-il pas finalement au détriment du gallo

V.R. : C’est entièrement faux. L’Office a une mission de service public : répondre aux besoins des brittophones, où qu’ils soient en Bretagne. C’est un fait qu’il est possible d’apprendre le breton un peu partout en Loire-Atlantique et chaque année de nouveaux lieux d’apprentissage apparaissent ; ces personnes désirent trouver l’occasion d’utiliser notre langue en dehors des salles de cours. C’est pourquoi, par exemple, l’Office propose une carte des noms de communes du département en langue bretonne afin que ceux qui souhaitent utiliser une forme en langue bretonne utilisent tous la même. Cela va plus loin qu’une affaire de patrimoine : c’est un élément de vie en breton, de vie actuelle. Le but de l’Office est d’aider les brittophones à utiliser leur langue au quotidien. Le gallo est également une richesse, nul ne le conteste, mais il faut également admettre que la réalité sociolinguistique de la Bretagne évolue : on ne peut pas empêcher les brittophones de Haute-Bretagne d’utiliser leur langue quand on sait par exemple qu’il y a plus d’enfants en classes bilingues breton-français à Redon qu’à Douarnenez désormais. La ville de Bretagne où il y a le plus d’enfants en classes bilingues est Rennes et non Quimper : c’est un fait social mais certainement pas une opposition au gallo.

Y.K. : Mais apprendre le breton aujourd’hui, à quoi cela sert-il

V.R. : La transmission de la langue bretonne et son avenir ont été mis en danger à partir du moment où les brittophones ont pensé qu’il ne servait à rien de parler breton. Aujourd’hui les choses ont beaucoup évolué car ce sont quelques 10.000 adultes et 8.000 enfants qui sont en train de s’approprier ou de se réapproprier leur langue. Cela signifie bien sûr avoir accès à la culture bretonne mais également être en mesure de transmettre ce trésor inestimable à ceux qui viendront après nous. Ils désirent avoir en dehors du cercle familial une vie sociale en breton et une vie professionnelle en et par le breton. Aujourd’hui, plus de 1000 postes de travail sont liés à l’usage de la langue bretonne. C’est sur ce point que les évolutions les plus importantes ont lieu en ce moment. Les entreprises de Bretagne sont maintenant prêtes à utiliser la langue bretonne et des emplois existent en dehors de l’enseignement. La campagne " Ya d’ar Brezhoneg " (Oui à la langue bretonne) animée par l’Office de la Langue Bretonne et signée par exemple par Groupama, Legris Industries et 480 autres structures montre à l’évidence que le fait d’être brittophone est aujourd’hui un plus. Le breton cela sert à beaucoup de choses : venez donc prendre votre part du trésor.

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