Quelle Constitution pour la Bretagne ?
Le temps est venu pour les Bretons de redevenir adultes et de reprendre en mains leur destin
Tout le monde le sent bien : il est en train de se passer des choses importantes en Bretagne ...
La réapparition de la Bretagne sur la scène internationale comme Etat à part entière, ne dépend que de la détermination des Bretons. Ils ne doivent attendre d'aide que d'eux mêmes. le droit international est résolument en faveur des pays et des peuples qui jadis furent envahis par les armées étrangères, réduits par la force armée, annexés et acculturés. La pérennisation de la situation actuelle est le seul résultat de la lâcheté, de l'apathie, de l'aboulie, de rien d'autre.
Les “vieux”, lessivés par le lavage des cerveaux post-révolutionnaire, accentué à partir de 1830 – et surtout par la Troisième République, à partir de 1870 – avaient conçu un sentiment très puissant de honte à l'égard de leur véritable identité, et épousé par force celle de la France, laquelle, enseignée à l'école, constituait un catéchisme si drastique qu'on ne pouvait lui échapper. Mon grand père, maire radical et anti-clérical, pendant vingt-cinq ans, d'une petite commune du pays bigouden, devait se sentir français, sans aucun doute, faute d'avoir eu le droit d'être breton. Mon père, je crois, se trouvait dans la même situation, quoique parfaitement bilingue. Quant à moi, les grossiers sabots de bois français, bien que je n'en eusse qu'une conscience imparfaite, me firent toujours mal aux pieds.
Pour nous, le problème n'était même plus posé. Nos parents étaient, sans savoir d'une manière claire ce qui leur était arrivé, totalement ignorants de leurs origines lointaines, avaient répudié leur langue maternelle comme instrument de communication avec leurs enfants, encore meurtris par les punitions incessantes dont ils avaient été victimes à l'école, convaincus de l'infériorité consubstantielle à la langue bretonne, alors dénommée – selon ces jolies appellations nées de la colonisation culturelle française – de termes charmants, tels que “jargon”, “patois”, “dialecte”… Pire : l'idiome qui leur servait à s'exprimer, n'était évidemment pas une langue, tout au plus un amas de résidus anté-préhistoriques, de quelques onomatopées dissonnantes, de borborygmes échappés de l'époque des dinosaures, des cavernes de Cro-Magnon, voire pire encore.
On leur avait enseigné cela, en les frappant pour mieux éveiller leur intelligence. Quel moyen avaient-ils de penser que ce n'était pas la vérité ? Convaincus de nous rendre service, ils avaient décidé de nous éviter les souffrances morales qu'on leur avait infligées à l'école, maîtrisée d'une manière absolue par le colonisateur : ils nous élevèrent donc en français, dans cette langue qui nous était étrangère, n'étant pas celle de nos aïeux. À l'image de ces parents juifs – on ne peut penser à cela sans être indigné contre l'espèce humaine, non pas contre les parents, ces malheureux que la sottise des hommes a conduits à de telles attitudes pour tenter de protéger leurs enfants –, qui ont dissimulé à leur descendance leur appartenance au peuple juif, les ont baptisés dans la religion chrétienne, ont renoncé pour eux au rite ancestral de la circoncision, afin qu'ils ne portent pas sur eux un stigmate qui eût permis de les identifier (Albert Memmi, Portrait d'un juif, p. 56 et suivantes : chapitre Le malheur d'être juif, Gallimard, 1982, Coll. Idées. Un très grand livre, à lire absolument), ils ont contribué, dans le prolongement de la politique française d'acculturation du peuple breton, à nous décerveler. Pauvres parents ! Non seulement nous ne vous en voulons pas, mais nous compatissons qu'on vous ait acculés à de tels actes, qui ne peuvent avoir été induits que par des sauvages.
Presque tous les enfants de ma génération ont eu le malheur de n'avoir jamais eu de conversation avec leurs grands parents : ils s'exprimaient en breton, nous ne comprenions pas cette langue, qu'on nous avait même dit être ridicule. C'est une blessure, une amputation dans notre développement affectif, intellectuel, mental, que nous n'avons comprises que plus tard.
http://louis-melennec.fr/syndrome_breton.htm article «Le syndrome breton» et/ou ( voir notre article ) sur ABP.
