Ce jeudi 16 juillet, nous revoilà donc sur la route de Carhaix dans le flot interrompu depuis Lorient de voitures à destination du 24e festival des Vieilles Charrues, cet évènement hors normes qui attire des dizaines de milliers de participants dans la capitale du Poher pour 4 jours de concerts en tous genres.
Première étape : la pose du bracelet, sésame qui ouvre les portes du site avec cette année une nouveauté qui me laissait interrogatif jusqu'à ce que j'en use: la puce Moneiz qui permet de tout régler dès qu'on est à l'intérieur de l'enceinte. Un peu d'embouteillage aux entrées pour obtenir la désormais célèbre puce et je dois dire qu'après usage, cette nouveauté est bien pratique et facilite la vie des festivaliers et des bénévoles à l'½uvre sur les différents stands du festival.
Seconde étape : l'inauguration juste à l'extérieur des entrées du site avec aux manettes le maire de Carhaix, Christian Troadec, et le président des Vieilles Charrues,Jean-Luc Martin, accompagnés de Jean-Michel Le Boulanger, vice-président de la région Bretagne en charge de la culture, et du directeur du festival Jérôme Tréhorel : au-delà du rituel du sillon tracé sous la férule des frères Morvan, c'est toujours l'occasion de discours bien sentis sur la culture, la Bretagne, et cette année, on aura donc entendu un plaidoyer pour la réunification de la Bretagne, un poème d'Armand Robin appelant à la résistance, une dénonciation du poids de l'Etat, etc... Bref, on entre tout de suite dans l'ambiance d'un festival qui est tout sauf aseptisé. C'est aussi l'occasion de "sentir" l'ambiance de l'année à venir et cette édition 2015 n'y manque pas avec un violent parfum de pré-campagne électorale pour les élections régionales avec la présence de poids-lourds de la scène politique bretonne, de Christian Troadec à Jean-Michel Le Boulanger donc, mais aussi de Marc Le Fur à Daniel Cueff, de Lena Louarn à Richard Ferrand, de Christian Derrien à Nil Caouissin ou Christian Guillemot. Ne manquait donc que ... Jean-Yves Le Drian.... De quoi échanger et discuter autour d'un verre de Coreff ou autre breuvage en espérant des jours meilleurs pour la Bretagne après ces prochaines élections.
De retour sur le site de Kerampuilh ce vendredi et cette fois-ci en famille, plus jeunes et plus vieux, direction la scène Gwernig pour voir à quoi ressemble cette "Grande Tribu Gwernig" formée pour rendre hommage au grand Youenn : des musiciens de talent, une émotion certaine et une version de "E kreiz an noz..." particulièrement novatrice et prenante. Reste qu'on sent qu'il s'agit d'un jeune projet qui mériterait quand même quelques retouches.
Un peu plus loin, à l'écart, l'école de gouren de Carhaix propose de rapides initiations à la lutte bretonne à de courageux festivaliers qui sans crier gare se retrouvent les pieds en l'air, la tête en bas, et pour finir à plat dos dans la sciure. C'est aussi ça les Vieilles Charrues, l'opportunité de découvrir divers aspects de la culture bretonne. En résumé, de Muse au gouren, toute cette ambiance qui fait le succès renouvelé de ce festival atypique.
Cette fois-ci direction la grande scène Glenmor pour découvrir ce qu'on annonçait comme un évènement québécois, Pierre Lapointe. Je résumerai par belle voix, belle gueule, humour curieux et pour tout dire tout ça un peu ennuyeux mais j'avoue que ce style genre "chanson française" a tendance à m'ennuyer rapidement mais çà a un côté utile.... c'est reposant et permet de se préparer au marathon qui va suivre. Bon d'accord, je suis un peu de mauvaise foi mais ce n'était quand même pas très emballant...
Après cet intermède de calme sinon d'ennui, nous voilà repartis vers la scène Kerouac pour découvrir un groupe inconnu de moi, "Caravan Palace", groupe français qui a... une pêche d'enfer avec son électro-swing super joyeux. Cette caravane a mis en transes les 10, 20 ou 30 000 personnes qui ont accouru au son de sa musique super-énergisante. Et hop tout le monde de s'agiter , de sauter, de danser, le pied quoi .....Un vrai régal.
