Une fois de plus, Chirac s'est tiré une balle dans le pied. Mais la balle est partie dans celui de la France et de l'Europe. Ceux qui s'étaient piqués en 2002 d'avoir compris - enfin - la France « d'en bas » et de s'en faire ses porte-parole, ont été cruellement désavoués par celle-ci. La leçon des Régionales de 2004 n'ayant servi à rien.
Les « d'en-bas » Parce que c'est bien le Pays d'en bas qui s'est exprimé ce 29 mai, contre une classe politique favorable au OUI à 80 %, contre une classe médiatique entièrement acquise au OUI dans ses éditoriaux, bref, contre un « Establishment » qui n'entend plus les souffrances et les inquiétudes de son Peuple ni de SES peuples.
Quand la voix du Peuple est méprisée (on a tout entendu sur la prétendue ringardise et la frilosité peureuse des tenants du Non), le Peuple réagit comme il l'a fait. Par une énorme baffe !
L'exégèse des résultats a été faite. Le séisme salutaire qui en résulte traverse le large marigot UMP - PS en plein en son milieu. Ne boudons pas notre plaisir de voir le grand parti unique des Jacobins mordre la poussière ! Mais bien sûr, Chirac le Petit, qui n'a pas la grandeur de son père spirituel, non seulement ne démissionnera pas, mais persévèrera dans ses erreurs.
Un autre Raffarin « ayant compris le message du peuple d'en bas » poursuivra la même politique jusqu'à un prochain séisme. Ainsi va l'Hexagone France, de blocage en crise, et de crise en nouveau blocage !
Dans le camp du NON, on retrouve les jeunes majoritairement et toutes les victimes du libéralisme sauvage, les tenants de l'Europe strictement et uniquement « sociale » dont il faut regretter l'aveuglement vis-à-vis de l'entrée de la Turquie en Europe, qui, si elle se faisait, serait autrement plus préoccupante que le spectre du prétendu plombier polonais systématiquement invoqué ces dernières semaines comme symbole du dumping social des nouveaux entrants : ce serait un cataclysme social sans précédent (30% des 80 millions de Turcs déclarent vouloir émigrer en Europe occidentale dès leur entrée dans l'Union Européenne !).
Le silence « idéologique » de cette gauche sur l'entrée de la Turquie ressemble à de la complicité et à une connivence honteuse avec les obsessions turcophiles de Chirac ( « Les racines de l'Europe sont autant chrétiennes que musulmanes » , « Nous sommes tous des enfants de Byzance » , « La Turquie a une vocation européenne » ...).
Cette position est incompatible ET avec la construction européenne ET avec les intérêts de nos Peuples européens (sans même parler des autres aspects religieux ou géopolitiques, bien plus graves !). Que personne ou presque n'ait osé en parler est révélateur d'un climat de terrorisme intellectuel aux antipodes du débat démocratique !
Europe versus Union Européenne Nous avons écrit ici que l'Europe n'était pas l' « Union européenne » , et réciproquement. Lorsqu'un potache doit rédiger une dissertation, il commence son devoir en définissant clairement les termes du sujet à traiter, faute de quoi, il prend le risque d'être « hors sujet » et d'avoir une mauvaise note. Dans cette dissertation à l'échelle d'un Etat de 60 millions d'habitants, le sujet « Europe » n'a jamais été défini. Le débat s'est concentré sur le social à gauche, sur une « Union européenne » sans âme à droite ou sur le maintien d'une « Nation française » carrément hors d'Europe à l'extrême droite. Les différents « camps » ont foncé tête baissée dans un débat faussé par une absence de définition au départ.
... et ce référendum ne nous fait pas avancer : les premières conséquences politiciennes qu'en tirent tous les politiques s'inscrivant désespérément dans la poursuite de la même logique !
L'Europe est un rêve d'une autre envergure. Ceux du OUI accusant ceux du NON de frilosité sont invités à consulter le programme « Europe » de l'Alliance Régionale Flandre-Artois-Hainaut [ici]
« Une idéologie qui vise à défendre l'identité européenne devrait, selon Maurice ALLAIS, prix Nobel d'économie, prôner un espace européen autocentré pratiquant la préférence communautaire en matière d'import-export comme en matière d'immigration et donc définir sans complexes ses frontières »
Celles-ci vont du détroit de Gibraltar à celui de Behring, et du Spitzberg à Vladivostok. Une « maison commune » (Gorbatchev) aux ressources colossales, étendue sur 14 méridiens ! Vous avez dit « frileux » ?
« L'Europe n'a pas d'identité ; elle est une promesse. Elle est destinée à s'ouvrir : à l'Ukraine demain, et pourquoi pas, après-demain, aux pays du Maghreb. Quel plus grand espoir pour le siècle qui vient ? » (Les Echos, 28/12/2004).
C'est dans ce mépris revendiqué et ce cannibalisme européen, que François Ewald, par ailleurs membre du conseil scientifique de la Fondation pour l'Innovation Politique, machin créé par le très chiraquien Jérôme Monod, résume dans la presse « l'idée » (sic) de toute construction européenne : l'Union Européenne contre l'Europe ! Babel contre l'Europe ?
Comment accepter la légèreté de tous ceux qui, aujourd'hui, excluent de l'Europe la Russie et pour certains l'Ukraine mais qui veulent y faire entrer la Turquie, puis Israël et le Maroc... ? Ce sont eux qui nous donnent des leçons d'Europe ? Ils ont eu une première réponse cinglante ce 29 mai. Ils en auront bien d'autres !
Et demain ? Les Néerlandais des Pays-Bas du Nord, revenus des utopies mondialistes dans lesquelles les ont fourvoyés une classe politique aveugle et irresponsable, s'apprêtent à donner une réponse encore plus cinglante à cette Europe là ! Ils rejoindront notre population des Pays-Bas français, qui ont été exemplaires avec 64 % de NON ! (62% en Flandre-Hainaut et 70% en Artois-Boulonnais).
Le modèle jacobin tissé dans les 400 articles du Traité que la France d'en haut voulait imposer à l'Europe vient de trouver sa première cinglante réponse : ce n'est qu'un début, continuons le combat !
Régis De Mol Président de l'ALLIANCE REGIONALE FLANDRE-ARTOIS-HAINAUT Voorzitter van het STREEK VERBOND VLAANDEREN-ARTESIË-HENEGOUWEN
Lille-Rijsel, Pays-Bas français, 31 mai 2005
BP2 – 59253 LA GORGUE