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- Chronique -
Agir pour sauver notre toponymie bretonne
Le collectif du 1er juin vient de solliciter un rendez-vous auprès du Président de la région Bretagne pour initier une demande d'inscription sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité. Si nous voulons sauver la toponymie en langue bretonne, il faut agir !
Par Yvon Ollivier pour Yvon Ollivier le 13/09/24 15:14

La toponymie en langue bretonne ne cesse de reculer depuis des décennies. La loi 3DS a accéléré le processus de francisation de nos campagnes par l’obligation de donner un nom à toutes les rues. Des toponymes hors sol prennent la place de nos vieux noms de hameau en langue bretonne qui disparaissent de l’adressage. L’association Koun Breizh a reçu quantité de courriers de personnes attristées d’avoir perdu leur vieux nom de lieu-dit.

L’urbanisation croissante conduit à la création de lotissements sur des champs nommés en breton. Personne ou presque n’a l’idée de donner dans ces nouveaux lotissements des appellations en langue bretonne ou gallèse.

Nous connaissons les difficultés des maires. Confrontés à l’obligation de modifier l’adressage, ils délèguent la mission, moyennant quelques milliers d’euros, à la Poste qui n’a que faire de nos considérations linguistiques. Ce sont les Bretons qui paient aujourd’hui pour débretonniser leur territoire !

Et nous ne pourrions rien faire ? Au nom de quoi faudrait-il se résigner ? Parce que l’école de la république nous a appris que le français était la « langue supérieure » ? Parce que ceux qui viennent d’ailleurs ne connaissent pas le breton ? Parce que ce sont les communes qui sont compétentes et pas la Région ?

La lutte pour la préservation de notre toponymie est un combat contre la bêtise. Il n’y a rien de plus stupide que de remplacer un nom de lieu-dit millénaire, et chargé de sens en breton, par une « rue des lilas ».

Notre toponymie témoigne de nos racines et de ce qui nous relie en tant que breton.

C’est aussi pour cette raison que certains veulent la voir disparaître.

Mais les Bretons veulent la préserver. Ils l’ont démontré de multiples manières, en écrivant, en créant des comités locaux, en organisant des conférences ou en saisissant l’Unesco.

Pour sauver une langue, il faut une volonté. C’est ce que des associations rassemblées dans le collectif du 1er juin demandent à la région Bretagne aujourd’hui.

Si le critère de l’extrême urgence n’apparaît pas suffisamment caractérisé, l’Unesco considère que notre toponymie bretonne participe du patrimoine culturel immatériel de l’humanité et appelle les pouvoirs publics à la sauvegarder.

Il en résulte que la voie normale d’inscription de la toponymie bretonne –article 16– sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité reste ouverte. Les associations réunies dans le collectif du 1er juin viennent de solliciter un rendez-vous auprès du Président de la Région Bretagne, M. Loïg Chesnais-Girard, pour que l’Etat soit saisi et accepte de proposer à l’Unesco l’inscription de notre toponymie sur cette liste.

Cette reconnaissance symbolique contribuerait à renforcer la considération que l’on doit à notre langue et qui manque trop souvent cruellement.

Il faudra encore lister les dommages occasionnés à notre toponymie et initier un plan de remise en état.

Pour sauver notre langue, il faudra une volonté politique qui fait encore trop souvent défaut. Lorsque la Bretagne ne résiste pas, elle s’efface. Nous sommes à un tournant de notre histoire, alors que tant de structures bretonnes, comme Diwan, connaissent de graves difficultés financières.

C’est par une volonté forte et de tous les instants que nous sauverons nos langues.