Après ce moment très plaisant, il est temps de prendre position devant la scène Kerouac en prévision de l'arrivée du légendaire Tom Jones et d'aller au ravitaillement. L'occasion de redire tout le bien que je pense du système Moneiz qui est vraiment très très pratique. Amusant de voir l'arrivée des "fans" de Tom Jones : un bon contingent d'Anglais et de Gallois, des jeunes, des vieux, des moins jeunes, des moins vieux, un public très divers et l'on sent bien que le "petit gars de Pontypridd" a marqué plusieurs générations en 50 ans de carrière et 100 millions de disques vendus. En parlant de Pontypridd, petite ville d'une ancienne vallée minière du sud-est gallois, c'est là qu'a été créé l'hymne national gallois au XIXè siècle qui donnera lui-même naissance à l'hymne national breton, le Bro Gozh en 1903. Autre célébrité chantante du XXè siècle originaire du même lieu, Shirley Bassey, ce qui confirme que le chant est une véritable religion à ... Pontypridd.
Bref, pour en revenir au King of Wales, Tom Jones, j'ai pu constater par le passé qu'outre-Manche, il s'agit véritablement d'une légende vivante, un monstre sacré respecté par tout le monde, artistes et public, la question étant donc quel sera l'accueil qui lui sera réservé sur une terre beaucoup moins sensible à son "aura" comme Carhaix ? Divine surprise, le show Tom Jones fonctionne au quart de tour et le Gallois emballe la foule qui a grossi considérablement (quand on est au milieu, impossible d'estimer le nombre...) et fait danser tout le monde sur ses hits indémodables ; et encore mieux, voilà donc que la plus jeune génération connaît aussi les paroles.... Certes, on n'en était pas à la qualité d'un ch½ur gallois mais ça chantait à tue tête ... "Sex Bomb" recueillant le plus de suffrages, pas très étonnant d'ailleurs. Et la star galloise de prendre visiblement un grand plaisir à cette prestation rajoutant rappel après rappel. Un seul mot : super ! great! fiskal !
Bon comme d'hab aux Vieilles Charrues, on discute avec les voisins et là, je dois dire que ce fut un peu cata .... "Ah? Il est gallois Tom Jones ? ". "C'est où le Pays de Galles?" ..... Y a du boulot niveau culture générale ...
Après cette prestation galloise super appréciée par toute la petite famille, direction un endroit plus cool pour se poser du côté de la scène Gwernig pour manger une crêpe et boire un verre de .... champagne. Et oui, aux Vieilles Charrues, il y a même un stand qui propose du champagne. La belle vie quoi !
Et ensuite, dispersion, les plus jeunes vont voir "Salut c'est cool" et nous "Christine and the Queens", Christine la nantaise. J'avoue que j'ai un peu de mal : c'est beau à voir et à entendre, c'est vraiment chiadé mais ça reste un peu froid sinon quelque peu glacial mais il en faut pour tous les goûts, n'est-ce pas ?
Que dire en conclusion de ce passage prolongé aux Charrues 2015 ? Vivement l'année prochaine pour les 25 ans de ce festival hors normes ! Si U2 voulait bien y venir .... ce serait géant :=)) et un super clin d’½il à l'Irlande en cette année 2016 tellement symbolique pour les Irlandais et les amis de l'Irlande ... (voir le site)
Jacques-Yves Le Touze
A part la musique
Ce que j'ai aimé : le site, sa décoration, son confort, le système Moneiz, la gentillesse des bénévoles.
Ce que j'ai moins aimé : les deux grandes scènes Kerouac et Glenmor sont trop proches l'une de l'autre, le son de la scène Grall aussi empiète sur celui de la scène Kerouac ; la place de la langue bretonne est un peu bizarre, c'est tantôt bilingue, tantôt ça ne l'est pas... Au risque de me répéter, une signalisation bilingue doit être systématique et en celà, les Charrues ont encore un effort à faire.
Ce que j'ai regretté : que l'on n'offre pas un Gwenn-ha-Du à Tom Jones sur scène, ça aurait fait une super photo et une super promo pour la Bretagne outre-Manche.... Que le discours du directeur du festival lors de l'inauguration soit aussi peu "breton" d'esprit...
Pour voir des photos et videos complémentaires sur mon blog : (voir le site)