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- Chronique -
L'événementiel Digibook (2 CD + 1 DVD + 1 Livret de 48 pages : Alan STIVELL « Liberté - Roazhon ».
Alan STIVELL « Liberté - Roazhon », enregistrement public, avec L'Orchestre National de Bretagne.
Par Gérard SIMON pour Culture et celtie le 17/11/24 2:47
Alan STIVELL et l'Orchestre National de Bretagne.- «Beaj» (Symphonie celtique n°2) - Voyage Vers Les Espaces Intérieurs - Beaj d'an Egorioù Diabarzh. CD Alan STIVELL - "Liberté Roazhon"

Sur cette page, se succèdent 2 chroniques (les 2 CD et le DVD).

1 - Les 2 CD

Nous vous l’avions, alors, et bien en amont des deux dates programmées, annoncé au travers de la permanente rubrique dynamique « A L’AFFICHE » de notre page d’accueil : Alan STIVELL était en concert symphonique, le 7 avril 2022, à la salle « Le Liberté », de Rennes et, dès le lendemain, à la Salle Pleyel, à Paris.

Alan STIVELL et l'Orchestre National de Bretagne

Deux événements exceptionnels, marquant, quarante-deux ans après sa création live, précisément, le 3 Août 1980, au Festival Interceltique de Lorient, la reprise réarrangée et sublimée d’une partie de sa célèbre Symphonie Celtique. Sous titrée Tír na nÓg, soit  La terre de l'éternelle jeunesse, paradis gaélique, l’œuvre que le musicien celtique, se révélant déjà, à cette époque, d’évidente et prompte envergure internationale avait commencé à imaginer plus de vingt ans auparavant, apparaissait, alors, tissée aux confins des musiques celtiques, pop, folk, rock, world... et de la musique orchestrale. Cette Symphonie Celtique a été, initialement, enregistrée sur un double vinyle 33 Tours Keltia III – 88487, distribué par CBS et paru en 1980. Puis cette production Keltia III de 1979, a été rééditée, en Compacts-Discs, en 1987, sur Disques Rounder USA - 11523, en 1988, sur Disques Dreyfus FDM - 36196-2 édition, et en 2005, en version remasterisée, sur CD Keltia III - Harmonia Mundi distribution.

Nous ne reviendrons pas sur le fond détaillé de cette œuvre au concept universaliste qui présente, comme le précise Alan, à l’intérieur de la double pochette enserrant les deux 30 cm pressés à l’époque, trois tensions superposées à l'intérieur de chaque individu : « La tension individuelle du dépassement de soi, la tension communautaire vers un monde meilleur, sinon parfait, la tension universelle vers l’Absolu, l’Infini, Dieu » . En tant qu’enraciné et viscéral breton, toutefois, celte et citoyen du monde, célébrant, en quelque sorte, la diversité des cultures au travers de sa musique et de ses textes, Alan avait souhaité que ces derniers soient traduits et chantés en plusieurs langues : irlandais, breton, kabyle, sanskrit et tibétain. Au travers du reportage portant sur la création live, au F.I.L. 1980 que nous avions publié dans notre dossier Alan STIVELL, un musicien, une œuvre, vous retrouverez quelques éléments plus précis concernant cette fresque celtique, mémorables instants vécus, par son auteure, présente au légendaire stade du Moustoir, lieu estival et festif annuel de… celtitude !

Ce présent retour scénique de la Symphonie au Liberté de Rennes, en cette salle et notamment, magistralement accompagné par l’Orchestre National de Bretagne, placé sous la direction de Johannes LE PENNEC, ne s’est pas seulement contenté de, partiellement raviver, revisitée et transcendée, cette magnifique et majeure œuvre composée, en lead, jouée, sur une nouvelle harpe et chantée, par l’iconique musicien breton. Ce concert a aussi, permis à son créateur et aux musiciens et chanteurs l’entourant, de donner plus encore, à une sélection d’emblématiques titres ou à d’un peu moins connus du grand public, une plus ample expression orchestrale et vocale, tout en préfigurant la parution de ce double album qui prend pour référence cette prestation de Rennes, puisque titré « Liberté – Roazhon ». C’est donc, après « A l’Olympia (1972), « E Dulenn » (1975), « International Tour » (1979), « 40th Anniversary Olympia 2012 » (2013), un  5ème opus enregistré en public que nous vous présentons, au travers de cette chronique.