Yvon Ollivier

auteur

Président de Koun Breizh

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Yvon OLLIVIER est juriste, auteur de l'ouvrage "la désunion française essai sur l'altérité au sein de la République" ed l'harmattan 2012 et membre de la coordination des juristes de Bretagne blog associé desunion-francaise.over-blog.com
[ Voir tous les articles de Yvon Ollivier]
Vos 9 commentaires
KLG Le Vendredi 13 septembre 2024 18:29
Les associations bretonnes se doivent d'internationaliser la question bretonne, cela est même capital. Cela peut infléchir la position de Paris. Ce sont des actions bien plus utiles qu'implorer, quémander à Paris (sans rapport de force).
Là le souci c'est que l'on s'adresse à l'UNESCO, une organisation internationale dont le siège est à Paris, dirigée actuellement par une énarque. C'est un peu le soft power parisien en réalité, qui ne sera pas en notre faveur très clairement.
La position de l'UNESCO est bien trop fuyante pour être honnête. Que leur faut-il de plus ?
Il est plus facile de critiquer que d'agir, certes, mais vous ne pouvez pas vous satisfaire de cette réponse de l'UNESCO. On dirait une réponse du Conseil départemental de Loire-Atlantique ou de l'Education Nationale après une fermeture de classe bilingue.
La situation de la langue bretonne et des noms de lieu n'est-elle pas désespérée ?
(4) 
Anne Merrien Le Vendredi 13 septembre 2024 19:16
Demander à l'Etat d'entamer des démarches pour inscrire la toponymie bretonne au patrimoine immatériel de l'humanité : ils n'auraient pas pu trouver ça tout seuls au CR B4 ?
(0) 
Kristen Le Vendredi 13 septembre 2024 23:39
Il est très important que le Conseil Régional B4 et le Conseil Départemental de Loire-Atlantique réagissent vite, et que soit créé dans chaque commune un groupe de toponymie à l'initiative des maires.
Ces derniers sont les seuls vrais décisionnaires, mais aux deux Conseils de lancer le chantier.
L' attentisme, la paresse coupable et l'ignorance choisie favorisent l'action du rouleau niveleur.
Oui il y a urgence.
(1) 
KLG Le Samedi 14 septembre 2024 11:28
" ll est très important que le Conseil Régional B4 et le Conseil Départemental de Loire-Atlantique réagissent vite, et que soit créé dans chaque commune un groupe de toponymie à l'initiative des maires."
Ils n'en veulent pas de votre combat toponymique breton.
Ils veulent des écoles Rosa Parks et des rues François Mitterrand dans chaque commune.
(0) 
Kristen Le Samedi 14 septembre 2024 20:01
'' Ils n'en veulent pas de votre combat toponymique breton.'' :
Ce n'est pas de moi, mais '' toute situation résulte d'un rapport de force '' ... à créer.
(0) 
Anne Merrien Le Dimanche 15 septembre 2024 13:57
Quelle définition donne l'Unesco de la toponymie bretonne ? Quels critères linguistiques appliquer ? Prenons l'emblématique Plou- : c'est du latin (plebem). Son introduction dans la langue bretonne date d'avant même la langue bretonne, durant les trois siècles de l'occupation romaine de la Bretagne insulaire. Le mot associé à Plou- peut-être d'origine latine (Plescop
(0) 
De Anne Merrien à Anne MerrienLe Dimanche 15 septembre 2024 21:13
Utiliser des flèches n'a pas plu à l'algorithme : tout est à recommencer, de mémoire, avec de vraies phrases cette fois. L'origine latine peut ne pas se limiter à Plou- comme pour Plescop (episcopus), Plouisy (itus), Ploubezre (Petra), Plougoulm (Columba), Plouzané (Sanus), Ploumoguer ou Ploumagoar (maceria). On peut aussi trouver le grec Esugenios dans Pléven et Ploéven, ainsi que des noms hébraïques dans Ploujean et Ploudaniel. Les noms celtiques Namantorix, Cunomaros, Cunobelinos, Artomaglos se retrouvent dans Plounéventer, Plougonver, Plougonvelin et Plougoumelen, Plouarzel et Ploërmel. Le plus simple serait d'appeler toponymie bretonne l'ensemble des toponymes de la Bretagne historique, y compris ceux d'origine romane (Morlaix) ou d'origine obscure (Quiberon). Mais en ce cas, pourquoi l'Etat limiterait-il sa demande d'inscription à la Bretagne ? Il semblerait qu'en France la toponymie ne fasse l'objet d'aucune protection. Pas nécessaire ailleurs que chez nous ? C'est qu'en Bretagne, des maires ne s'en soucient pas, s'il n'y sont pas carrément hostiles. Ils voudraient que la Bretagne soit une sorte de Berry sur mer.
(0)
Naon-e-dad Le Dimanche 15 septembre 2024 16:50
Se balader dans la compagne bretonne est et restera un vrai voyage, un régal, du point de vue linguistique...un plaisir gratuit et qui met du baume au coeur.... tant que les panneaux bretons subsisteront !
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Notamment les panneaux de village ou de ferme ou de hameau, que La Poste préfère appeler indistinctment "lieu-dit" dans son jargon administratif.
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La situation s'était améliorée ces dernières décennies (redressage de certaines orthographes approximatives, ou pose de panneaux bilingues) ici et là au long de nos petites routes (très) secondaires. Une vraie bouffée d'oxygène ! Et une leçon de choses ou de vie. Tant la poésie, le sens de l'observation, la justesse du regard, parfois la mémoire de l'histoire ou de ses habitants, éclatent en florilège – je ne donne pas d’exemple: presque tous ces noms ont valeur d’exemple - dans ce trésor inouï venu des siècles précédents. Alors le « pays » était habité, apprécié, détaillé, connu. Je ne vois pas d’équivalent dans le reste de la France, pas à cette échelle, ou avec ce degré de magnificence...La toponymie bretonne est un trésor, unique et gratuit.
