Christian Obeltz est un homme sérieux, un homme de terrain, mais aussi un homme de dossiers. Il va au fond des choses et sait s’entourer.
Lors de cette conférence-débat organisée par le collectif les Soulèvements des_Pierres https://m.facebook.com/p/Le-Soul%C3%A8vement-des-Pierres-100095438387186/ (dont font partie l’association Sites &_Monuments https://www.sitesetmonuments.org/carnac-amenagements-brutaux-aux-abords-des-alignements-de-menhirs Menhirs libres et Koun Breizh https://memoire-de-bretagne.bzh/ ) dans cette très belle salle (mais un peu froide) du Petit-Théâtre de Auray, devant 70 personnes. Il s’est attaché à faire un historique des menhirs détruits en Bretagne. Il a ensuite démontré que les menhirs du site de Montauban en Carnac étaient bien, oui, des menhirs et non des simples pierres.
La datation des plus anciens menhirs remonte à –7400 avant aujourd’hui. Et, devinez, les plus anciens d’entre eux se trouvent de part et d’autre de ceux détruits, sur le site de Montauban.
Le mépris
L’énumération des menhirs détruits et la raison de leur destruction sont éloquentes du mépris des pouvoirs publics français à l’encontre de notre passé. Oui, ces pierres font ciment de notre culture. C’est peut-être la cause de ce mépris.
Ce qui a provoqué ce cri du cœur d’Eugène Riguidel ( voir notre article ) : « Laissez les Bretons honorer la mémoire de leurs aïeux » en ouverture des travaux.
Il convient toutefois de noter qu’en 1849, un cadre de la SNCF s’était fait licencier pour avoir fait déplacer des menhirs afin que la ligne fût bien droite. Autres temps, autres mœurs.
Des aberrations au nom du tout pognon
Nous avons le maire de La Trinité qui souhaite installer une antenne relais à quelques mètres d’un majestueux menhir, en haut de son tumulus encore intact. Les associations, le Préfet soi-même, lui demandent de renoncer à ce projet, rien n'y fait. Les risques d’échec de la demande à l’Unesco de ce site sont majeurs, pour cause de manque d’esthétique de la zone…
Ou encore ces alignements de balises en plastique sur une route longeant un alignement, là, un vrai massacre visuel (voir photo)... D'ailleurs, la mairie s'est fait "aligner" par Paysages de France qui lui décerne un des quatre prix de la France moche https://www.paysagesdefrance.org/actualites/306/prix-de-la-france-moche-2023-le-palmares/ .
Si ce n’était triste, on pourrait en rire : le gérant du Mr Bricolage dépositaire du permis est la SAS Au marché des Druides.
Mais qu'est-ce qui guide donc ces fossoyeurs, si ce n'est le profit à court terme ?
Les scientifiques contraints au silence en conviennent, Oui, il s’agit bien de menhirs
Comment connaître l’âge de menhirs ? Très simple, répondent les scientifiques. La toponymie, la typologie, la géomorphologie, l’archéologie parlent. Durant des minutes très passionnantes, Christian Obeltz déroule sa démonstration, force photos à l’appui.
Alors pourquoi, oui pourquoi n’entendons-nous pas ces scientifiques parler ?
Même notre éminent confrère papier, Ouest-France, a fait un article précisant le silence sur l’avis de la communauté scientifique et se pose la question du bien-fondé de la destruction [article en cours de recherche, NDLR].
Dans une interview à venir dans nos pages, Christian Obeltz reviendra sur ces preuves et parlera de l’objet des plaintes déposées.
Des plaintes déposées au procureur de la République
Trois plaintes ont été déposées. Yvon Ollivier, auteur, juriste et président de Koun Breizh, pointe du doigt la connaissance qu’avait le maire du dossier et nous explique les négligences (euphémisme) du maire. Plaintes ont donc été déposées auprès du procureur par Koun Breizh, Sites et Monuments et l’Umivem, regroupement de 46 associations. Leur but est de savoir ce qu’il s’est réellement passé, de définir ce que sont les « trous dans la raquette » que le maire Lepick a (quand même) reconnus. En revanche, aucune plainte n’a été déposée au tribunal administratif aux procédures trop complexes. Seuls ont été demandés l’arrêt des travaux et l’annulation du permis, demandes restées lettres mortes.
On se sent blessés au plus profond de nous-mêmes
Comme toujours, Yvon Ollivier est très en verve et se laisse aller. Pourquoi le ministère de la Culture n’a-t-il même pas ouvert une enquête administrative ? Pourquoi le préfet n’a-t-il rien vu lors du contrôle de légalité ?
Est-ce une erreur ou une volonté ? La salle murmure.
Une Joconde de 7000 ans
Il y a quelques semaines, le maire, se débattant dans ses contradictions, a lâché cette phrase qui lui restera collée comme le sparadrap du capitaine Haddock « C’est quand même pas la Joconde ! ». Et encore « ces menhirs, on les voit à peine ». Sachez, Monsieur le maire, que chacun a ses jocondes et nous préférons nos pierres à celle-là faite pour François 1er, ce roi qui spolia la Bretagne, trahit le traité qui faisait de Renée de Bretagne la digne héritière du duché, afin de l’annexer à la France dans le funeste édit de 1532.
D’ailleurs Yvon Ollivier conclut par « C’est au peuple breton de dire ce qui est bon pour lui, et non à d’autres ! »
Un menhir en chocolat pour la ministre
Au récent Salon international du Patrimoine culturel à Paris étaient présents Pierre-Léon Luneau et Emmanuelle du collectif le Soulèvement des Pierres. Lors du passage de la ministre, ils lui ont offert un menhir disant qu’il était en chocolat (voir photo), qu’elle commença à accepter avec sourire. Puis ils lui dirent qui ils étaient, et quel était leur combat. Ce à quoi la ministre répondit, avant de faire demi-tour « ce n’était pas des menhirs, c’est Éric Zemmour qui a dit que c’était des menhirs ». On en reste scotchés. Elle a dû être bien briefée par ses énarques de collaborateurs, pour répondre ainsi instantanément. Et quel amalgame !
Ce conseiller municipal à l’urbanisme qui a du mal à avoir des informations sur ce permis
Mais qui est Pierre-Léon Luneau ? Il est conseiller municipal d’opposition à Carnac, et siège dans la commission urbanisme. A ce titre, il voit passer les demandes de permis de construire. Celle qui nous intéresse lui est arrivée… trois semaines après sa délivrance. Il déplore aussi le manque de publicité autour de l’enquête publique.
Il répond longuement aux questions précises de la salle, où des débats et des prises de position pleines de cœur ont conclu cette journée.
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