La genèse du projet trouve source en 2011, lorsque, le New Yorkais de Brooklyn, bassoniste de formation, diplômé de l’École Normale de Musique de Paris et arrivant à Rennes, Marc FELDMAN prend la direction de l’Orchestre Symphonique de Bretagne qui deviendra National, en octobre 2019. Comme la formation classique, par la suite, le fera avec plusieurs musiciens bretons, citons, Didier SQUIBAN ( Notre chronique), Dan AR BRAZ, Annie EBREL et le Duo HAMON-MARTIN ( Notre chronique)  … l’objectif du nouveau chef est de se rapprocher de la culture musicale de la région à laquelle est attachée la formation classique qu’il conduit.

Marc FELDMAN est intrigué et attiré par la richesse culturelle et l’éventail mélodique de cette originale Symphonie Celtique dont, depuis des années, Alan, vous le savez, ô combien, perfectionniste, souhaitait améliorer, encore, sa prime mouture et son exécution originelle. Fortement interpellé et séduit par l’idée du chef, mais manquant de temps de création au sein d’une dense vie artistique, telle que la sienne, c’est, en fait, la pandémie de la Covid-19 qui, une dizaine d’années plus tard, donne au fort créatif musicien breton le temps nécessaire pour, éclairé par les conseils du compositeur et arrangeur André COUASNOU, donner, en  profondeur, corps à de nombreux et nouveaux arrangements. Alan en profite pour, conjointement, concevoir des versions symphoniques de ses titres-phares, qui occupent, ainsi, les deux tiers du concert. Parallèlement, le musicien créateur réécrit aussi des textes dont il n’était pas entièrement satisfait ou qui, comme notifié dans le livret, ont mûri, ajoutant même un couplet au « Bro gozh ma zadoù » , l’hymne breton qui conclut, habituellement, ses concerts.

Notamment, dans ce contexte novateur, nous vous invitons à déguster, tout autant que la musique et les chants, la teneur du substantiel du livret de 48 pages, ponctué de quelques photos, parfois couchées sur doubles pages, et de deux rédactionnels, mais surtout enrichi des textes d’intention et des notes spécifiques qui, de la main d’Alan, éclairent et documentent chaque pièce donnée sur la scène du Liberté.

Pendant les près de 90 minutes de ce grandiose « spectacle sonore », parfaitement mis en espace par Nicolas QUERE et « illuminé » par le mastering de Benjamin JOUBERT, vous retrouverez Alan entouré de plus de 50 musiciens et invités de l’O.N.B., des 4 membres de son groupe, de 2 solistes, de 4 choristes, de 3 sonneurs de bombardes et whistles et de 2 sonneurs de cornemuses. Vous découvrirez la distribution complète, à la suite de ce papier numérique.

Comme vous le constaterez en parcourant la liste des titres constituant ce très attrayant et substantiel programme, énumération reprise, au bas de cette présente page, c’est comme embrassées par les parties réécrites de la Symphonie Celtique, que vous découvrirez pour certains, redécouvrirez pour d’autres, magnifiés, quelques pièces phares ou parfois moins connues d’un plus large et grand public. Et force est de constater que ce ne sont là, encore, que quelques titres qui font l’extrême richesse, la diversité, de l’immense et pérenne répertoire du Celtic harper hero. Dans l’unité artistique, musicale, parfois quasi-spirituelle du concert, ils s’agrègent parfaitement à l’esprit même, de la Symphonie Celtique n°2.

