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- Chronique -
La manifestation pour la réunification et quelques reflexions sur l'actualité
Quelques centaines de personnes ont donc défilé dans le centre de Nantes entre 15 h et 17 heures, dans l’ambiance détendue et familiale que nous avons toujours connue, puis se sont dispersées dès la fin annoncée.
Yann Choucq Par Choucq le 30/09/17 21:15

 Le risque majeur pour l’avenir de l’Europe c’est la crispation nationale des états __Jean Quatremer

Cette conclusion du « Billet d’humeur » de l’éditorialiste de LIBERATION, Jean Quatremer, en cette fin de matinée sur France TV Info, me paraît un raccourci clair et pertinent.

Quelques jours après le referendum au Kurdistan, et à la veille de celui de Catalogne, nous étions conviés à manifester cet après-midi, comme chaque année, notre attachement à l’unité territoriale de la Bretagne, dans sa capitale Nantes.

Las, alors que nous avions, depuis longtemps, noté ce rendez-vous dans nos agendas, trois jours plus tôt, BRETAGNE REUNIE, principal organisateur de cet événement en annonçait l’annulation et démontait la logistique des autocars permettant d’amener des manifestants de l’ensemble de la Bretagne.

Cette décision a été prise dans des conditions qui demeurent peu claires.

La presse ne s’y est pas trompée qui titrait aussitôt,  en une : « Nantes, les Bretons se crêpent le chignon. »

Motif invoqué : le risque de troubles et d’affrontements violents prédits par l’autorité préfectorale sur la base de « renseignements recueillis sur les réseaux sociaux ». Les organisateurs ne pouvaient, selon elle, garantir le service d’ordre du défilé, ce qui aurait conduit à l’interdiction du rassemblement par cette même autorité.

Mise devant cette situation, KENDALC’H annulait le colloque prévu le matin même.

44=BZH, co-organisateur les années précédentes, maintenait son appel au rassemblement sous les douves du Château des Ducs.

La grande foule n’était pas au rendez-vous, mais je me suis fait un devoir d’y aller en tant que nantais et breton.

Quelques centaines de personnes ont donc défilé dans le centre de Nantes entre 15 h et 17 heures, dans l’ambiance détendue et familiale que nous avons toujours connue, puis se sont dispersées dès la fin annoncée.

Bien que moins nombreux, les Gwen ha Du flottaient au vent de l’été indien qui baignait la ville, le cortège étant coloré de drapeaux catalan, écossais, kurde … Les membres d’organisations politiquement orientées ont accepté de garder leurs emblèmes roulés durant la manifestation et le seul slogan « NAONED e BREIZH » a retenti durant tout le parcours.

Hors deux fumigènes qui ont un peu parfumé le trajet, aucun excès ou débordement dans cette ambiance fraternelle de gens souvent connus et heureux de se retrouver pour rappeler cette revendication toujours ignorée par la « crispation nationale » de l’ Etat.

Cette reculade de dernière heure qui n’a fourni qu’un beau déblâme aux élus bretons qui s’étaient annoncés, constitue une faute politique et décrédibilise irrémédiablement ses auteurs.

Notons cependant que Patrick MARESCHAL a tenu à être présent. L’Hermine qui lui a été remise était encore plus justifiée.

Au moment où :

- le Peuple Catalan démontre face à Madrid sa capacité de mobilisation et de résistance pacifique,

- le peuple kurde affirme démocratiquement sa volonté d’émancipation et son droit à exister comme Nation rassemblée, alors que ses anciens Etats tuteurs, qui s’étaient partagé sur son dos les champs de pétrole en 1920 sous l’égide de feue cette SDN qui a sombré dans la Seconde guerre mondiale 20 ans plus tard, n’ont rien de mieux à clamer que la nécessité de maintenir l’intégrité territoriale des états existants qu’il avaient créés selon leurs appétits, sur les dépouilles de l’empire ottoman, et où des peuples subissent les misères de la guerre des décennies,

Cette dérobade au premier haussement de sourcil d’un fonctionnaire d’autorité de l’ Etat français relève de la couardise.

Le moindre courage eût été de répondre au représentant de l’Etat que le maintien de l’ Ordre public relevait de sa compétence et de sa mission et de le laisser prononcer l’interdiction de la manifestation.

Au moins, ceux qui avaient prévu de venir avaient le choix de se plier ou de braver cette interdiction.

En tout cas, l’hypocrisie jacobine de la France qui berce les porte-paroles de la réunification de la Bretagne depuis plus de trente ans de promesses jamais tenues en réformes avortées, serait apparue au grand jour.

La démobilisation sans combat en temps de guerre s’appelle une désertion.

Nous n’en sommes pas là, mais en temps dit de paix, une telle consigne dans un système réputé démocratique conduit à la démotivation et à l’abandon de nos légitimes revendications, et à subir passivement le « traitement palliatif » administré par la puissance publique à un peuple, à une langue, à une culture qu’elle souhaite voir agoniser sans douleur et mourir rapidement.

Il est donc primordial et urgent de se rassembler, au delà de nos divergences, pour reprendre la marche en avant, après cette minable reculade qui a certes réduit la puissance de la flamme mais ne l’a pas éteinte. Le nombre de jeunes que j’ai croisé cet après-midi m’a plutôt rassuré. Les Catalans nous ont montré la voie, suivons-la !

