Le Dr Dabis Attila est un politologue et une figure publique de Budapest en Hongrie. Depuis 2012 il est le responsable des affaires étrangères du Conseil national Szekler (le pays des Sicules). A ce titre, son rôle principal est d’établir et de maintenir des relations avec les organisations politiques et culturelles, et les communautés nationales d’Europe, ainsi qu’informer les organisations internationales de la conduite de la Roumanie sur ses obligations envers la protection des minorités. Il est le co-fondateur (2016) d’un journal scientifique sur les minorités Kisebbségvédelem où il est rédacteur en chef. Il a obtenu son doctorat en 2018 à l’Institut des relations internationales de l’université de Corvinus à Budapest. Le titre de sa thèse était : « Croyances erronées sur l’autonomie, la constitutionnalité de l’autonomie dans le Szekler ».
Le 7 mars 2019, la Cour européenne a annulé la décision de la Commission européenne qui avait rejeté le lancement d'une pétition citoyenne en faveur des régions nationales dont M. Dabis était un des initiateurs. Cette pétition citoyenne est donc en cours. Trois pays ont rempli leurs quotas de signatures ; la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie. Il ne reste plus que six semaines pour signer mais une demande de prolongation de 6 mois a été formulée sans aucune réponse de la commission pour le moment.
Invité par Skol Uhel ar Vro, Attila Dabis est venu à Vannes le 11 janvier dernier afin d’y présenter la nouvelle ICE . Une initiative citoyenne européenne qu'il faut signer pour qu'elle débouche sur une législation européenne. Il s'agit de la reconnaissance des régions nationales. ( voir notre article ) et ( voir notre article ). Le Dr. Dabis a accepté de répondre à nos questions.
[ABP] Vous collectez des signatures pour une ICE en faveur de la reconnaissance des régions nationales, comment ça se passe ?
Nous demandons à l’Union européenne de contribuer activement à la préservation le la diversité culturelle et linguistique de l’Europe, ce qui est une obligation pour l’Union selon le traité fondateur. L'UE, cependant, ne fait rien sur le sujet. C’est pourquoi il est vital de faire pression sur le système et de montrer le vigoureux soutien du public à l’idée que l'UE doit fournir un soutien financier adéquat pour les régions nationales, comme la Bretagne ou le Szeklerland afin de sauver leurs langues, cultures et identités, dans leurs pays respectifs.
Ces actions demandées de la part de la CE sont toutes spécialement urgentes étant donné qu’il existe plus d’une centaine de langues en danger d’extinction au sein de l'UE. Selon l’UNESCO https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000187026 , on peut citer l’irlandais, le Saami, le breton, le basque, le hongrois Csángó etc.
L’initiative est basée sur le constat que ces langues et cultures forment une partie inestimable du patrimoine de l’humanité et que ce patrimoine doit être préservé par tous les moyens.
Finalement, notre but est de donner une nouvelle impulsion aux mouvements ethno-régionaux en Europe. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour construire un concept applicable à toutes les régions nationales d’Europe. Nous nous sommes battus durant six années devant la Cour européenne http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=211423&pageIndex=0&doclang=FR&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=2572689 afin d’avoir ces 12 mois pour collecter les signatures nécessaires à travers toute l’Union.
Nous avons collecté plusieurs centaines de milliers de signatures sur papier et sur internet. On peut suivre l’initiative et on peut signer ici https://eci.ec.europa.eu/010/public/#/initiative .
La pandémie du Coronavirus est un évènement grave et imprévisible qui rend encore plus importante la version en ligne de la pétition. Ne perdons plus de temps ! Si vous voulez contribuer à l’établissement d’une loi-cadre européenne qui aidera entre autres la sauvegarde de la culture et de la langue bretonnes, vous êtes prié de signer, soutenir la pétition, et partager l’information sur cette initiative.
Pour les régions nationales, mettons l’Europe en mouvement !
[ABP] La FUEN a présenté à la Commission européenne et au Parlement européen une pétition citoyenne pour les droits des minorités nationales avec plus d’un million de signatures, pensez-vous que cela va déboucher sur une législation au Parlement européen ?
La Commission européenne souffre d’un manque de légitimité. Il y a eu des critiques pendant des décennies sur la façon dont les commissaires sont nommés, c’est la raison pour laquelle un agrément a finalement été conclu afin d’introduire une sélection plus transparente : le Spitzenkandidat ou le système du « meilleur candidat ».
Ce mécanisme a échoué et la Machtpolitik ou la loi du plus fort a finalement prédominé avec la prise de pouvoir l’année dernière de Ursula von der Leyen en tant que Chef de la commission. A cette déficience de légitimité s'ajoute le fait que même s’il y eut cinq pétitions européennes citoyennes, aucune n’a effectivement débouché sur une législation européenne. A travers ce comportement, la Commission risque que cette institution légale qu'est l'initiative citoyenne européenne - qui fut à l'origine créée pour plus de démocratie directe via l'implication des citoyens dans le processus de prise de décisions, et pour amener l'Union plus proche de ses citoyens – devienne une coquille vide dépourvue de sens.
Ce constat ne peut avoir qu’une conséquence positive sur l’intense activité de lobbying dont a besoin MSP (Minority safepack initiative) afin d’aboutir à un accord avec la Commission européenne.
Ces circonstances pourraient avoir un effet positif sur l'activité intense de lobbying requise de la part de l'équipe " Initiative pour la Protection des Minorités Nationales" afin de parvenir à un accord avec la Commission Européenne quant à cette Initiative Citoyenne Européenne (ICE).
[ABP] Merci