Pour chaque morceau écouté, nous revisualisons, inévitablement, des pochettes et des jaquettes qui ont marqué la vie de l’artiste… et la nôtre. Ce sont, en effet, des instrumentaux et des chants, avant qu’ils ne soient interprétés sur scène, que nous avons, pour la première fois, connus, grâce à une ample publication discographique, comptant, à ce jour, 25 albums originaux. Pour les plus anciens et, plus que jamais, fidèles d’entre-nous, par de telles présentes exigeantes et brillantes recréations scéniques, que de merveilleux sillons gravés, en face A et face B dans le noir vinyle, ravivés ! Pour la génération suivante de non moins fidèles admirateurs, que de précieuses pistes numériquement et optiquement pressées sur miroirs circulaires, revisitées ! Pour les jeunes aficionados, que de fichiers musicaux transcendés !

Au cœur de ce concert « Liberté-Roazhon », toutes générations confondues, vous retrouverez, en effet, des morceaux, que vous avez, souvenez-vous, avec fébrile impatience et fondamentale, indélébile passion pour cet immense et intemporel artiste breton, à leur première parution, attendus, édités sur disques ou fichiers numériques.

C’est ainsi que « Liberté-Roazhon » remet en novatrice lumière des instrumentaux et des chants parus sur les albums « Renaissance de la Harpe Celtique » (1971), « Reflets » (1970), « A l’Olympia » (1972), « Chemins de terre » (1973), « Harpes du Nouvel Age » (1985), « E Dulenn » (1975), « Brian Boru » (1995), « Back to Breizh » (2000), « Emerald » (2009), et « Human~Kelt » (2018). Dans un, toujours, trop court temps de concert imparti, vous en conviendrez, vous aurez, néanmoins, à votre oreille attentive, un large et judicieux choix rétrospectif qui laisse de côté, bien évidemment, beaucoup d’autres opus, d’autres pièces musicales et/ou chantées à savourer, tel que nous vous y incitions au travers de  notre article paru en juin 2024.

Ne nous demandez, surtout pas, de choisir au sein de ce sublime et monumental double album, telle ou telle séquence musicale. TOUT EST EXCELLENTISSIME, BRILLANT, PRENANT... « Prospectivement mémoriel » ! De l’ample lyrisme orchestral, acidulé des puissantes cornemuses qui font vibrer « Loc’h  – Lac Profond », avec sa nouvelle adaptation textuelle en algonquin-ojibwe (Amérique du Nord), en passant par le plus intime « Rory Dall », joué, en solo, sur la nouvelle harpe prototype, et comme le précise, dans le livret joint, Alan, en « hommage au grand harpiste irlandais et aveugle du XVIIème siècle, Ruaidri Dàll Ô Cathàin », tout est époustouflant et émotionnel. Avec des plaisirs renouvelés, nous passons, ainsi, de l’intense expression musicale collective insufflée par plus de 50 artistes, à une expression solitaire, finalement, tout aussi dense. « Rory Dall » : cet instrumental nous avait, déjà, sous le titre « Rory Dall's love tune », puisqu’à l’origine mélodie d'amour pour une jeune écossaise, interpelé en 5ème piste de l’artistiquement et techniquement novateur Compact Disc « Harpes du Nouvel Age » , paru en 1985,

Que dire, aussi, de la superbement mélodique pièce suivante, « A hed an nos – symphonique » , berceuse galloise que nous avions découvert, sous le titre « An Hirañ Noz – Noël, espoir – Ar hyd y nos» , en 10ème position de l’opus « Emerald » et dont nous avions retrouvé une autre version, cette fois, nommée « A Hed an Nos –  All Through The Nigh –  Durant toute la nuit », magnifiée, sur les nappes classiques de l'Orchestre Symphonique de Bretagne, pas encore National, par le duo vocal répondant ou fusionnant, d’Andréa CORR et Alan STIVELL. Mais… ne nous demandez, surtout pas, de choisir !...

