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- Chronique -
La théorie de la relativité appliquée à la Bretagne
Einstein, dans la théorie de la relativité restreinte, montre que l'espace et le temps, sans être identifiables l'un à l'autre, sont interdépendants. Il existe un rapport constant entre les mesures d'espace et de temps.
Jean-Pierre Le Mat pour ABP le 28/04/13 10:40

Einstein, dans la théorie de la relativité restreinte, montre que l'espace et le temps, sans être identifiables l'un à l'autre, sont interdépendants. Il existe un rapport constant entre les mesures d'espace et de temps.

- Dis-donc, Jean Pierre Le Mat, où veux-tu en venir ? Tu commences ta chronique en faisant le kéké. Quel rapport avec la Bretagne ?

Je n'ai pas l'intention de limiter ma réflexion et ma vision du monde pour être un "bon" breton. Ce serait du provincialisme. Mais, OK, si on prend les choses comme cela, j'annonce tout de suite où je veux en venir….

Notre incapacité à relier l'espace et le temps, c'est l'incompréhension entre Bretons, en particulier autour de l'agriculture bretonne. Cette incompréhension est grave. Elle pourrit les rapports sociaux et le dynamisme économique. On ne peut mener vers l'autonomie un peuple dont les membres ne se comprennent plus.

Les intérêts contradictoires existent partout. Avec un peu d'astuce ou d'intelligence, il est possible de trouver des solutions acceptables. L'incompréhension est beaucoup plus dramatique. Elle empêche toute solution positive. Elle ne peut être réglée que par des victoires ou des défaites, avec à la clé l'arrogance des vainqueurs et l'amertume des vaincus.

Les écologistes posent le problème des densités et des pollutions agricoles. Certains se contentent de dénoncer ; ce ne sont pas eux qui m'intéressent. Ceux qui se sentent concernés par l'avenir de la Bretagne proposent des solutions sous la forme d'actions à mener. L'approche parait incontestable. Mais, quand on écoute attentivement l'agriculteur, les normes et les procédures ne suffisent pas à son logiciel de compréhension. Les nombreux aléas auxquels il est confronté font qu'il accomplit autant une nécessité balisée par des impondérables qu'un travail balisé par des procédures. Ecoutez-le attentivement quand il parle de ses terres, des maladies du bétail, des cours mondiaux. Entre l'écologiste et le paysan, on a l'impression du même décalage qu'entre celui qui pilote un paquebot et celui qui barre un dériveur. L'un suit des procédures. L'autre a besoin d'autre chose, plus difficile à exprimer, moins facile à transmettre, pour ne pas sombrer. L'un suit une route, l'autre essaie de garder un cap ; ce n'est pas la même chose.

Dans un conflit classique, les intérêts sont contradictoires, mais le profit que recherchent les uns et les autres est connu. Ici, nous sommes dans un décalage "culturel", qui concerne à la fois le temps et l'espace. Et c'est là que ma réflexion en arrive sur l'espace-temps et la relativité restreinte.

La Bretagne est à la fois espace et temps, géographie et histoire. La perception de ce qu'est la Bretagne varie selon les personnes. Posez la question autour de vous ; vous verrez.

Le Breton des champs voit plutôt la Bretagne comme un lieu de vie. Il en mesure l'étendue. Il observe notre situation péninsulaire, notre incroyable réseau de rivières, notre climat fantasque mais modéré, notre relief doux. Il en perçoit les caractères spécifiques. Il en ressent la différence et la permanence. Le Breton des champs se sent bien lorsqu'il est "à sa place". Ce n'est pas là une attitude de soumission, contrairement à ce que peut croire le citadin. Cette place est déterminée par le cheval d'orgueil qui caracole dans sa tête. Mais nous sommes bien dans la localisation, dans la géographie.

