A l'occasion du festival de la Parole Poétique, Jean-Luc Raharimanana, poète et auteur malgache habitant à Tours, faisait une lecture à la médiathèque de Quimperlé. Après une conférence de Jacques Bayle-Ottenheim et la création musicale de Roland Vendroux, le jeune poète devait donner au public une image bien peu conventionnelle de la culture malgache.
Daniel Defoe, Marco Polo, Galieni, l'imagerie européenne, occidentale, il s'en moque. Pour lui : "les peuples colonisés n'ont pas d'histoire", c'est pour cela que poète, il se doit d'être d'abord historien. Pour rétablir le temps de son peuple : le temps des rois, le temps des reines, le temps des Anglais, le temps des Français, le temps des canons et des soldats qui tuent et terrorisent, le temps des indépendances ... Et le temps d'aujourd'hui, le temps de son père torturé alors que justement il parle de l'histoire de Madagascar à la radio.
Auteur de pièces sulfureuses (la dernière a été produite à Avignon cet été), il a vu interdire sa première pièce à Madagascar et le rectorat a suspendu un enseignant qui avait fait étudier une de ses nouvelles sur l'île de la Réunion.
Sa parole est précieuse, sa poésie est une "clameur" comme le disait Ferré. Elle chante l'amour et un personnage mythologique malgache qui vient du ciel : la fille de Dieu est au ciel, où il n'y a que des étoiles et son père et elle s'ennuie. L'origine du peuple malgache est attribuée à un jeune homme qui est allé chercher la fille de Dieu. Elle a apporté le riz, la culture, le feu, l'eau, c'est elle qui a installé la civilisation. Dans ses poèmes, d'amour et de révolte, pour la femme aimée ou le pays perdu (ou les deux ? ) on retrouve ce personnage féminin, appelé Zâ, ou encore Nour. Le public a eu ce rare plaisir d'entendre un grand poète.