La réflexion linguistique n'était pas très élaborée en France, et était inutile, de ce point de vue, puisque la langue française, Universelle selon ses locuteurs, le plus pur joyau sécrété par le cerveau de l'homme depuis que celui-ci a commencé à parler, ne pouvait, selon cette religion, d'un nationalisme nombriliste et primitif, être mise en cause. Pas un homme sensé qui, dans mon enfance, aurait osé dire ce que clament aujourd'hui les linguistes, sans l'ombre d'un scrupule : la langue française n'est, par nature, qu'un patois comme les autres, mais qui a réussi en écrasant les plus vulnérables. Voir, notamment, les ouvrages de Henriette Walter et de Claude Hagège.
Citation à retenir par coeur: “Il n'y a aucune hiérarchie de valeur entre une langue, un dialecte, et un patois. Le français, en tant que forme particulière prise par le latin parlé en Île-de-France, est à l'origine un patois du latin ; [ce que l'on dénomme] les patois, ne sont pas du français déformé : Le français n'est qu'un patois qui a réussi” ; in Le français dans tous les sens, Henriette Walter, Le livre de poche, Paris 1988, p. 18.
Je n'ai pas qualité pour savoir encore si le sens de la phrase dont je vous ai révélé l'existence, tirée de ma correspondance avec un grand linguiste breton, est exact : « La langue française est l'un des idiomes les plus minables d'Europe ». Le savoir de l'auteur est d'un tel niveau que cette hypothèse mérite d'être élucidée et travaillée. (Je publierai un jour des extraits de cette correspondance, qui s'étale sur plusieurs années).
L'“affaire” bretonne s'ébruite
Ce pays, dont l'histoire est fort ancienne, est en train de renaître à la vie ….. Il y a dix ans, presqu'aucun Français ne savait que la Bretagne a eu une histoire et que, si l'on a cru qu'elle était française, c'était par l'effet d'une ignorance abyssale, savamment entretenue et cultivée par l'envahisseur qui a fondu sur nous, à la fin du XVe siècle, et qui a péremptoirement interdit l'enseignement de notre histoire, dès qu'il s'est senti assez fort pour le faire. Comment les habitants de ce pays l'auraient-ils connue ? Les Ploukistans ne peuvent avoir d'histoire : par nature, ils sont destinés à être annexés, les indigènes à être éduqués et décervelés dans la civilisation du colonisateur.
Les Bretons étaient castrés de leur identité nationale. Certains ont été stupéfaits ces derniers mois, d'apprendre par quelques articles multipliés plusieurs milliers de fois par la vertu de la toile, cette évidence que pourtant Tous les historiens (Bertrand d'Argentré, Dom Lobineau, Dom Morice, Arthur de La Borderie, Dupuy…), avec un luxe de détails quasi exubérant, n'ont cessé de dire et de répéter : que leur pays a été envahi, méprisé, humilié, ruiné par l'envahisseur, qui l'a traité en colonie, ce qu'il est toujours.
La France, ayant détruit la Bretagne en tant qu'entité autonome en 1789, ayant persécuté ceux qui se targuaient d'entretenir et de transmettre la flamme, ceux qui refusaient de prêcher en chaire ou de parler dans leurs classes une autre langue que celle de leurs aïeux – d'ailleurs la seule compréhensible pour leurs ouailles ou pour leurs élèves – ayant refusé avec violence qu'elle continue à s'intituler Nation – ce que la Bretagne a été bien avant elle – s'auto-attribuant le droit de porter seule cette Haute Dignité, la France a réussi ce quasi-miracle, en quelques générations : tuer la langue ancestrale, culpabiliser à outrance ceux qui voulaient continuer à la parler, conduisant peu à peu ces petits Bretons naïfs et innocents, couverts de honte, à vouloir devenir de bons petits Français.
