Las de ne pas recevoir de réponses des élus aux questions qu'ils posaient depuis plusieurs mois,
Las de constater le peu de cas qui était fait des citoyens de base et néanmoins informés, compétents et militants,
Pensant, naïvement certainement, que les citoyens-électeurs-imposables, ont le droit de savoir ce qu'on fait en leur nom de leur argent,
Ils avaient écrit la lettre jointe au président de B4 en lui disant que faute de recevoir réponse légitime, ils iraient les chercher, ce qu'ils ont fait le jeudi 14 mars.
Arrivés à Rennes au siège de la Région à 10 heures avec de quoi survivre plus ou moins confortablement de jour et de nuit, ils soulignent l'excellente prestation du service d'accueil qui leur a demandé de patienter : "Vous serez reçus en fin de matinée !"
Ils ont donc assisté à un défilé de gens importants, très souvent amis... mais qui n'ont pas semblé apporter un intérêt démesuré à l'objet de leur présence !
Suivant une coutume qui semble s'installer quand il s'agit des gens de peu, ils ont reçu tout de même une visite « officielle » mais... à midi moins le quart. Il fallait aller vite bien sûr. Ils devaient être reçus par leur amie Conseillère Régionale Kaourintine Hulaud. Elle était absente et remplacée par Madame Gaëlle Le Meur, Conseillère Régionale chargée des lycées et une représentante du cabinet du Président. Elles ont enregistré remarques et questions et tenté d'y répondre. Ils auraient apprécié qu'au moins un élu directement impliqué dans la politique linguistique les accompagne.
Un peu, disons, tendue, l'élue déléguée s'offusque du fait que le journaliste se mette à filmer la rencontre. Bien que ma présence ait été signalée dans leur courrier, ils n'avaient pas demandé la permission. Dont Acte. Puis, prenant le fil des questions posées Madame Le Meur tente de leur expliquer que la grande majorité de ce qu'avait voté le Conseil Culturel de Bretagne dans ses « Propositions » aurait été pris en compte par la Région...
A la question sur la destination des 200 000 ¤ attribué au CAEC de Bretagne, aucun éclaircissement tangible n'a été apporté. Mais il leur a été promis que cela leur serait communiqué. (Rappelons que tout citoyen à le droit de recevoir ce genre d'information). À celle sur la suppression de l'aide à l'association DIHUN afin qu'elle ne puisse plus pratiquer ni le PMB ni le gallo, il leur a été répondu qu'effectivement DIHUN subirait une diminution de sa subvention de 25% cette année et que cette diminution se poursuivrait les années suivantes. Que c'était bien l'enseignement intégré des langues qui était visé. Ignorant qu'un bon groupe de parents et de directeurs d'écoles étaient venus protester il y a un an, Madame La Conseillère nous assurait au contraire que la Région avait rencontré il y a peu une délégation de membres de DIHUN et son président et que cette délégation "accepterait" cette décision... (Dihun-Breizh n'a pas de président. S'agit-il du directeur ?).
Les parents d'élèves sont-ils au courant de cette position attribuée à la direction de Dihun ?
Compte tenu des informations dont elles disposaient, les représentantes de la Région, comme beaucoup, trouvaient que les choses n'allaient pas si mal pour l'enseignement bilingue. Elles semblaient très intéressées par les chiffres réels publiées dans la brochure « Tan ba 'n ti » . En fait elles découvraient ce document, pourtant communiqué au Président. Un exemplaire leur a été offert...
En conclusion, compte-tenu de leur manque de temps, ils ont tenté d'expliquer les points suivants :
En ce qui concerne la politique linguistique ils se posent légitimement la question de l'adéquation de celle-là à la réalité des choses. Nous sommes à la veille d'un effondrement du nombre de locuteurs traditionnels du breton, alors que l'enseignement, en 37 ans, ne rassemble encore que 14 676 élèves et forme moins de 300 locuteurs compétents par an.
S'il revient à la France de s'occuper de l'enseignement du français, il revient à la Région Bretagne d'être en charge de l'enseignement des langues de Bretagne. Par ailleurs, toutes les instances internationales et européennes font état du droit des minorités à préserver et développer leur langue et de la nécessité du plurilinguisme.
Le chantier est immense et les mesures lancées jusqu'ici montrent leurs limites. Force est de constater que le bilinguisme en l'état actuel n'attire pas les foules. Car comment se fait-il qu'une grande majorité des parents bretons, qui se déclarent favorables aux langues de Bretagne, ne joignent pas le geste à la parole en inscrivant leurs enfants dans les filières bilingues ?
Le "mouvement breton" refuse de sortir du cadre suranné d'un bilinguisme déséquilibré et refuse de voir ce qui se fait de bien ailleurs (Pays Basque par exemple où la société a gagné 130 000 jeunes locuteurs de plus en quelques décades).
De même, il refuse aussi de traiter le problème orthographique en débat, ce qui pourrait être réglé simplement avec un peu de bonne volonté et au bénéfice de la cohérence de l'enseignement.
En conclusion de ce résultat incomplet, les "indignés" de service prennent la décision de rendre publique leur lettre du 3 mars au Président Massiot et de continuer leurs actions sur le terrain, en attendant la réponse promise.