Confrontée au pouvoir centralisateur parisien, la Bretagne trop souvent oubliée par ce dernier, a pourtant été, grâce au CELIB, à l'origine de la décentralisation. Ce qui devait rendre les Régions et leurs habitants, majeurs !
Malheureusement, ce n'est pas le cas.
A preuve, la Bretagne, comme les autres Régions, est " toujours placée sous tutelle "...
De ce fait, sans cesse, depuis des décennies, de nombreux combats doivent être menés par les Bretons
- pour faire reconnaître l'intégrité de leur Territoire, leur identité, leur culture, leur langue ;
- pour préserver leurs institutions historiques ;
- pour développer, en prenant en compte le caractère périphérique et maritime de leur Région la richesse et la diversité de ses potentiels économiques, touristiques.
Mais ces combats qui, dans leurs conséquences, touchent tous les Bretons, sont souvent malheureusement menés uniquement par ceux qui sont directement, semble-t-il, " apparemment concernés ".
Aussi, au fil du temps la volonté hégémonique parisienne a-t-elle eu tout loisir, quel que soit le pouvoir politique en place, de défaire, fil à fil, à petits coups d'aiguilles, la fine broderie, chatoyante mais fragile, de ce qui pare la Bretagne, la rend attractive et participe à son rayonnement international.
Il en a été et va toujours ainsi des petites conquêtes porteuses d'espérances mais toujours vite remises en cause...
Il en a été et va toujours ainsi de la démarche concernant la réunification de la Bretagne qui fait que près de 70 ans après le décret de Pétain, la Bretagne vit toujours sous le régime de Vichy et que les Bretons subissent des discriminations dans un Pays qui se targue d'être le berceau de la Démocratie.
Il en a été et va toujours ainsi de la ratification de la Charte des langues régionales et/ou minoritaires que la France a signée le 7 mai 1999 mais n'a toujours pas ratifiée.
Elle est en belle compagnie avec des Pays qui ont accédé, pour certains depuis peu, à la Démocratie, l'Azrbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine, l'Islande, la Macédoine, la Moldavie, Malte et... la Russie.
La France pleure sur l'affaiblissement de sa propre langue et oublie, mépris, le combat mené par les Québécois et tous les habitants des Pays francophones qui luttent pour le respect de la langue de Molière... minoritaire, chez eux !
Il en a été et va toujours ainsi des atteintes incessantes contre la vie associative et culturelle via la tentative pour imposer la taxation rejetée, pour un moment, sur les spectacles traditionnels ou les cotisations URSSAF sur les prestations des musiciens traditionnels...
Il en a été et va toujours ainsi de la mise en place de la réforme des Métropoles qui oublie la nécessaire prise en compte de l'équilibre des Territoires permettant un développement harmonieux en tenant compte de la qualité de vie, de la sécurité, de l'environnement pour un essor de son économie et les risques de désertifications et la création de problèmes d'égalité d'accès aux services de proximité.
Il en a été et va toujours ainsi du découpage de la Région - qui a prévalu pour les élections européennes - et porte le sceau des espoirs de concrétisation de la Datar, aujourd'hui “supprimée” qui avance masquée et toujours efficiente vers l'avènement d'une France des points cardinaux.
Il en a été et va toujours ainsi dans le cadre de la réforme judiciaire, du transfert - mettant en péril l'équilibre judiciaire de la Bretagne - des Cours d'appels de Nantes et de Saint-Nazaire à Angers, dans les Pays de la Loire.
Déjà remisée en 1997, réapparue et à nouveau rejetée en 2007...
A noter que, quelques années auparavant devant le manque de réaction la même volonté exprimée concernant l'Édition a permis de voir “la normalisation” s'imposer avec le transfert officiel du dépôt légal imprimeurs de Nantes la Bretonne à Angers la Ligérienne.
Il en a été et va toujours ainsi aujourd'hui de l'écotaxe qui va s'imposer aux transports routiers.
Dans le même temps où les Bretons approuvent dans leur ensemble, depuis son adoption, les dispositions du Grenelle de l'Environnement ils en appellent à la prise en compte, de manière responsable, du fait que la Bretagne est une péninsule.
Il ne fait pas de doute que l'écotaxe va accentuer de manière dramatique la crise économique en Bretagne et va entraîner un accroissement significatif du chômage.
Alors qu'en 2008, conscients de ces dangers, une “unité très large” s'était réalisée avec de très nombreux acteurs socioprofessionnels, aujourd'hui le combat semble n'être mené que par ceux qui sont touchés au premier degré.
- Aucune réaction “consensuelle et unanime” de tous les élus de Bretagne ? (1)
- Aucune réaction audible des syndicats qui, demain, en appelleront... au soutien de l’État.
- Aucune réaction des associations bretonnes qui ne pourraient pas exister sans les partenariats avec le monde économique des PME et PMI qui vont être impactées de plein fouet ?
- Aucune réaction des associations dépendant uniquement de financements publics ?
- Aucune réaction des consommateurs qui demain paieront plus chers leurs produits de consommation courante ?
Ces mêmes consommateurs qui sont souvent des salariés et vont risquer de plus, de perdre, demain leur emploi.
Ces mêmes consommateurs qui, bientôt, subiront eux aussi, cette écotaxe routière.
Aujourd'hui les Bretons doivent être solidaires, plus que jamais, pour lutter contre tout ce qui porte atteinte à la Bretagne et à ses intérêts, à son intégrité !
Les Bretons doivent être solidaires, plus que jamais, pour ne pas voir le mot Bretagne disparaître au bénéfice d'une Région Grand-Ouest.
Les Bretons doivent être solidaires, plus que jamais, pour continuer à exister en tant que tels, de démontrer qu'ils sont des citoyens et qu'ils entendent être respectés !
Les Bretons doivent être solidaires, plus que jamais, en prenant conscience que les régimes totalitaires ne s'installent que lorsque la résistance et la conscience de la responsabilité individuelle faiblissent.
Lorsque la solidarité disparaît.
(1) "À l'exception de celle, récente et remarquable par son exemplarité, des 30 députés de Bretagne signant ensemble une proposition de loi visant à ratifier la Charte Européenne des langues régionales et/ou minoritaires". ( voir l'article ) et ( voir l'article )