Cela fait longtemps que Vincent Bolloré croit en la voiture électrique. La BlueCar pourrait rouler en ville d’ici la fin de l’année.
Vincent Bolloré ne se déplace pas souvent en Bretagne, mais c’est souvent pour annoncer de bonnes nouvelles. Aux premiers jours de l’automne, il avait inauguré une nouvelle usine à Ergué-Gabéric en présence du ministre Jean-Louis Borloo et de Jean-Yves Le Drian. Le grand patron était très fier de « la première usine au monde à fabriquer des films lithium polymère servant à fabriquer des batteries ». Ces fameuses batteries sont destinées à fournir l’énergie à sa voiture 100% électrique, appelée BlueCar.
Le 5 mai dernier, Bolloré est revenu en Cornouaille, histoire de fêter sa 30e année de présidence du groupe familial et de lever le voile sur un investissement de 250 M€ et la création à Pen-Carn de 350 emplois supplémentaires aux 500 d’aujourd’hui. L’industriel voit grand, puisque le bâtiment de 35 000 m2 de sa filiale BatScap s’étendra sur douze hectares. À l’horizon 2012-2013, cette unité pourrait produire entre 15000 et 20000 batteries de forte capacité (30 kWh). « Ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier pour durer », reste l’un des principes de l’homme d’affaires qui est à la tête d’un groupe diversifié (logistique portuaire, distribution d’énergie, condensateurs, films plastiques, plantations, médias, communication).
Une petite voiture urbaine
Et c’est vrai que cette petite BlueCar dessinée par Pininfarina, designer des Ferrari, a belle allure. L’idée de rouler écolo, entre 70 et 200 kilomètres, et de recharger son véhicule avec une prise classique est dans l’air du temps et séduira de nombreux urbains. Début mars, Vincent Bolloré faisait état, dans Ouest France, de « 8 000 commandes enregistrées, dont 40 % en provenance de l’étranger ». Dans un premier temps, la location – de l’ordre de 300 euros – est privilégiée.
Sa voiture électrique connaît tout de même un certain retard à l’allumage. Les premières livraisons ont été plusieurs fois reportées et seraient prévues à la fin 2010 ou en début d'année prochaine. « Nous ne sommes pas sûrs que nos batteries ne seront pas dépassées dans les années à venir, mais nous avons décidé d’entreprendre et saisir notre chances plutôt que d’attendre que peut-être tout cela ne marche pas », a confié le PDG aux 143 convives qu'il avait invités en mai au manoir d’Odet, berceau de l’entreprise. La BlueCar n’a pas le blues, qu’on se le dise !
Les batteries du futur
En cas de succès, les batteries LMP pourrait équiper jusqu’à 30 000 automobiles par an. La capacité de production dépendra également d’autres marchés, dont celui des collectivités. Un contrat avec le constructeur lavallois Gruau a déjà été signé pour des microbus de 20 places, et le groupe Bolloré s’est positionné sur le marché Autolib' des voitures électriques en libre-service pour Paris et sa couronne. La nouvelle a circulé que Bolloré fournirait Peugeot en batteries. Info ou intox ?
La chute des ventes et la révolution écologique sont passées par là. Et désormais, les constructeurs Renault et PSA misent à leur tour sur des voitures électriques équipées d’une nouvelle génération de batteries très performantes. Bolloré a eu du flair, une fois de plus.