Comme beaucoup de compatriotes, élevé dans la religion catholique, gamin, j'ai chanté le cantique : « Sainte Anne, ô bonne mère, Toi que nous implorons Entends notre prière Et bénis tes Bretons »
Et comme tout le monde, à la messe, j'y mettais tout mon coeur, pas peu fier qu'Itron Santez Anna, notre sainte patronne, ait une affection particulière pour ses Bretons. Or le mécréant que je suis devenu, a appris tout récemment que le cantique en question a été révisé, passé à la moulinette du « politiquement correct ». En effet, on doit chanter désormais :
« Sainte Anne, ô bonne mère, Vers toi montent nos chants Entends notre prière et bénis tes enfants »
Je me suis renseigné depuis, cette initiative n'es pas le cas isolé d'un curé taliban brittophobe. C'est une directive prise d'en haut, elle date de la venue du pape à sainte Anne d'Auray, le 26 septembre 1996. L'affaire n'a rien de religieux ni de théologique, elle est politique et gallicane. Suivez bien le raisonnement : la Bretagne fait partie de la France. Ce pays, « fille aînée de l'Eglise » a une (seule) sainte patronne : Jeanne d'Arc (le Pen le sait bien). Il n'est pas question qu'une partie de la population française vivant à l'ouest du pays, ait une autre sainte patronne, francisation oblige. Sans doute faudrait-il reconnaître alors que la Bretagne n'a pas toujours été française ? Il pourrait être dangereux pour l'unité française que les Bretons s'en souviennent. Je m'étonne quand même que les catholiques de mon pays aient accepté la révision de leur cantique sans mot dire. Ils sont quand même capables d'organiser de grands pardons qui mobilisent toujours les foules : Ste Anne d'Auray, Ste Anne-la-Palud, le Folgoët, Tréguier, la Troménie de Locronan etc... Ils ont même réactivé les Tro-Breizh tombé depuis des siècles dans les oubliettes. N'y aurait-il donc plus de petits curés, proches du peuple, capables de s'opposer aux 5 monseigneurs Duparc des diocèses bretons ? Notons au passage qu'il a fallu les écoles Diwan pour que l'école publique crée sa filère bilingue Div Yezh et un temps de retard pour que l'enseignement catholique se mette au bilinguisme. Encore que, si je m'en tien à la fréquence des grèves de la faim de Yannig Baron, le président de Dihun, il semble bien qu'il soit encore plus difficile d'ouvrir une école bilingue dans l'enseignement catholique que dans le public... aussi difficile que pour un chameau de passer par le trou d'une aiguille ?