Dans son célèbre exposé de 1882, le grand Ernest Renan, en quelques phrases géniales, jette une lumière crue sur le crime qui a failli réussir en Bretagne :
“L'oubli, je dirai même l'erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d'une Nation. C'est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger. L'investigation historique, en effet, remet en lumière tous les faits de violence qui se sont passés à l'origine de toutes les formations politiques, même de celles dont les conséquences ont été les plus bienfaisantes… L'unité se fait toujours brutalement. La réunion de la France du Nord et de la France du midi a été le résultat d'une extermination et d'une terreur continuée près d'un siècle.” In : Qu'est-ce qu'une nation ? 1882.
Par bonheur, nous, Bretons, avons réussi à n'être pas broyés entièrement par le rouleau compresseur français, en dépit de sa férocité inhumaine. Nous avons la tête dure, tout le monde le sait. Mais à quelques dizaines d'années près, cette entreprise criminelle a failli réussir.
Internet a été inventé juste au moment où nous allions perdre notre âme, dans ce pays de France que Nicolas Sarkozy dénomme “celui dans lequel l'État [lisez ici : la violence, la force] crée la nation”, et qui, gentiment, si nous ne nous étions réveillés à temps, allait nous écraser, plus réalistement : nous écrabouiller. Sans aucune forme de remord.
Cinq siècles d'asservissement ont failli faire perdre aux Bretons la conscience de leurs origines. Au dernier moment, ils se sont redressés. Ils sont en train de gagner. Les collabos font grise mine : c'est le sort habituel de ces gens-là. Le sentiment d'identité, l'appartenance à la vieille Nation qu'on croyait moribonde, a resurgi avec une force qui devient quasi-furieuse, à force d'avoir été brimée.
Doter le Pays d'une Constitution
Ce dont il s'agit maintenant, ce n'est plus de réintégrer la Loire-Atlantique – le Comté de Nantes jusqu'à la magnifique Révolution française, modèle Universel et Adulé, la Grande Inspiratrice des Staline, des Lénine, des Trotsky, des Pol Pot, des Mao-tsé- Dong, des Castro (ce dernier encore vivant, ami connu et reconnu de la veuve d'un ex-président de la République française : dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es) – mais de réfléchir à l'étape suivante : doter le Pays d'une Constitution. Le plus simplement du monde : par l'application du Droit : comme la Catalogne, le Pays basque, l'Écosse, etc. En excluant péremptoirement, répétons-le, toute violence physique contre quiconque.
De l'interdiction pour les hommes politiques de confisquer le pouvoir constituant.
Le pouvoir constituant appartient au peuple, et à lui seul. Lorsqu'il y aura une constitution écrite en Bretagne, elle ne prendra effet que par le suffrage universel, contrairement à l'Union Européenne, dans laquelle, pour mieux tromper les “masses laborieuses et populaires”, on a réussi à kidnapper le pouvoir inaliénable des peuples de décider d'avoir ou de ne pas avoir une loi fondamentale commune. Par des tours de passe-passe assez misérables, ce sont maintenant quelques chefs d'État ou quelques parlementaires – dont le niveau intellectuel et le sens moral, comme l'ont démontré les procès en cascade qui les visent souvent, sont loin d'être unanimement admirés – qui se sont arrogés le droit de décider en leurs lieu et place. La dernière escarmouche, qui porte le titre mensonger de “Traité de Lisbonne”, n'a été lu en entier par à peu près personne, pour la raison qu'il est incompréhensible et illisible. Foncièrement européen, je me réjouis que nos cousins irlandais, en refusant de cautionner ce texte touffu, diffus, abstrus, aient donné une claque magistrale aux insuffisants intellectuels qui ont rédigé ce libellé en forme de bordel – qu'on me pardonne l'expression, les carabins sont autorisés à utiliser de loin en loin des termes crus – en même temps qu'une leçon de sagesse populaire : on ne peut se lier les pieds et les mains en acquiesçant à un texte que ses propres rédacteurs n'ont pas compris.
Voila donc jeté dans la mare un pavé plus qu'énorme : le Droit international consacre ce principe, l'un de principaux : les peuples possèdent le droit inaliénable de disposer d'eux-mêmes. Ce n'est ni aux chefs d'États, ni aux chefs des gouvernements, ni aux parlementaires, fussent-ils régulièrement élus, de décider pour eux. De mon point de vue de spécialiste en droit public, tout peuple qui n'aurait pas décidé lui-même, par voie de référendum, d'adhérer à une Constitution européenne, ne sera pas engagé par une décision prise en son nom par des personnes par définition juridiquement incompétentes pour ce faire. Aux associations, maintenant, et aux citoyens concernés de faire usage de ce qui vient d'être dit ici.
