Rennes, le 22 octobre 2007
Après avoir évalué les actions menées depuis 2005 auprès des pêcheurs indonésiens d'Aceh touchés par le tsunami de décembre 2004, la Région Bretagne poursuit son action. En 2007, ce sont 100 000 € qui sont attribués à l'ONG Acted pour poursuivre et approfondir le programme de formation des pêcheurs.
Construction de bateaux dotés d'équipements de sécurité, réalisation d'installations permettant l'organisation de marchés et offrant la possibilité de procéder au fumage et séchage du poisson, formation des pêcheurs à l'entretien de leur matériel… Au lendemain du tsunami qui avait dévasté l'Asie du Sud-Est en décembre 2004, la Région et plusieurs collectivités locales1 ont réuni 375 000 € pour venir en aide, pendant 3 ans, aux pêcheurs d'Asie du Sud-Est victimes du Tsunami. Ces fonds ont été confiés à l'ONG Acted, chargée de la mise en œuvre d'un programme de reconstruction des outils de pêche et des équipements du littoral de la province d'Aceh, en Indonésie.
En début d'année 2007, Christian Guyonvarc'h, vice-président de la Région Bretagne en charge des affaires européennes et internationales, s'est rendu en Aceh avec, Pierre-Gildas Fleury, ingénieur des pêches ayant travaillé de juin 2005 à juin 2006 pour ACTED, et Pascal Grison, charpentier marin, pour mener une évaluation, s'assurer de la bonne réalisation des actions financées et définir de nouvelles priorités.
Au vu de cette évaluation, la Région a défini les axes prioritaires d'intervention pour l'année 2007. Au-delà d'aides à la reconstruction et à l'acquisition de matériels, la volonté de la Région et de ses partenaires est d'aller plus loin en offrant aux pêcheurs d'Aceh les moyens de pérenniser leurs outils de travail. La Région accorde cette année 100 000 € à la poursuite et à l'approfondissement de la formation des charpentiers de marine, à la formation à l'installation et à la maintenance des moteurs et à la fourniture de bateaux aux pêcheurs de l'île de Semeulue, où la reconstruction est moins avancée.
Soutien aux pêcheurs d'Aceh : bilan des deux premières années du programme d'aide
Couplé avec les actions mises en œuvre par la Fondation de France et la FAO, le programme de soutien mené par la Région Bretagne en Indonésie par le biais d'Acted, depuis 2005, s'est principalement adressé aux pêcheurs de quatre ports situés sur la côte Ouest d'Aceh.
Il a permis de financer 27 embarcations : 22 pirogues de pêche en marais à Suak-timah et Cot Draha et 5 bateaux pontés de 13 mètres à Meulaboh, de construire de nouveaux équipements en lien avec l'activité pêche : un marché aux poissons à Meulaboh, une criée et un hangar de stockage à Babah-Lueng, une criée et 41 ateliers de séchage de poissons à Unjung-Tanah. Du matériel a également été fourni pour la réalisation, par les pêcheurs de Meulaboh, d'un appontement en bois et de tamis de séchage de poisson.
Enfin, 16 pêcheurs de Meulaboh ont bénéficié d'une formation de 3 semaines, dispensée par Patrick Le Bourhis, professeur au lycée professionnel d'Étel, pour apprendre à entretenir leur moteur in-board et ainsi, pérenniser leurs nouveaux équipements.
L'activité pêche renaît
La mission d'évaluation menée au printemps 2007 a permis de constater la bonne utilisation et la satisfaction donnée aux pêcheurs par le programme. Les équipements financés ou construits ont largement contribué à la renaissance des activités de pêche dans les 4 ports où est intervenue l'ONG Acted.
Il est cependant apparu que certains bateaux montraient des défauts de conception et que l'urgence était aujourd'hui d'aider les pêcheurs à entretenir, rénover et construire les équipements existants ou futurs et de conforter les transferts de savoir-faire en matière de construction navale et de motorisation.
Former pour pérenniser les investissements
En 2 ans, les ONG ont réalisé un travail de reconstruction gigantesque et remarquable en Aceh. Les maisons et les infrastructures reconstruites sont plus solides, plus confortables et plus nombreuses qu'avant le tsunami. Les 10 000 personnes qui résident encore chez des proches, seront prochainement relogées.
Aujourd'hui, si la reconstruction est bien engagée, elle reste fragile et doit être consolidée. Il faut apprendre à construire des embarcations solides et à entretenir le matériel pour allonger sa durée de vie et à réparer les pannes de moteurs. Les savoir-faire acquis doivent être confortés et développés pour ne pas être oubliés après le départ des ONG. Une fois la reconstruction terminée, les Indonésiens doivent avoir toutes les cartes en main pour pérenniser leurs outils de travail.
Une troisième année de programme tournée vers la formation
L'objectif de cette 3e année de programme est de permettre aux charpentiers de marine et aux apprentis de Meulaboh de construire en toute autonomie des bateaux de pêche traditionnels améliorés et de relancer l'activité économique des pêcheurs de l'île de Simeulue où la reconstruction est beaucoup moins avancée.
Enseigner aux charpentiers de marine comment transmettre leurs savoirs
L'une des principales réussites des ONG à Aceh est certainement l'initiation à la charpente marine moderne : le choix des matériaux, l'utilisation de plans, de gabarit, le travail en série… Ce programme ne sera totalement accompli que si les Indonésiens sont en mesure de consolider et de développer leur situation par eux-mêmes. Acted encouragera les charpentiers de marine à poursuivre cette activité de construction et d'entretien après le départ de l'ONG en créant, par exemple, un chantier naval.
Plusieurs étapes sont nécessaires pour atteindre cet objectif. Le projet débutera par une formation sur l'importance de la qualité du bois et sur sa sélection – qui a fait défaut et causé de nombreux problèmes lors des deux années passées ; suivra une formation sur l'entretien et l'usage du matériel électroportatif pour allonger sa durée de vie et son efficacité.
La troisième phase vise à mener des formations plus spécifiques pour assurer la pérennisation et la bonne diffusion des techniques enseignées. Le manuel réalisé lors de l'intervention de Patrick Le Bourhis sera réédité et diffusé plus largement.
Les six charpentiers de marine, chefs de familles, qui bénéficieront de cette formation, encadreront 4 apprentis à qui sera confiée la construction de pirogues à balancier. Cette expérience permettra, d'une part, de former les jeunes générations et, d'autre part, d'enseigner aux charpentiers comment transmettre leur savoir.
Sept nouveaux bateaux de pêche
À l'issue de cette formation 3 bateaux de pêche de 12,5 mètres et 4 bateaux de 7 mètres seront construits pour les pêcheurs de Simeulue. Les moteurs, équipements des bateaux et matériel de pêche devraient être fournis par la FAO (l'Agence des Nations Unies pour l'Alimentation, l'Agriculture et la Pêche).
Plus de 200 personnes bénéficient de ce programme
Au-delà des 6 charpentiers et des 4 apprentis formés, ce sont plus de 200 personnes qui vont immédiatement bénéficier de ce programme : les charpentiers de marine sont chefs de familles –au total 60 personnes-, 3 chefs de familles seront employés du chantier - 15 personnes - et enfin 26 familles de pêcheurs - 130 personnes - utiliseront les nouveaux outils de travail construits. À terme, avec la pérennisation des formations, le nombre de familles aidées par ce programme sera encore plus important.