L'impasse dans laquelle se trouve le gouvernement au sujet de Notre-Dame-des-Landes est une conséquence directe de la philosophie politique qui règne en France depuis des siècles, connue d'une façon globale sous le nom de "jacobinisme" ou pour les économistes sous le nom de "colbertisme". On sait que le micro-management ne donne jamais rien de bon.
En effet la décision de transférer ou pas l'aéroport de Nantes-Atlantique n'aurait jamais du quitter la sphère de Nantes-Métropole. Aux Etats-Unis d'ailleurs, les aéroports appartiennent aux villes et ce sont les élus qui nomment et contrôlent la commission qui gère l'aéroport. En 2016, la ville de San Francisco a commencé la rénovation du terminal 1 de SFO et s'occupe de tout. C 'est sa décision et sa responsabilité.
La loi de décentralisation de 2004 avait pourtant vu l'Etat transférer aux collectivités territoriales la propriété de quelque 150 aéroports sauf Lyon, Marseille, Nice Toulouse, CDG et Orly. Nantes-Atlantique était déjà géré par la ville (la CCI de Nantes-Saint-Nazaire donc aucun transfert n'avait eu lieu). Toulouse sera vendu aux Chinois en 2014 sans aucune consultation avec la ville elle-même. En 2016, Nice et Lyon seront partiellement privatisés.
Le management du ou des aéroports de Nantes-Saint-Nazaire, à défaut d'être issu de Nantes-Métropole, n'aurait jamais du quitter la Chambre de Commerce et d'Industrie de Nantes Saint-Nazaire. Or par un décret de 2010, sous la présidence Sarkozy, l'État a transféré la gestion de ces infrastructures à une entreprise privée d'une façon arbitraire et certainement pas démocratique, brisant le principe de subsidiarité et continuant par là sa tendance à l'ingérence partout.
Ce n'était pas au gouvernement de décider si on construit ou pas NDDL. La décision avait déjà été prise par les élus locaux et par consultation. La responsabilité du gouvernement est de faire respecter la loi et les droits fondamentaux comme celui de la propriété privée et celui de la liberté de circulation, des droits qui sont bafoués à NDDL impunément depuis des années. L'État aurait dû évacuer les zadistes depuis des années. Autrement dit, l'État fait des choses qui ne sont pas ses prérogatives et il ne fait pas ce qui sont ses prérogatives.
On apprend dans wikipedia qu'un décret du 29 décembre 2010, a créé la société "Aéroports du Grand Ouest" qui détient une concession d'exploitation de 55 ans pour gérer, à partir du 1er janvier 2011, les aéroports Nantes Atlantique et Saint-Nazaire - Montoir, en remplacement de la Chambre de commerce et d'industrie de Nantes et de Saint-Nazaire. La construction et la gestion de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est aussi confiée à cette société dont le capital est détenu à 85 % par Vinci, 10 % par la Chambre de commerce et d'industrie de Nantes et de Saint-Nazaire et 5 % par Entreprise de Travaux Publics de l’Ouest (ETPO – CIFE).
La Ville de Nantes et sa Chambre de commerce ont été dessaisies du projet de NDDL par décret et celui-ci a été confié à une société privée. Ce n'était pas le rôle de l'État de s'ingérer dans ce dossier. Cette opération n'aurait jamais du avoir lieu. L'impasse actuelle en est le résultat.
Il n'y a qu'une solution raisonnable à court terme pour le gouvernement pour sortir de cette crise, redonner le pouvoir de décision et la responsabilité de cette décision à Nantes-Métropole et à sa Chambre de commerce. Oui refiler la patate chaude à ceux qui sont concernés directement.
Modifié le 14 janvier 2018