Le bruit court — en vertu du principe de Droit international que nul ne peut ni être recherché, ni puni pour ses opinions (ce qui implique que chacun a le droit de souhaiter un statut meilleur pour la nation à laquelle il appartient), principe que “Le” pays des Droits de l'Homme applique avec un brio qui fait l'admiration de tout l'Univers, et dont on a vu, récemment encore, une très brillante application démocratique dans les médias nantais, lors de la gigantesque et pacifique manifestation du mois de septembre — le bruit court que quelques Grands Bretons ont chargé un – ou plusieurs – spécialiste(s) de l'histoire des Institutions et du droit constitutionnel, de réunir les idées, de manière, à partir des Coutumes constitutionnelles du Duché de Bretagne, à bâtir un texte qui soit à la fois fidèle aux traditions de l'État breton, tel qu'il s'est constitué au cours des derniers siècles de sa liberté, et de la science constitutionnelle moderne.
Leur mission comporte l'impératif suivant : le texte préliminaire doit être clair, concis, entièrement compréhensible dans tous ses éléments, être conforme aux Principes généraux du droit tels qu'ils sont admis et appliqués par les États civilisés, démocratiques, respectueux des droits de l'homme.
Cette entreprise va-t-elle susciter de l'espoir, ou, comme d'habitude, de la jalousie morbide, des vomissures à l'égard de leurs initiateurs ? Pour le moment, on n'en sait rien. D'aucuns prédisent que la deuxième hypothèse va l'emporter.
Je préfère positiver : si la jalousie est au rendez vous, elle ne manquera pas de susciter des imitateurs, qui ne voudront pas être en reste : c'est ce que l'on souhaite, je pense qu'on l'a compris.
La Nation bretonne ne peut se reconstruire qu'en se réappropriant son histoire
La leçon magistrale d'Ernest Renan, dans les phrases ci-dessus, est parfaitement assimilée.
À tous ceux qui, rayés de la carte par l'effet de la violence et des traumatismes de toutes natures infligés aux Nations par ceux qui ont été en mesure de le faire – pas seulement la Bretagne – aspirent à renouer avec leur véritable identité, raconter l'histoire à rebours, comme un tambour qui tourne à l'envers, est la seule démarche possible, et la seule efficace. Tous les pays qui ont voulu assimiler de force les nations envahies, ont usé de procédés analogues : placer leurs “hommes” aux postes de commande; s'appuyer sur des “collaborateurs” dévoués, accessibles aux dons, pensions, honneurs ; imposer la législation de l'État central ; frapper la langue et l'histoire d'interdit ; aspirer à soi les forces vives du pays conquis : les hommes, les talents, les soldats, la production agricole ou industrielle, le produit des taxes et des impôts….
Lues à travers ce canevas si simple, les histoires des petites nations deviennent d'un clarté éblouissante
Ces procédés sont universels : Bertrand d'Argentré, cinquante ans après le prétendu “Traité” de 1532, est le seul Breton à avoir osé les décrire, au péril de sa vie, à une époque où il n'était pas bon de dire la vérité aux Français : cet homme, pourvu d'une prescience remarquable, prédit – ce qui suscite aujourd'hui notre admiration – ce qui va arriver à la Bretagne prétendument “réunie” à la France : l'exode des hommes et des talents ; l'appauvrissement de l'économie ; l'octroi des fonctions civiles et militaires importantes aux Français, plaisamment appelés, dit-il, “non originaires”, alors qu'ils sont des étrangers en Bretagne – bien évidemment – ; les entraves mises par la France au commerce par mer, source d'une grande partie de la richesse nationale ; les impôts et les taxes nouveaux ; la violation des lois, liberté et privilèges du Duché ; etc.