Présenté dans un magnifique écrin, grand moment de musique métissée où passé et présent fusionnent, dans une nouvelle dimension, tour d’horizon d’un remarquable parcours artistique, linguistique et culturel, cet enregistrement, en public « Liberté – Roazhon » EDITION LIMITEE est un pur diamant taillé et poli par cet éternel et novateur orfèvre de la composition, de l’écriture, de l’universalisme… qu’est, entre autres, près de 60 ans après la parution de son premier 33 tours, ce singulier architecte d’un néo-celtique à géométrie variable, fusionnant des classiques occidentaux, des traditionnels ruraux d'ici et d'ailleurs avec du rock, jazz, folk, électronique, hip-hop, ambient…

« Liberté – Roazhon » EDITION LIMITEE, un double album, incontournable à vous procurer d’urgence.

Une fois, encore, trugarez vras, MONSIEUR Alan STIVELL !

Gérard SIMON

____________________ Distribution musicale ____________________

ALAN STIVELL Chant et psalmodie (Tibétain, breton, algonquin-objiwe, irlandais, gallois, anglais, français), et à sa dernière harpe celte proto. électro-acoustique, aux feaoduil (whiste) et bomnborde.

Orchestrations de tous les titres écrites spécialement par Alan STIVELL, avec les conseils et corrections d'André COUASNON.

SON EQUIPE MUSICALE : Gaëtan GRADJEAN : guitares, bouzouki, Ronan DESPRES : batterie, percussions, Loïc LOEW : basse, machines électroniques. Jessica DELOT : violon électrique

SOLISTES : Juliette CHEVALLIER : chant (Sanscrit, kabyle, irlandais, gallois, anglais, breton). Brewen FAVREAU : whistles, pib-ilin.

CHCEURS : Aurélie MARCHAND, Barbara MOUREAUX, Lionel BOURUIGNON, David POSTEL.

BOMBARDES ET WHISTLES: Tangi SICARD, Ange MOREAU, Eric QUEMERE.

CORNEMUSES : Loïc DENIS, Cédric LE BOZEC.

________________________________________________________________

Illustration sonore de la page : Alan STIVELL et l'Orchestre National de Bretagne.- «Beaj» (Symphonie celtique n°2) - Voyage Vers Les Espaces Intérieurs - Beaj d'an Egorioù Diabarzh.- Extrait de 01:00.

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine 

Les titres des 2 CD « Liberté - Roazhon » :

 CD 1 :

01. Symphonie Celtique n°2 - Beaj - Voyage Vers Les Espaces Intérieurs - Beaj d'an Egorioù Diabarzh.

02. Symphonie Celtique n°2. - Extraits Hiraezh et Beaj (suite).

03. Symphonie Celtique n°2 - Loc'h - Le Lac profond.

04. Ys - La cité sous la mer.

05. Eibhlin - Si je pouvais marcher à vos côtés Eileen.

06. Rory Dall (Tabhair dom do lámh).

07. A hed an nos - symphonique.

08. Son ar chistr - And cheers - symphonique.

 CD 2 :

01. Spered hollvedel - symphonique.

02. Delivrance - symphonique.

03. Cease fire - symphonique.

04. Brian boru - symphonique.

05. Pop-plinn - symphonique.

06. Symphonie Celtique n°2 - Gouel 1 (Galv) - La Fête - L'appel.

07. Symphonie Celtique n°2 - Gouel 2 (Sonas) - La Fête 2 - La joie.

08. Symphonie Celtique n°2 - Gouel 3 (Dorn-ha-dorn) - La Fête 1 - Main dans la main.

09. Symphonie Celtique n°2 - Gouel 4 (An Disoc’h) - La Fêe - Le Final.

/ Symphonie Celtique n°2 - An Chathair Ghleagheal (La cité de lumière) - Extrait.