Le Breton des villes voit plutôt la Bretagne comme une trajectoire historique. Il en perçoit l'évolution. Il en ressent le passé et le présent. Il scrute l'avenir. Le Breton des villes est bien lorsqu'il se sent "dans le coup", "dans le sens de l'histoire", "dans le vent". Nous sommes dans le mouvement, dans une vive perception du temps.

Le Bretons de l'espace fait perdre du temps à la Bretagne. Le Breton du temps lui fait perdre l'équilibre. L'un perçoit la permanence au détriment de la trajectoire. L'autre perçoit la trajectoire au détriment de la permanence. L'un doit être au bon endroit et au bon moment pour semer, récolter, nourrir le bétail. L'autre croit en sa liberté d'action ; il fait même de la liberté une de ses valeurs fondamentales.

Le nationaliste des champs croit en l'éternité de son pays, à travers le renouvellement des saisons et des générations. Le nationaliste des villes veut l'immortalité pour son pays, à travers l'action et la volonté.

Le citadin est un homme pressé ; c'est un homme pour qui le temps compte. Son identité est liée, non pas à une localisation, mais à des ambitions. Le rural est un homme de la géographie, de l'étendue, de la distance. Son identité est liée au lieu. Il parle sans se lasser de tous ceux qui, avant lui ou avec lui, ont peuplé le lieu de vie qu'il connait.

Face aux paysans bretons, hommes de l'étendue spatiale et de la permanence, les écologistes se sont positionnés, un peu malgré eux, comme les hommes du temps. ils sont devenus les partisans de la trajectoire, du projet extérieur, de la procédure imposée. Un peu malgré eux, en effet ! Sur d'autres sujets, comme l'aéroport de Notre Dame des Landes, on les retrouve comme les partisans de l'étendue spatiale et de la permanence, moquant les hommes de projet, de procédures et de prévisions.

Mon opposition entre le Breton des villes et le Breton des champs est exagérée, je le sais. Il n'empêche qu'une incompréhension dangereuse existe entre les deux Bretagnes, celle de la durée et celle de l'étendue. Celle de l'histoire et celle de la géographie. La question de la métropole Nantes-Rennes illustre et creuse, elle aussi, l'incompréhension entre les deux conceptions de la Bretagne.

Nous avons chacun, dans notre Bretagne personnelle, une part d'histoire et une part de géographie. Pour que cette Bretagne devienne commune, il ne nous faudra pas seulement des proclamations ou des actes, fussent-ils courageux. Il ne suffira pas de s'agiter en brandissant un gwenn-ha-du. Il ne suffira pas de se rassurer en répétant que nous sommes tous Bretons. Il faudra que l'un d'entre nous possède le génie d'Einstein pour concilier l'espace et le temps, pour que la Bretagne soit à la fois un projet commun et un espace commun. Et si un seul d'entre nous ne suffit pas, alors il faudra un groupe des Bretons qui aient, ensemble, l'intelligence, l'originalité et l'ouverture d'esprit nécessaire.

Pour ne pas rester enfermés dans les incompréhensions actuelles, il nous faut trouver l'équation de la relativité bretonne.