Ailleurs, il décrit les phénomènes de “collaboration” – le terme n'a pas cours à l'époque, mais la chose existe, étant universelle –, en écrivant, noir sur blanc, que dès l'invasion de la Bretagne, en 1491, le roi Charles VIII de France a placé partout “des hommes de sa forge” (vous noterez l'élégance terrifiante de cette expression), phénomène qui n'a fait que s'amplifier au fil des années.
Ce sont les mêmes procédés qu'utilisa le roi anglais – assisté de son gouvernement –, dans ce vaste territoire qui allait devenir les États-Unis d'Amérique, et qui ont conduit les treize États fédérés à proclamer leur Indépendance, en 1776 : les exploiter à son bénéfice, et non dans l'intérêt des habitants, en “refusant sa sanction aux lois les plus salutaires et les plus nécessaires au bien public”, en faisant pression sur les assemblées législatives, “dans la seule vue d'obtenir d'elles, par la fatigue, leur adhésion à ses mesures”, en dissolvant les chambres des représentants “parce qu'elles s'opposaient avec une mâle fermeté à ses empiètements sur les droits du peuple”, en “entravant l'administration de la justice”, en rendant “les juges dépendants de sa volonté”, en “créant une multitude d'emplois et en envoyant dans le pays des essaims de nouveaux employés pour vexer le peuple et dévorer sa substance”, en entretenant dans le pays “des armées permanentes sans le consentement de ses représentants”, en rendant “le pouvoir militaire supérieur à l'autorité civile”, en “détruisant notre commerce avec toutes les parties du monde”, en “imposant des taxes sans le consentement des représentants du pays”, en “retirant les chartes les plus précieuses”, et en se déclarant investi du pouvoir de faire pour nous des “lois obligatoires”, en usant des procédés de désolation et de tyrannie, avec des circonstances de cruauté et de perfidie dont on aurait peine à trouver d'autres exemples “tout à fait indignes d'une nation civilisée”….
Cette “Déclaration unanime des treize États unis d'Amérique”, traduite en français par Thomas Jefferson, est publiée sur http://fr.wikisource.org/wiki/D%C3%A9claration_unanime_des_treize_%C3%89tats_unis_d%E2%80%99Am%C3%A9rique.
Pour ceux qui, comme nous, ont passé tant d'années à lire les archives, les ouvrages d'histoire (ceux qui méritent crédit : d'Argentré, Lobineau, Morice, Dupuy, Planiol…, surtout), un certain nombre de thèses monumentales – passées inaperçues, comme étant trop savantes, trop indigestes et trop volumineuses (Bonvallet, Le Moy, Rébillon, Fréville, Tonnerre, Le Page, Kerhervé, Coativy….), portant précisément sur tous les points évoqués ci-dessus, tout ce que décrivent les treize États unis d'Amérique dans leur déclaration unanime de 1776, est précisément ce qui s'est passé en Bretagne, depuis les funestes invasions de 1488 et de 1491 ; mais ce qui s'est passé aux États-Unis, avant la déclaration d'indépendance, est infiniment moins grave que ce que la France a infligé à la Bretagne. Je suis péremptoire sur ce point. Je m'en suis longuement expliqué dans d'autres chroniques, très motivées et très référencées.
Restaurer l'histoire de Bretagne, en expurger les scories, est un travail de Titan et de fourmi à la fois, auquel il faut nous associer, afin d'en faire un instrument efficace de reconstruction. Cette entreprise à laquelle quelques-uns de nous se livrent, d'une manière consciente, pensée et réfléchie, est l'application à toute une société - ici la société bretonne -, des découvertes de l'école de Freud et, dans son sillage, des spécialistes de la psychologie des peuples, en faisant remonter à la surface les éléments traumatiques de l'histoire enfouie, oubliée, scotomisée par le pays envahisseur, interprétée ou déformée par lui de manière à annihiler sa personnalité, pour la remplacer par une autre ; ce faisant, le pays victime de cette lobectomie se réinstalle peu à peu en lui-même et redécouvre ce qu'il est. Si le processus réussit, in fine, au bout se trouve la guérison de la névrose collective dont il est atteint.
