photos/30/30421_1.jpg
L'Abbé Frédéric Fagot devant la DDEC du Morbihan, Vannes, 4 juin 2013
photos/30/30421_2.jpg
En répétition à Sainte-Anne d'Auray -11 mai 2013
- Reportage -
« Pour comprendre l'histoire, il faut la vivre. Il est important de relier la petite histoire à la grande Histoire. »
L'abbé Frédéric Fagot, délégué diocésain de l'enseignement catholique du Morbihan, explique son implication comme metteur en scène du spectacle Yvon Nicolazic, paysan breton© L'abbé Frédéric Fagot, né à Morlaix en 1969,
Par Philippe-Guy Charrière pour ABP le 7/06/13 19:17

L'abbé Frédéric Fagot, délégué diocésain de l'enseignement catholique du Morbihan, explique son implication comme metteur en scène du spectacle Yvon Nicolazic, paysan breton©

L'abbé Frédéric Fagot, né à Morlaix en 1969, historien spécialiste de la chouannerie et ordonné prêtre par Monseigneur Raymond Centène, évêque de Vannes, le 22 décembre 2012, nous explique son parcours et les raisons de son engagement dans le montage du son et lumière du mois d'août prochain au mémorial de Sainte-Anne d'Auray.

ABP : Pour commencer, est-ce que vous pourriez nous présenter votre parcours ?

Abbé Frédéric Fagot : Je suis historien de formation ; j'ai effectué mes études à l'Université de Paris IV – Sorbonne sur la chouannerie. Tout petit déjà, les chouans me passionnaient, ces hommes et ces femmes avec fourches et faux n'ayant pas peur du martyr pour défendre leurs convictions.

C'est le professeur Jean Tulard qui a dirigé mes travaux universitaires. Mon sujet de maîtrise portait déjà sur la chouannerie : « Un peuple en armes : histoire militaire de la chouannerie dans le district de Fougères. 1793-1799 ». J'enchaînais sur un DEA, puis le doctorat sur « Le courrier des Princes, 1789-1799 », ce qui a nécessité un gros travail de dépouillement d'archives, en France et à l'étranger.

Par la suite, j'ai enseigné dans l'enseignement supérieur durant 18 ans. Puis je me suis aperçu qu'il fallait aller plus loin en histoire qu'on ne peut le faire dans un amphithéâtre, de façon à ce que les étudiants puissent s'approprier leur histoire et non plus seulement l'apprendre.

D'autres activités se sont ajoutées : montage de spectacles, travaux d'écriture...

ABP : Vous avez notamment travaillé à plusieurs bandes dessinées ?

Abbé Frédéric Fagot : C'est exact. J'ai rédigé les scénarios historiques de plusieurs BD, en collaboration avec des historiens de renom. Clovis ou les origines de la France (avec Michel Rouche), Le XIIIème apôtre, Martin de Tours (avec Régine Pernoud), Saint Louis, Saint Yves, Christophe Colomb, Mère Thérésa. Ce dernier ouvrage a été traduit en plusieurs langues, entre autre en hindi et en bengali, et a été offert aux orphelins des Soeurs missionnaires de la Charité de Calcutta. Ce livre a reçu le prix de la BD chrétienne en 2005. J'ai toujours des écrits en chantier.

ABP : Vous êtes membre de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem ?

Abbé Frédéric Fagot : J'ai été adoubé chevalier de cet Ordre en 2005. Depuis, je passe chaque année un mois, un mois et demi en Terre Sainte, à Jérusalem, au service des communautés chrétiennes. Il me paraît important pour les jeunes de se rendre sur place pour marcher sur les pas du Christ. Pour cela, j'ai créé « Les Veilleurs de la Paix ». Ce sont des jumelages entre des écoles morbihannaises et des écoles de Terre Sainte ( déjà nous avons jumelé le lycée St François-Xavier de Vannes avec l'Ecole de Terre Sainte de Jérusalem, le collège Sainte Anne de La Trinité-Porhoët avec le collège de Zababdeh...), des pèlerinages et périodes de bénévolat auprès des chrétiens de cette zone du monde. Des projets sont aussi prévus pour les adultes, notamment afin de découvrir la Bible sur le terrain, durant des séjours d'une à deux semaines.

ABP : Quels spectacles avez-vous déjà montés ? Pouvez-vous nous en donner quelques détails ?

Abbé Frédéric Fagot : Le premier spectacle remonte à 1993 à Landéan (nord de Fougères) ; il s'agissait de commémorer le bicentenaire de la chouannerie. En quelques semaines près de 200 personnes se sont mobilisées pour faire revivre cette histoire méconnue du grand public. Tout est parti de là.

J'en ai réalisé d'autres par la suite. Souvent, des élus me contactaient et me demandaient de produire un son et lumières pour leurs communes. J'ai bien dû en créer plus d'une dizaine. Par la suite, j'ai souhaité former des jeunes, les aider à en faire autant. Il convient de transmettre le flambeau...

En 1998, ce fut un son et lumière à Plouharnel (sud Bretagne) sur un compagnon de Georges Cadoudal, le chef chouan, Jean Rohu. Un véritable succès. On en parle encore.

En 2007, son et lumière à Jérusalem ( un vrai défi : les acteurs et figurants étaient chrétiens et musulmans) ; en 2010, un autre à Rome à l'occasion de l'année sacerdotale... « La vie du saint curé d'Ars » monté en deux mois.

ABP : Monseigneur Centène vous a encouragé à monter un spectacle à Sainte-Anne d'Auray...

