Le 9 mai, est journée officielle de l’Europe voulue par les chefs d’états et de gouvernement pour célébrer la déclaration de Robert Schuman qui allait en 1950 ouvrir les portes de la Communauté puis de l’Union européenne.
Il est intéressant de relire, à quelques jours de l’anniversaire ce qu’était la pensée de Robert Schuman. Le seul petit livre qu’il ait écrit, intitulé « pour l’Europe » en donne le contenu. C’est le testament politique d’un des Pères de l’Europe.
Il écrit en homme politique local, national et européen. Né au Luxembourg, français et allemand c’est un homme de frontières comme il aime à se déclarer. Non pas dans le sens où il faut les installer mais au contraire les ouvrir. « Nos frontières en Europe, dit il, devront être de moins en moins une barrière dans l’échange des idées, des personnes et des biens » . Ce qui ne l’empêche pas de vanter les valeurs du patriotisme.
Ce document a valeur de message. C’est le recueil des réflexions d’un homme politique qui sait observer les rapports existants entre les hommes en tant que membre d’une collectivité et entre les collectivités elles mêmes. Il agit sur ces rapports pour aboutir à l’impératif de la construction de l’Europe.
Son message, il le tire de l’expérience. il dira, par exemple : « les dures leçons de l’histoire m’ont appris à me méfier des improvisations hâtives, des projets trop ambitieux, mais elles m’ont appris également qu’un jugement objectif, mûrement réfléchi, basé sur des faits et l’intérêt supérieur des hommes, il faut s’y tenir fermement et persévérer ».
Il avait prévenu. « L’Europe ne se fera pas en un jour ni sans heurts. Rien de durable ne s’accomplit dans la facilité » , aimait-il répéter. Mais au delà des institutions et répondant à une aspiration des peuples, son idée européenne et l’esprit de solidarité communautaire, ont pris racine.
Son propos n’est pas de fusionner les états ou de créer un super état. Les états européens ont une réalité historique. ils ne peuvent disparaître. Il pense à une dimension supra nationale qui repose sur des assises nationales. Ainsi le national s’épanouit dans le supra national. Et il soulignera qu’il st de l’intérêt de l’Europe d’être maîtresse de sa destinée.
Ce texte est d’une grande actualité. il nous offre une opportunité de réflexion en ces temps où la France à bien du mal a trouver son chemin. « Le français dit il, sait lancer de grandes idées révolutionnaires. Mais il n’aime pas rompre avec ses habitudes. Celles ci sont, pour lui comme une garantie de la liberté et de l’indépendance » .
Homme d’une grand simplicité, discret, attentif aux autres, Robert Schuman était aussi un homme de foi et un grand chrétien.
Ni empire ni Saint Alliance, son Europe est aussi un acte de foi. Elle repose sur l’égalité démocratique transposée dans le domaine des relations entre les nations. Ainsi, le droit de veto est incompatible avec la structure qui suppose le principe des décisions majoritaires et exclut l’exploitation dictatoriale de la supériorité matérielle. Tel est le sens de la supranationalité.
Il croit en la suprématie de l’Homme et en l’union des européens pour le meilleurs et pour le pire. « Nous voilà ramené à la loi chrétienne d’une noble mais humble fraternité. Chrétiens nous tendons la main pour construire ensemble l’ Europe de demain » .
S’inspirant de la pensée de Jacques Maritain, « cette Europe, disait il c’est la mise en œuvre d’une démocratie généralisée dans le sens chrétien du mot » .
Emmanuel Morucci,
président de la maison de l’Europe de Brest,
membre du Team Europe de la Commission européenne