C'est une entreprise difficile. Ceux qui s'y livrent s'exposent à tous les incidents de parcours du psychanalyste exerçant avec des patients individuels. Le plus marquant, est constitué par les bouffées de violence, qui s'appellent des insultes. Rien ne les justifie d'une manière objective, mais elles sont la rançon inéluctable du processus qui avance vers son but : la libération, pour le peuple concerné, d'un passé qui n'est pas le sien, les retrouvailles de sa véritable identité, jusqu'à la guérison finale. Beaucoup de Bretons, sans le savoir, continuent à vivre avec une personnalité d'emprunt, celle qui leur a été greffée dans la tête par ce que j'appelle, en connaissance de cause, un “lavage de cerveaux”. Ce sont les plus violents à l'encontre de cette entreprise, éminemment morale, de rétablissement de la vérité, de ce travail de mémoire, très en retard en Bretagne, par les obstacles multiples dressés partout. Il existe en matière d'analyse collective d'une société, comme en matière d'analyse individuelle, des réactions que les psychanalystes désignent, notamment, sous les termes assez abstrus de “défenses”, et “transfert”. Certains sujets reçoivent le message de l'analyste d'une manière positive, et expriment des sentiments de reconnaissance ; d'autres, à l'inverse, convaincus qu'on leur ment, ou simplement par un mécanisme de “défense” (qui n'est autre qu'un refus plus ou moins violent de la vérité, en raison de son caractère très dérangeant, vécu comme une agression), s'opposent avec force à ce qui a été enfoui dans l'inconscient, ou ignoré.
Restaurer la Souveraineté détruite et l'Etat
Qui sait aujourd'hui que la Bretagne, au Moyen Âge, a été un authentique État, disposant de la puissance souveraine dans tous les domaines du gouvernement ? Qui sait que la Bretagne a eu, à l'instar de la grande Bretagne actuelle, des coutumes constitutionnelles perfectionnées, qui sont l'équivalent d'une authentique Constitution non écrite ? Tous les historiens cités plus haut, assurément. Le plus brillant d'entre eux : Marcel Planiol, qui, il y a plus d'un siècle, en a fait la théorie, d'une manière parfaite. Ceux qui ont été endoctrinés par une histoire mensongère et falsifiée, et qui lisent cette histoire dans les livres publiés dans le commerce, se demandent si l'auteur des présentes lignes n'est pas en train de tenter de les mystifier.
Ceux qui doutent, je les renvoie – pour le moment –, à la monumentale thèse de Jean Kerhervé, en deux énormes volumes, intitulés L'État breton, publiés par la maison Maloine en 1987. Les ricaneurs riront jaune. Mais il convient, au minimum, de lire les ouvrages cités plus haut, tant de Planiol que de Jean Kerhervé.
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Les Français, ces nationalistes insensés et primaires, accusent maintenant les Bretons de ce qui a constitué leur vice pendant des siècles : contempler leur nombril, en croyant qu'il était le plus beau du monde, et qu'il en émanait des radiations lumineuses pour l'Univers entier. C'est à mourir de rire : ils méritent une bonne fessée : elle est en train de leur être administrée par la Bretagne.
Les Bretons, dans leur grande majorité, n'entendent plus accepter les accusations périodiques de collaboration avec les nazis, avec la connotation que l'on met dans ces affirmations stupides : parce que quelques dizaines de malheureux, en 1940, se sont tournés vers les Allemands, devant la déchéance de leur pays pendant cinq siècles, pour les raisons que l'on sait, et que j'ai exposées maintes fois ailleurs, je dis clairement ceci : c'est la France qui s'est couchée sur le sol à Munich – rendant la deuxième guerre mondiale la conséquence de son impéritie –, non les Bretons ; c'est le Parlement français qui a installé au pouvoir, à une majorité écrasante, le régime collaborationniste de Vichy, non les Bretons ; c'est le chef de l'État français qui a serré la main de Hitler à Montoire, non les Bretons ; c'est le régime français qui a collaboré avec l'Allemagne, de 1940, non les Bretons ; c'est la France, qui a détruit la culture et la langue bretonnes, non l'inverse ; c'est la France qui refuse de signer le pacte des langues, non la Bretagne.