10. Kimiad - symphonique (La fête - Le Final).

11. Tri martolod - symphonique .

12. Bro Gozh - symphonique - L'hymne breton, nouvelle version.

CD « Liberté - Roazhon » :

Parution : 8 novembre 2024.

Edité chez : VERYCORDS by Verygroup  .

Réf : 6022046463

2 - LE DVD

Inséré, en bonus, dans le Digibook « Alan STIVELL – Liberté - Roazhon » (EDITION LIMITEE) qui nous  offre la «  féérique » écoute de 2 Compact-Discs reprenant les titres du concert donné, le 7 avril 2022, au Liberté de Rennes ( Notre chronique)  , par l’iconique Celtic harper-hero breton, notamment et magistralement accompagné par l’Orchestre National de Bretagne, un DVD nous permet de découvrir un film documentaire inédit, réalisé sur l’artiste, par Damien STEIN.

Il ne s’agit aucunement d’une captation, ne serait-ce que parcellaire dudit concert symphonique précité, mais, bien distinctement, en 30 minutes, d’esthétiques images d’un fort intéressant et substantiel survol de l’itinéraire artistique de celui qui, comme, à la sortie d’un concert, le déclare un spectateur, dans ce vidéogramme, filmé, « a sauvé la culture bretonne ».

Pour vous qui, entre autres, par les pages en ligne de Culture et celtie, l’e-MAGazine, elles-mêmes, largement inspirées de l'univers de cet artiste d’exception, suivez toujours, s, largement inspirées de l'univers de cet artiste d’exception, suivez, toujours, avec la même pérenne et croissante passion, et depuis tant d’années déjà, cette figure de proue enracinée, mais universaliste, ce film vient, en quelque sorte, s’adjoindre, compléter, enrichir, encore, un film de 52 minutes, « Parcours » , réalisé, en 1996, par Philippe DEGORGES, vidéo originellement éditée par ARTE sous la référence EDV 236 (Voir la page de notre dossier  dossier Alan STIVELL, un musicien, une œuvre, puis repris, en 2004, au sein du coffret CD-DVD éponyme – Pathé Music-Dvd - 450936 ( Voir la page du même dossier). Celui-ci relatait les étapes d’un fort riche voyage au cœur de l'univers néo-celtique d'Alan STIVELL, un opiniâtre cheminement culturel, musical, linguistique, en Bretagne et en celtie gaélique, à la fois, mémoriel et prospectif, ponctué de rencontres avec les Sœurs GOADEC, Youenn SICARD, les SIMPLE MINDS, The FRAMES DC, Matt MOLLOY, Paddy MOLONEY des CHIEFTAINS, les DUBLINERS, Liam O'FLYNN, Breda MAYOCK…

Mais revenons au présent DVD. Au cours de cet excellent film conçu avec l’aide de la réalisatrice de reportages et de documentaires, autrice et productrice de formats originaux pour la télévision, Stéphanie ELBAZ, le réalisateur de clips, fictions et documentaires,  Damien STEIN  nous présente, en fait, en ses lieux de vie actuels, du Pays de Rennes à Carnac, un intime portrait du musicien.

C’est ainsi que nous retrouvons Alan en compagnie du producteur, compositeur, musicien breton et celtique, Pascal LAMOUR  et de l’artiste plasticien contemporain morbihannais et armélien, Claude PICARD-BRIAND (Voir site)  .

Au cœur de cette magnifique marée d’images, pertinemment illustrée par de très nombreux documents photographiques et d’affiches issus de la collection privée du harpiste, le légendaire et ancien guitariste d’Alan, Dan AR BRAZ, intervient, également, en évoquant avec une intense et, on le ressent, indélébile ferveur, le choc de sa rencontre musicale avec Alan : « En 66, un harpiste vient, comme dans cette salle de restaurant, s’installe ; sur un petit trépied, il met sa harpe, et puis, il commence à chanter des trucs, absolument, à tomber par terre ! Je me dis, mais qu’est ce que c’est que ce truc ? Comme j’ai dit souvent, c’est comme si Bob DYLAN, Paul SIMON étaient entrés dans la pièce…  Après, en 72, il y a eu l’Olympia… il y a eu avant et après l’Olympia, c’est clair. A partir de là tout a basculé pour la Bretagne, pour lui, pour nous ».