Á l’heure où les peuples d’Europe et du Monde se réveillent et remettent en cause la domination des vieux états coloniaux, rigides et bureaucratiques, ne restons pas sur le quai. Embarquons donc rapidement, fût-ce dans le wagon de queue, avec tous nos peuples frères pour entamer la reconquête de l’Europe par ses Peuples.

Car, la souveraineté appartient au Peuple et non pas aux Etats qui s’en parent indument !

Jean QUATREMER a vu juste.

Ouvrons les yeux et agissons en sachant que l’énergie développée à ressasser nos querelles et nos divergences est celle qui ne va pas dans notre lutte première, celle du droit d’exister librement.

Ce soir, dans l’automne de ma vie, je songe au petit Fañch qui n’aspire qu’ à grandir heureux entre ses parents et auquel, à peine venu au monde, cet état conteste jusqu’à son identité.

30 septembre 2017

Yann CHOUCQ

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Cet article a fait l'objet de 1597 lectures.
Vos 5 commentaires
Boned ruz Le Samedi 30 septembre 2017 23:36
Il est très intéressant que cette manifestation ne se soit pas déroulée. D'une part , Il vaut mieux laisser Paris où il est. D'autre part et vous n'êtes pas le seul, les appels se multiplient en faveur d'un travail de regroupement de la société Bretonne. Personnellement, cela m'intéresse parce que cela tend à écarter les influences idéologiques ( de nos chères groupes politiques bretons) et donc tendre vers une démocratie...Hé oui, il faut de tout pour faire un peuple et certainement pas une majorité idéologique. Les anciennes nations qui ressurgissent ont massé leurs égos avec une telle pommade...Les états-nation, eux, sont idéologiques... ils sont l'antithèse d'une démocratie. La manifestation est un échec? Pas si sûr. "Bretagne Réunie" a eu raison de ne pas accepter les symboles des groupes politiques pour la bonne et simple raison qu'un groupe politique vit sur son idéologie or un être-humain n'a pas besoin que l'on pense pour lui, sinon il y a embrigadement: principe même d'une démocratie véritable...L'abstention est quand même le plus grand message politique envoyé par la société civile depuis longtemps...cela me semble assez claire. Et en ce qui concerne la réunification elle ne peut surtout pas être politique. En faire un enjeu de politique interne à la Bretagne( c'est bien le cas il me semble) c'est confondre l'opposition d'un peuple à un Etat-Nation avec les guéguerres de nos pitoyables groupes politiques. En tant que Breton ; c'est de mon point de vue inacceptable. La réunification c'est d'abord des gens unis.
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CDH Le Dimanche 1 octobre 2017 01:33
En 2004, vous avez déposé devant le Comité des Droits de l'Homme de l'ONU, au nom de plusieurs centaines de personnes, un recours contre le découpage régional (cf. ABP883). Si les informations dont je dispose sont exactes, vous êtes le seul à savoir précisément pourquoi le secrétariat du Comité a refusé, il y a 12 ou 13 ans..., d'enregistrer ce recours. Pourriez-vous partager cette information avec toutes les personnes intéressées, notamment Bretagne Réunie qui est à l'origine de ce recours ?
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Yann D Le Dimanche 1 octobre 2017 20:05
Rappelons que le seul objectif de la manifestation était la réunification. Les manifestations par objectif ciblé semblent plus pertinentes.
Hors :
1http://www.bretagne-info.org/2017/09/14/le-30-septembre-a-nantes-naoned-l-extreme-droite-hors-de-nos-manifestations/ Posted by admin on 14/09/2017Afin de rappeler à l'extrême-droite qu'elle n'est pas la bienvenue dans nos rues, nous appelons à former un cortège antifasciste, féministe et anticapitaliste le 30 septembre à 15h, place de la Petite Hollande.
Et autres menaces,verbales aussi, formulées.
2 Le cortège de dimanche ne correspondait plus du tout à cette annonce ? Pourquoi ? Qui a commandé de rouler leurs drapeaux antifas? Pourquoi certains groupuscules ne sont pas venus ?.
En annulant la manifestation Bretagne Réunie en rappelait l'unique objectif. et évitait les heurts.
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Jiler Le Lundi 2 octobre 2017 17:40
Oui, Monsieur Choucq, mais n'avez vous pas pensé aussi que notre vieux monde un peu folklorique , fourvoyé dans des idéologies inefficaces, est en train de mourir , et qu'il naîtra une revendication bretonne plus efficace, pragmatique ? ....
Je ne crois pas que l'annulation de cette manifestation soit une catastrophe, ça peut au contraire être le début d'un renouveau.
Ceci dit, félicitations pour votre engagement durable, et souvent efficace.
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Fañch Le Jeudi 5 octobre 2017 16:31
Pétain aurait-il pu demander la réunification de la zone occupée à l'occupant Allemand, suite à sa soumission et au tribut versé ?
De Gaulle à t'il attendu les 38 millions de résistants français (selon Mélanchon) pour se libérer de l'occupant ?
La Bretagne "à fait un voeux" à Vannes en 1532 selon vos propos Maître Choucq rapportés par un militant à la Cour d'appel de Rennes. Le voeux d'une Bretagne occupée ? that is the question !
Nous avons sous les yeux le Roi Espagnol qui fait envoyer son lieutenant et sa guardia civile afin que les Catalans fassent le voeux de rester espagnols. C'est peut-etre lors des États-généraux en Assemblée de Parlement prévu Lundi par Carles Puigdemont que celui-ci va faire ce voeux.
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