Dans l'attente des citations terribles relevées dans la littérature française, de 1789 à nos jours, relatives à la langue bretonne, à la culture bretonne, aux Bretons, à la Bretagne – sans oublier l'illustre Mélenchon, qui traite de “secte” ceux qui veulent transmettre à leurs enfants la langue de leurs pères, allant jusqu'à l'insulte de traiter celle-ci de “langue de la collaboration”, là où ce furent, d'une manière absolument certaine, le français d'une part, l'allemand d'autre part, qui servirent d'idiomes de communication entre le pays collaborateur et l'ennemi, en aucun cas le breton, je vous donne ci-après quelques orientations bibliographiques sur ce qu'a été le nationalisme français, et sur les malheurs qu'il a provoqués.
Nous serons contraints, dans les prochaines chroniques, de “faire” un peu plus de théorie politique, si nous voulons donner consistance à la volonté commune qui se dessine majoritairement en Bretagne – reprendre en mains ce qui lui appartient depuis toujours : la maîtrise de son destin –, notamment en décrivant ce qu'ont été les Coutumes constitutionnelles du Duché de Bretagne, avant l'invasion fatidique de 1491.
Le texte de la présente chronique est adressé à l'Éminent Ami de la Bretagne, M. Barbier, rédacteur en chef de l'Express, afin qu'il choisisse ses interlocuteurs parmi ceux qui savent, lorsque son journal publie des articles sur l'histoire de la Bretagne. Tout le monde peut en faire autant, en utilisant la technique du “copier coller”. Le courriel à utiliser : LExpress.fr
Vous pouvez aussi l'adresser au sieur Mélenchon, au Sénat de la République française, 15 rue de Vaugirard, 75006 Paris. Il est inutile qu'il tente de s'excuser : des insultes aussi graves ne sont jamais pardonnées en Bretagne.
Rien n'exclut que, par le même procédé simple, les rédactions des autres journaux soient avertis : Le Monde, Le Figaro, Libération, L'Express, Marianne, Le Parisien, Le Point, Présent, Rivarol, Valeurs actuelles, L'Humanité, etc. Ce sera une utile contribution à la presse démocratique française. Ah ! Les bonnes vieilles lunes ! Elles ont beaucoup à apprendre encore, sur ce qui constitue le fond de notre morale ancestrale : le respect dû aux êtres humains.
Il n'est pas interdit, si l'on dispose de loisirs en plus, de faire une tentative en direction de Ouest France et du Télégramme, qui ont “couvert” avec tant de brio les récentes manifestations nantaises.
À travers les “blogs” d'internet, quelques dizaines de milliers de Français savent maintenant que la Bretagne est à la France ce que le Tibet est à la Chine. Ils sont indignés contre nous, car ils se croient injuriés : tant mieux ; ils ne savent pas ce qu'a été “l'œuvre civilisatrice ” de la France en Bretagne ; c'est la preuve que ce que leurs prédécesseurs ont fait est horrible. L'équité commande qu'après avoir pris connaissance des preuves abondamment fournies sur l'Histoire de Bretagne et l'Identité des Bretons (notamment en lisant nos chroniques, notamment sur le site de l'Agence Bretagne Presse), ils fassent maintenant leur examen de conscience, et retournent la culpabilité contre eux.
La violence physique a été moins grave en Bretagne qu'au Tibet, cela est exact. Mais la violence mentale s'y est exercée pendant des siècles, et s'est accrue d'une manière phénoménale après 1789, jusqu'à une époque très récente, dont j'ai vécu les dernières séquelles, étant né en 1941. Seule la censure française a empêché que cela se sache.