Le son magique, révélateur, pénétrant et déterminant s’échappant de la Telenn Gentañ que le père d’Alan, Jord COCHEVELOU conçoit en 1953, devenant, ainsi, la première nouvelle harpe bretonne marquant la renaissance de la harpe celtique, la revalorisation de la musique bretonne, l’explosion de la musique celtique, mais, aussi, les souvenirs d’enfance et de vacances à La-Trinité-sur-Mer pour un breton de Paris qui ne s’est jamais ressenti comme parisien, une Bretagne, de ce fait et, a fortiori, idéalisée comme un paradis sur terre, le lien des paysages avec les peintures de son père, l’approche poétique du milieu marin, la renaissance du fest-noz, les harpes prototypes dessinées par le musicien et puis, passant notamment par le Royal Albert Hall de Londres, tout le déroulé de la fantastique épopée créatrice et internationale d’Alan, dont vous connaissez les principales constantes et régulières vagues, mais dont vous pourrez, encore mieux en saisir l’essence… Que d’évocations autant viscérales que chaleureuses !

A mi-parcours du film documentaire, en compagnie de Claude PICARD-BRIAND qui souligne, de la part du musicien, son judicieux processus d’apports d’éléments musicaux extérieurs, au traditionnel, Alan revient, également, sur un point, à ses yeux, très important dans la compréhension de sa démarche, sur laquelle, souligne t’il, « on peut se tromper, parfois ». « On oublie les circonstances telles qu’elles sont, alors ; la situation de la culture bretonne était en mort annoncée. Il fallait sauver… participer au sauvetage de cette culture, avant toute chose. Dans un monde où il n’y aurait pas eu besoin de sauver cette culture, je pense que je serais dans la création pure ; je n’aurais, peut-être, fait aucun arrangement sur du traditionnel. Le fait de l‘avoir fait et qui me satisfait beaucoup m’est, en fait, imposé par la situation », précise t‘il.

Une quasi-spirituelle et vraiment céleste séquence de ce DVD vous attend, également, lorsque vous découvrirez les très belles lumières des images additionnelles de Thomas BAILLY, tournées, à proximité de l’édifice, puis, lors d’une balance- son, suivie d’extraits de l’un des deux concerts intimistes, donné en la Cathédrale de Tréguier, où Alan, magnifiquement, chante, joue de la harpe et du whistle, accompagné, aux claviers, par Tangui MIOSSEC. Des instants suspendus suivis, en sortie de concert, de témoignages, tout aussi, gracieux.

« Des nerfs de la guerre à l'air de la paix si un dieu enfin peut bénir l'amour, Douzh nerzh ar c'hadoù da nerzh an dihan ha bennozh doueek ar c'haroud ». (Brian Boru in french – Version « Back to Breizh » - 2000).

Ne désirant, absolument pas, gâcher votre plaisir de découverte, nous arrêterons là, notre présentation, déjà bien longue, qui reste, malgré tout, bien elliptique, quant à la richesse des propos nourrissant ce passionnant vidéogramme.

Vous trouverez, suite à cette chronique, les libellées des bancs-titres qui sont insérés en cours de film, afin de mieux percevoir, le contenu chapitré de cet exceptionnel documentaire.

Pour illustrer notre page, nous aurions pu publier, tout en respectant la déontologie des citations de presse, notion qui nous est chère, un très court montage vidéo. Nous avons choisi de n’extraire que quelques image arrêtes du film, préférant, toujours la promotion, au pillage des œuvres.

Bon voyage dans la magie et l’inspiration de l’univers… « universel », stivellien.

Pour tout cela, trugarez vras, Alan. A galon.

Gérard SIMON

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