" Suis né de petite Bretagne, de moindre pays. Personne ne me tint conseil. Seuls les chemins et les vents me furent maîtres "
Glenmor " terre mer ", Emile Le Scanff à l'état civil est né à Maël-Carhaix le 25 juin 1931, dans une modeste famille paysanne.
Il ne parlait que breton. L'instituteur du village détectant chez lui une intelligence hors du commun, put le faire rentrer au Séminaire de Quintin, où il obtint deux baccalauréats. À 20 ans, il décrocha une licence de philosophie chez les Pères Blancs à Rennes.
1953/1954 fut une période teintée de mystère. L'on sait qu'il sillonna l'Europe, qu'il embarqua sur un bateau de pêche au Pirée, qu'il eut maille avec la police à Odessa… En 1955, atteint de tuberculose, il passa 18 mois dans un sanatorium. C'est là qu'il décida de devenir chanteur s'il échappait à la maladie.
Glenmor fut et demeure avant tout un barde. Témoin et juge de son temps, il sut en premier se servir à merveille d'une éloquence poétique et d'un langage nouveau en Bretagne pour réveiller les consciences. Par le chant et la parole, il sut aussi émouvoir et redonner la fierté d'être à bien des personnes qu'elles fussent Bretonnes ou non, car son message est humaniste et de portée universelle. Son œuvre littéraire donne par ailleurs la dimension intellectuelle de l'homme, complète et achève la trace de celui qui posséda pour ses amis quelque chose qui ressemble à du génie.
Après différents voyages en Belgique, il rencontra Katell qui devint sa femme et sa muse. Après des années de " vache maigre ", ce fut enfin le succès. Il signa un contrat avec les Editions Barclay et Le Chant du Monde. Cette période sera marquée (1970) par la rencontre avec notre grand poète Xavier Grall et sa tournée avec Léo Ferré.
C'est en 1990 que Glenmor se consacra entièrement à l'écriture, lui le lettré qui avait appris le français pour le parler et l'écrire mieux que les francophones de naissance, lui dont la langue maternelle était le breton. Il fut affublé à l'école, quand il était enfant, du " symbole " parce qu'il parlait breton dans la cour. Ce symbole était soit un sabot, soit une ardoise, que l'on accrochait à l'élève qui était pris à parler sa langue maternelle. " Défense de cracher par terre et de parler breton " était écrit sur une pancarte accrochée dans la cour de récréation de beaucoup d'écoles bretonnes à cette époque.
Il a écrit trois recueils d'aphorisme et signa également une demi-douzaine de romans dont trois sont édités : " Les derniers feux de la vallée ", " La Sanguine ", " La Férule ", et un recueil de poésie " L'homme du dernier jour ".
Il est mort à Quimperlé le 18 juin 1996. En 1998, notre Association Dihunerien lui fit ériger un monument à son effigie.