Abbé Frédéric Fagot : Oui. Dès mon retour dans le diocèse après mes années de séminaire à Rome, ayant à l'esprit ce projet de spectacle sur Nicolazic, je me suis entretenu avec le recteur du sanctuaire. Il a été aussitôt décidé de lancer cette formidable aventure culturelle et humaine en fédérant le maximum de personnes. Je reste convaincu que c'est à travers la vie des saints et des gens qui ont marqué l'histoire qu'on peut transmettre la foi. Il est essentiel de montrer des exemples réels à la jeunesse, par ailleurs imprégnée très tôt de dessins animés et de fictions.

ABP : Avez-vous trouvé facilement des gens pour vous aider ?

Abbé Frédéric Fagot : Outre le jeune auteur du scénario, l'Abbé Eric Trochet, il a fallu constituer une association, ce qui a été fait très rapidement ; le défi à relever est tout de même de monter un spectacle en six mois, malgré les inévitables réflexions défaitistes que l'on entend toujours dans ces cas-là. Pas moins de 200 personnes se sont mobilisées pour le spectacle cette année. En deux mois, ce n'est pas si mal !

Monter un tel spectacle est exigeant. Il faut être ingénieux, performant en peu de temps. Nous n'avons pas droit à l'erreur. La rapidité de l'exécution est pour moi un atout, au sein d'une société qui zappe en permanence. Un travail étalé sur une année aurait pu au final en décourager plusieurs.

ABP : Quel est le but poursuivi ?

Abbé Frédéric Fagot : Faire connaître Yvon Nicolazic pour que les gens vivent leur histoire. Nombreux sont les gens du coin qui n'ont jamais entendu parler du voyant de sainte Anne. C'est étonnant.

Tout doit être fait dans ce son et lumières pour plonger en quelques secondes les spectateurs au XVIIème siècle.

L'esprit au sein de l'équipe, l'ambiance, sont déterminants pour transmettre le message de sainte Anne à Nicolazic. Les gens doivent être heureux de participer à ce spectacle ; et cette joie doit être transmise aux spectateurs les soirs de représentation.

A noter que les acteurs bénévoles sont très impliqués dans leurs rôles ; beaucoup n'ont pas hésité à apporter des accessoires personnels (paniers, sabots...), montrant ainsi qu'ils s 'étaient bien appropriés leurs rôles.

Ce projet culturel local a pour but également de dynamiser l'espace local. Il ne se cantonne pas au domaine religieux, mais est ouvert à l'histoire de tout un territoire et peut donc aider économiquement tout le secteur. Il est amené à restaurer, à retisser du lien social. Toute personne s'investissant dans le projet y gagnera sur le plan humain.

ABP : L'histoire de ce son et lumière, précisément, quelle est-elle ?

Abbé Frédéric Fagot : Nous sommes en 1996, au Vatican. Jean-Paul II s'apprête à faire son voyage apostolique en France au cours duquel il doit venir à Sainte-Anne d'Auray. Quelques mois avant son voyage, il convoque au Vatican un prêtre breton qui va lui raconter l'histoire de Sainte-Anne, mais avant tout, l'histoire d'Yvon Nicolazic.

A travers cette histoire, c'est aussi toute celle des environs qui est transmise.

ABP : Doit-il y avoir une suite l'an prochain ? Sous quelle forme l'envisagez-vous ?

Abbé Frédéric Fagot : Il ne s'agit pas de changer de spectacle tous les ans. Il faut plutôt l'asseoir dans la terre. En 2014, nous fêterons le centenaire de la proclamation, par Rome, de sainte Anne patronne de toute la Bretagne (26 juillet 1914). Plusieurs manisfestations, dont le spectacle Yvon Nicolazic, paysan breton©, avec plus de figurants et de nouveaux décors, sont prévues.

Des figurants pourraient être également guides dans les années à venir ; ils mèneraient les touristes sur des routes historiques locales. Quant à la béatification du voyant, Yvon Nicolazic, elle se profile en arrière-plan bien entendu.

Philippe-Guy Charrière

Cet article a fait l'objet de 1970 lectures.
Vos 2 commentaires
Naon-e-dad Le Samedi 8 juin 2013 10:53
J\'espère que les paroles d\'Anna à Nikolazig, données verbalement en breton, mais qui nous sont parvenues reconstruites (la déposition de Nikolazig ayant été notée en français), j\'espère que ces paroles, ainsi que l\'avait fait le pape Giovanni-Paolo/Jean-Paul/Yann-Baol II, seront proclamées en breton:
\"Me zo Anna mamm Mari...\".
(0) 
Jacques Baudier-Cergy Le Samedi 8 juin 2013 15:21
On trouve en ligne (sur Wikisource) l'intéressante relation de Casimir de La Motte de La Guyomarais concernant les derniers jours de La Rouërie. Le père de Casimir était le compagnon d'armes du marquis de La Rouërie. Il s'agit donc d'un témoignage oculaire. Très intéressant.
(0) 
Commenter :
Votre email est optionnel et restera confidentiel. Il ne sera utilisé que si vous voulez une réponse d'un lecteur via email. Par exemple si vous cherchez un co-voiturage pour cet évènement ou autre chose.
ANTI-SPAM : Combien font ( 2 multiplié par 7) ?

ABP

  • À propos
  • Contact
  • Mentions légales
  • Données personnelles
  • Mise en page
  • Ligne éditoriale
  • Sur wikipédia
  • Agir

  • Demander une accréditation
  • Contacter la rédaction
  • Poster votre communiqué vous même
  • Écrire une dépêche
  • Envoyer un flash info
  • Nous suivre

    2003-2024 © Agence Bretagne Presse, sauf Creative Commons