Jean Pierre LE MAT

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Vos 10 commentaires :
Jean Pierre LE MAT Le Dimanche 28 avril 2013 11:03
Petite expérience sur les commentaires. Cette fois-ci, ceux qui sont signés d’un faux nom ne seront pas retenus. La liberté d’expression, comme le droit de vote en démocratie, sera réservée cette fois-ci aux vrais gens.
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Jack Leguen Le Dimanche 28 avril 2013 15:50
Les deux camps peuvent aussi de diviser entre ceux qui veulent sauver la Bretagne et ceux qui veulent sauver les Bretons.
Ceux qui veulent sauver la Bretagne (la dimension géographique) en priorité sont surtout les écologistes, les retraités et les nouveaux arrivés, des citadins adeptes de beaux paysages et d'une Bretagne-carte-postale à la Gauguin ou Mathurin Méheut. Ils veulent des rivières et des plages propres et se foutent du sort des paysans en gros.
Ceux qui veulent sauver les Bretons (la dimension historique) sont ceux qui veulent sauver ce qui reste de l'industrie bretonne en particulier l'agro. Ils comprennent que sans emploi, il n'y a plus de Bretons, juste des touristes et des retraités anonymes et apatrides.
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eugène Le Tollec Le Dimanche 28 avril 2013 23:49
non Jack Le Guen,
Ces bretons de type 1 ou 2 sont devenus des français,que des français (voir le résultat de leurs élections depuis la fin de la guerre....) et cela va continuer!
Il sera très difficile de les faire muter!
La manipulation des masses est passée par là depuis 200ans!
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patrick chevin Le Lundi 29 avril 2013 01:31
N\'eo ked an ekolojiez nag an ekonomiez avalah da zifer ar bobl vrezon diouz ar poblou all ha diouz ar hallaoued all... Rag se eo red savetei ar iez vrezon a-hend-all ne vo tra vrezon ken...
Ni la dimension écologique ni la dimension économique ne distinguent les Bretons des autres peuples et des autres français... C\'est pourquoi il faut sauver la langue bretonne, car sans elle il ne restera plus rien de breton.
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Pierre Camaret Le Lundi 29 avril 2013 08:57
Sauvez les deux
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Michel Treguer Le Lundi 29 avril 2013 11:52
Cher Jean-Pierre,
Ton texte comprend nombre de réflexions intéressantes mais il me laisse perplexe. C\'est toujours dangereux de manier l\'analogie en changeant de domaine. Les scientifiques détestent qu\'on se croie autorisé à appliquer leurs concepts dans d\'autres champs de pensée. Peut-être aurais-tu dû écrire après ton titre « Ne croyez surtout pas que j\'entende annexer la pensée d\'Einstein, c\'est une plaisanterie… »
De quel espace et de quel temps parle-t-on ? La confusion ne tarde pas à se manifester. A l\'inverse de ta proposition, le premier commentateur ci-dessus (Jack Le Guen) estime que la géographie est du côté des écologistes, l\'histoire avec les Bretons ensouchés... Et je dois dire que moi aussi je suis frappé par la dureté des changements que le temps impose aux agriculteurs...
J\'ai écrit récemment dans mon texte « Manques bretons » que la Bretagne est à la fois territoire et culture. Mais il y a de l\'histoire dans le territoire et des variétés locales dans la culture... Amicalement
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eugène Le Tollec Le Lundi 29 avril 2013 15:53
Le breton n'a pas attendu les lois de la relativité pour n'être que Lui même
certes ces défauts ,son individualisme ,ses qualités le mettent hors des schémas bien pensants,il devient un incompris,il faut donc nuancer les applications car ce peuple est trop diversifié( il y a le breton d'ici , de là ,de l'ouest Bretagne ,de l'est bretagne ,celui des marches ,il y a le breton "de terre" qui parfois s'oppose au breton "de mer",il y a le breton accroché à sa terre et celui qui ne vit qu'au large et S'est expatrié tout comme c le breton de terre ( rue des amériques à Gourin )
Il y a le breton instruit (de terre et de mer),il y a le culterreux ... ily a même le plouc abêti,l'abruti francisé ( les derniers que j'ai vu venaient écouter des marchands d'utopies).
