C'est un énorme pavé dans la mare des promoteurs de la grande vitesse ferroviaire qui vient d'être lancé lors des conclusions des assises ferroviaires du 15 décembre.
C'est aussi une victoire pour la Fédération ALTO qui demande le moratoire du projet LGV Bretagne-Pays de la Loire depuis plusieurs années.
Les conclusions de ces assises sont sans appel : trop de dépenses pour un réseau à grande vitesse inefficace et sans perspectives à long terme. La commission souligne « l'Essoufflement du modèle TGV la crise de croissance du TER, le déclin ininterrompu du fret ferroviaire, la dégradation de l'état du réseau classique, la course irraisonnée à l'extension du réseau à grande vitesse » . En 30 ans, les investissements dans le développement du système TGV-LGV ont plombé les finances des entreprises ferroviaires.
Surtout, en ne prenant en compte que la réalisation des quatre grands projets de LGV en cours ou en
voie de réalisation, l'endettement du secteur devrait quasiment doubler en l'espace de quinze ans.
La commission insiste sur la nécessité d'un moratoire sur les projets LGV, mentionnant déjà l'opportunité du projet de contournement Nîmes Montpellier.
C'est donc bien, à mots couverts, de l'ensemble des projets en cours dont il s'agit, précisant à propos de ces derniers « qu' une meilleure prise en compte de l'évaluation
socioéconomique des projets, à confier à une expertise tierce » semble nécessaire.
Pour la FÉDÉRATION ALTO, la Ministre des transports doit, pour donner de la crédibilité à son action, s'atteler dans les semaines qui viennent à prononcer un moratoire des projets LGV. Avancer sur des alternatives, faire comprendre à l'ensemble de la classe politique régionale de Bretagne et des Pays de la Loire que d'autres solutions sont nécessaires et possibles, diligenter une expertise indépendante est maintenant le chemin incontournable que préconise la FÉDÉRATION ALTO.
Addictes du tout TGV, ne ménageant pas ainsi les « finances publiques » fruits des impôts de leurs administrés, ces 2 régions ont voulu elles aussi avoir les parts du gâteau LGV pour le bien de leur territoire.
Fausse route dénoncée par la fédération ALTO dès 1997 qui proposait alors une alternative pendulaire sur l'ensemble d'un réseau grand Ouest régénéré.
Aujourd'hui, ce serait un milliard d'euros payé par les contribuables Bretons pour faire plaisir au lobby politique et commercial Rennais (Fin du prolongement de ligne nouvelle).
Quelle sera aussi la position du conseil régional de la région administrative Pays de la Loire face à une dépense de plus de 100 millions d'euros pour ce projet ? Car le seul aménagement structurel pour les Pays de la Loire reste bien faible ! Au-delà de la gare de Sablé sur Sarthe en restructuration (Fief historique de François FILLON), une portion de ligne nouvelle entre Sablé et la Future LGV (hors projet d'origine), a été décrochée par la région et rattachée au projet global.
Malgré des études d'impact négatives au point qu'elles ont été renouvelées à plusieurs reprises pour les rendre un peu plus crédibles, cette « virgule de Sablé » est une bien maigre consolation pour la région administrative Pays de la Loire. Moyennement appréciée du côté de Rennes car la mixité de cette portion (TGV-TER-FRET) modifiera fortement les trafics envisagés à l'origine du projet (perte de sillons LGV vers la Bretagne, donc augmentation des temps de trajet vers Rennes).
Les 3.4 Milliards d'euros à l'origine de ce projet, revus régulièrement à la hausse, ne peuvent être des investissements de prestiges pour satisfaire on ne sait quels caprices régionaux.
Les majorités de gauche de ces régions, respectueuses d'un développement écologique et social réfléchi des territoires, devront se concentrer sur des outils structurants mieux adaptés au bénéfice de tous. D'ailleurs, comme le souligne la commission des assises ferroviaires, « La question des dessertes terminales actuellement assurées par TGV est éclairante des enjeux posés ».
Elle insiste sur « l'importance du coût du matériel roulant apte à la grande vitesse (plus de trois fois supérieur à celui du matériel TER) ». Ceci « ne justifie pas son utilisation sur les parcours en bout de ligne au vu des très faibles taux de remplissage constatés », préconisant « une substitution de l'offre par TER ../..beaucoup plus efficace »
Aujourd'hui, le projet LGV Bretagne – Pays de la Loire ne servirait que Rennes. La desserte rapide un temps envisagée entre Nantes et Rennes n'a pas été reprise par Réseau Ferré de France, l'éventuel futur aéroport de Notre Dame des Landes, objet de nombreuses controverses légitimes, reste incertain et sans intérêt pour un TGV cul de sac à Rennes.
La FÉDÉRATION ALTO, sur les nouvelles perspectives ouvertes par les conclusions des assises ferroviaires demande à la Ministre des Transports d'accélérer le processus de moratoire, et aux régions administratives Bretagne et Pays de la Loire, de mettre fin à cette hémorragie sociale et territoriale déjà bien engagée. La réflexion d'une alternative à la grande vitesse pour le grand Ouest doit être mise en place sans attendre.