Eh bien : maintenant cela se sait ! Le bilan est pire : il reste encore une civilisation à sauver au Tibet ; il reste une identité indomptable en Bretagne, mais plus de civilisation, et quasiment plus de langue (les Français, se croyant “la” civilisation, ne peuvent même pas, en l'état présent des choses, imaginer qu'il ont tué une civilisation en Bretagne. Cf : dans la remarquable Histoire de la Bretagne de E. Durtelle de Saint Sauveur, le chapitre 5, intitulé “La civilisation bretonne”, pages 171 et suivantes ; Rennes, 1935). Comme le Tibet, le pays a été envahi et détruit par des armées étrangères ; comme le Tibet, il a été et reste amputé de la partie la plus riche de son territoire, la plus symboliquement significative, le Comté de Nantes, notre capitale politique, qui abrite encore nos magnifiques monuments nationaux, dont le château des ducs souverains de Bretagne, descendants des Rois bretons, la Cathédrale, le tombeau du Duc François II, père de notre héroïne Anne de Bretagne….. http://pagesperso-orange.fr/melennec.louis/
De la nécessité de délier les langues et de parler
Il est nécessaire de dire ce que l'on pense, sans tricher. Si l'on se maintient à l'intérieur des grands principes du droit – le bon sens suffit à les connaître, point n'est besoin de se reporter à des traités ni à des ouvrages de droit, abscons et illisibles – Toute la vérité doit être dite. À condition de s'exprimer dans un style correct, sans injures, sans fautes de syntaxe ou de style.
La Bretagne, ces dernières années, démontre qu'elle est en train de se libérer de ses peurs, lesquelles, comme on le sait maintenant, sont la conséquence directe des persécutions mentales post-révolutionnaires, jusqu'en 1960. Des résultats sont déjà perceptibles sur le terrain (confere : la magnifique manifestation de Nantes, et l'attitude insensée de la presse bretonne face à cette démonstration pacifique ; n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de demander des comptes, dès que cela pourra se faire, à cette sorte de “journalisme” ; toute la future Bretagne démocratique est engagée dans cette affaire).
Pour les politiques, hautement spécialisés, non dans la langue de bois, mais dans la langue de pierre, c'est à dire paralytique, c'est à vous, électeurs, de faire le ménage, car vous êtes seuls détenteurs de la Souveraineté. (Il ne faudra jamais, quoi qu'il advienne, oublier que des “sénateurs” “bretons”, ont voté contre votre langue nationale, lors du prétendu débat sur les langues dites “régionales”.
Pour lever vos dernières inhibitions, vous pouvez lire ce que des magistrats intègres et courageux peuvent écrire, sur le "fonctionnement" (lisez : "les graves dysfonctionnements"), de la justice française. Vous allez être édifiés, si vous avez des doutes, sur la manière dont ce cher pays inventeur des Droits de l'Homme applique les principes qu'il a “inventés” :
— Des archives dévoilent comment François Mitterrand abusait des interventions individuelles : Le Monde, mercredi 23 juin 1999.
— Eva Joly: “Monsieur le Président... le risque d'une justice inégalitaire, aux ordres du pouvoir politique” : Le Monde, 16 janvier 2009.
— Dominique Barella, ex-membre du Conseil supérieur de la magistrature : "La communauté judiciaire réduite aux laquais" : Le Monde, 23 janvier 2009.
— Le Monde, 19 décembre 2008, page une : “Pour le soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, le conseil d'État rappelle l'administration [= française] à ses devoirs”.
— Georges Fenech : Main basse sur la Justice, Lattès, Paris, 1997.
Louis Melennec, diplômé d'études supérieures de droit public, docteur en droit.
Addendum important : Un certain nombre de remarques ont été faites – d'une manière très courtoise, je le souligne –, à l'occasion de la publication de mes chroniques sur le site de l'ABP. Ces remarques et ces correspondances m'interrogent sur des points souvent précis : Ai-je l'intention :
De publier mes notes sur Anne de Bretagne ? De ré-écrire l'histoire de l'invasion du Duché Souverain de Bretagne ? De publier un article sur les éléments de la souveraineté de la Bretagne au Moyen Âge ? De préciser ce que signifie la notion d'hommage, selon les juristes spécialisés en droit médiéval ? N'est-il pas temps de publier un Livre Blanc sur le statut de la Bretagne, afin de la présenter aux organisations internationales et aux Instances susceptibles d'apporter leur aide aux Bretons ? etc...
Toutes ces questions sont très sérieuses. J'y répondrai, tout d'abord, sous la forme d'une interview, qui paraîtra sur Le Blog de Louis Melennec http://blog-louis-melennec.fr/
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Lectures recommandées : Voir le PDF.
Nombreuses références bibliographiques :
1 – Sources historiques ;
2 – Sur l'assassinat des consciences par les colonisateurs et les oppresseurs ;
3 – Sur le nationalisme.