Mais tout ça fait un peuple qui ne veut effectivement pas se comprendre parce que la sphère de vie de chacun s'est construite ,imprégnée par l'histoire,les mixages,le lieu,les événements.
Je rajouterai sur le propos de jack le Guen.. comme il y a le rat des villes et des champs ,il y a le breton des villes et le breton des champs- le breton du bord de côte et le breton des terres ... mais tous sont des gueux magnifiques .. des chevaux d'orgueil et chaque cheval d'orgueil ne comprend pas l'autre pen mar'ch.car trop individualiste,chacun a sa vérité,chacun est dans son droit,multiples individualités ,chienlie inorganisée,Celte ... Gaulois
briton puis romanisé,ils ne furent que teintés à l'infini de toutes les nuances sans arriver à sz comprendre
Ils sont des clans modernes( rien à cirer du breton de groix ,de celui de Vannes ,de Rennes car moi ,je suis breton de "chez moi" et tous le disent.
Hier ,ils étaient républicains tendance droite avant il étaient "cureton"..; ils sont deveus de gauche( à fort noyau communiste puis socialiste ).
Sont-ils mâles ou femelles?
Mais ils sot bretons et je les absouts,ils sont "nous";
ILS SONT DU CHAUDRON DU BOUT DU MONDE.
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Jean Pierre LE MAT Le Lundi 29 avril 2013 17:51
J'essaie de situer la recherche entre ceux qui disent "il n'y a pas à réfléchir, nous sommes tous Bretons" et ceux qui disent "Il n'y a pas à réfléchir, ils sont tous Français". Ni le lyrisme, ni l'amertume ne font avancer la Bretagne.
Beaucoup de commentateurs, tout en contestant ce que je range derrière "temps" et "espace", reconnaissent un clivage entre la Bretagne géographique et les Bretons historiques.
L'heure doit être ressentie comme grave, car je constate que des regroupements se font aujourd'hui, qui n'étaient pas envisageables il y a peu : Breizh Impacte, En Avant Bretagne, "Libérons les énergies", Yes Breizh, etc.
Il importe que les intellos, en Bretagne, trouvent les mots et les explications qui permettront de consolider les synergies en formation.
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eugène Le Tollec Le Lundi 29 avril 2013 19:16
Jean Pierre LE MAT
soit
Mais la seule chose à faire maintenant ,(certains s'y employent depuis longtemps) (Bretagne Réunie - Parti Breton - Breizh Impact - EKB - KAD - des indépendants - - Les clubs économiques ( lOCARN - B 32 - Quelques autres économistes)) est de mettre ce beau monde autour d'une table ronde ou ovale
sujet de la réunion : l'unité et la mise en place de la pensée supérieure bretonne ,celle qui va permettre le jalon 2,je dis et je répète ,pensée permettant la réunification et l'abandon par la France de son perpétuel "état de Méfiance /Défiance" envers la Bretagne.
Nous nous heurtons à un état qui a réussi son osmose et l'intégration de ses peuples envers et contre tous,sur quelques dizaines de siècles.
Le peuple le plus rebelle étant les bretons.
Il nous faut garder cette indépendance d'esprit dans l'unité ,actuellement ,la vérité bretonne est éparpillée en multiples chapelles( certaines faisant partie d'autres chapelles,d'autres soumissions).
Mon rêve ,et je suis fatigué de rêver,est de voir naître cette unité (je l'ai dit ,un peu partout),j'y ai rencontré les mêmes rêves.
Beaucoup de commentaires ,ici ,énoncent la même utopie!
Monsieur Le Mat tous les gens que je cotoye savent ce qu'est un breton,connaissent l'individualisme de la race,savent que nous sommes tous des "chevaux d'orgueil" qui arrivent encore à ruer mais ne savent pus se mettre en attelage!
Mon grand père (qui connaissait le breton,mais ne me l'a pas appris) disait,j'avais une dizaine d'années ,nous n'en sortiront jamais, nous avons limé la branche.
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Michel Treguer Le Mardi 30 avril 2013 15:42
Jeaan-Pierre, j'ai un sujet pour toi. La presse du jour raconte que « 91% des habitants sont ravis de vivre en Bretagne ». Alors, la question est : qui sont les 9% qui ne sont pas heureux ? des colons français ou des militants bretons ?
Hélas, il y a autant d'habitants des "Pays de la Loire" qui sont contents. Bande de traîtres ! Ils ne pourraient pas être malheureux ?
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