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Peut-être, me direz-vous, faudrait-il connaître la langue pour apprécier à cet habillage civilisationnel, pluri-séculaire voire millénaire ? Pas sûr.. Je pense même l’inverse.
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Ces noms peuvent paraître insolites ou détenteurs d’un secret. Dans la grande généralité des cas, le sens n’est ni caché ni déformé ou à peine, ce qui est étonnant. Ce grand dictionnaire du paysage est offert au visiteur. Il suffit de traduire directement ou à défaut de se documenter a-minima. Ces panneaux peuvent ravir le lecteur, visiteur de passage, même si celui-ci ne les comprend pas. Ils participent de l’ambiance et du voyage. Du dépaysement ? Plutôt de l’ « empaysement », la mise au diapason du pays, de la respiration ventrale du pays...
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Risquons un parallèle. Comme l’on peut goûter une chanson étrangère sans en capter le sens, on peut ainsi goûter une chanson bretonne, alors même que l’on ne connaît pas ou peu la langue bretonne. Les enfants de dix ans savent cela, qui s’exercent à capter des bribes d’humanité partout. C’est cela la culture. Dénicher l’humanité.
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De même l’on peut goûter ces panneaux mystérieux. Culture gratuite. Pour l’apprenant ou le curieux, ils sont, par leur simplicité, un excellent outil pour acquérir du vocabulaire et parfois pour vérifier quelque particularité locale (variation lexicale ou phonologique). Dans l’idéal, ils sont comme un prétexte, un appel à découvrir les bases de la langue bretonne. Ils plongent leurs racines loin, loin sous la verdure. Comme un enfant de dix ans, l’adulte voyageur peut ainsi savoir ce qu’il y avait avant (avant lui). Et ressentir le plaisir de grandir.
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Qu’est-ce qui empêche La Poste d’en tenir compte, d’accueillir et de protéger ce trésor universel ? Rien, rien sinon l’ignorance (peut-être), ou alors (plus sûrement encore) une volonté destructrice, l’ivresse nucléaire de tout raser (et je sais que cette remarque entre en résonnance avec ce qui se passe à l’autre bout de l’Europe). Inacceptable.
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Ne laissons pas faire. Défendons, défendons le pays. En d’autres occasions, assez récentes, la Présidence de Région n’a pas craint d’afficher et de déclarer en public sa sensibilité sur tel ou tel aspect de la question bretonne...
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Aujourd’hui, l’on comprend que, dans cette affaire, il s’agit d’abord de contact et de décision à haut-niveau (au niveau régional, conjointement avec La Poste).
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On comprend qu’il s’agit aussi de coordination, et de soutien technique aux acteurs de terrain (les communes). L’affaire est avant tout culturelle et politique (au sens noble du terme). Ne pas détruire ne coûte rien. C’est juste une attitude de fond. Le respect est gratuit. Il est aussi salvateur.
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Je ne veux pas croire à la barbarie de La Poste, au saccage barbare induit par La Poste (d’autant qu’un de ces représentants s’est exprimé là-dessus, dans le Morbihan, il y a quelques mois seulement). Une entente devrait donc être possible, et reste à entériner officiellement.
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Actuellement l’attitude de La Poste est contraire (dans l’esprit et la lettre) à la loi 3DS), nous a-t-on expliqué en public.
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L’affaire mérite donc d’être portée au niveau européen (ou international : UNESCO) pour rappeler les acteurs technocratiques étatiques à une plus juste mesure de la situation et à leur responsabilité. Je répète : on ne saccage pas un pays. Et toute entreprise a vocation à être citoyenne.
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Ra vleunio an anvioù hengounel, dispar, sevenadurel, e brezhoneg dre ar vro (er maezioù, e kerioù). Ra vevo ar vro !
(1) 
jakez Lhéritier de Sant Nazer Le Lundi 16 septembre 2024 15:09
Envisageons une campagne d'affichage- type Plogoff dans les années 79/80, avec des affichettes recouvrant les panneaux d'entrée des villes .
j'en parle à Saint Nazaire ,pour recouvrir les plaques de rues qui ont remplacé les anciennes ou qui sont des plaques colonialistes.
Cela ne coute pas cher et c'est visible.
En international:
créer un groupe politique qui se positionne dans les institutions et porter plainte .
Une manifestation au CR B4 et CD du 44 est à programmer.
(0)  Envoyer un mail à jakez Lhéritier de Sant Nazer
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