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- Chronique -
Nouveau CD de Nolwenn KORBELL : « Ar Preñv Glas Lampyris Noctiluca »
Le 7ème et nouvel album de Nolwenn KORBELL : « Ar Preñv Glas Lampyris Noctiluca » - Les Vers Luisants"
Par Gérard SIMON pour Culture et celtie le 22/06/24 11:08
"Ar Preñv Glas - Les Vers Luisants" CD Nolwenn KORBELL - Ar Preñv Glas

« Enfant, j’étais fascinée par les vers luisants, dont je voyais la petite lumière émeraude éclairer les haies, les bords herbeux des chemins de campagne, les nuits d’été.

[…/…] Dernièrement je me suis fait la réflexion que je n’en voyais plus depuis longtemps. […/…]

[…/…] J’ai appris que leur nombre diminuait, victimes des pesticides, des limacides, des fauchages et de la pollution lumineuse. […/…]

Jaquette du CD Ar Preñv Glas Nolwenn KORBELL

[…/…] Le parallèle était vite fait entre l’extinction des vers luisants et celle programmée, ou provoquée, de ce qui me ravit, me nourrit, me réjouit, m’émeut, m’aide à vivre. Êtres chers, paysages, peuples, cultures, langues... la liste est longue. »

Ces extraits de propos tenus par la remarquable chanteuse, autrice, compositrice et comédienne bretonne, Nolwenn KORBELL, explicitent, pleinement, le titre donné à son nouvel et 7ème album, « Ar Preñv Glas », co-titré de sa notation gréco-latine, « Lampyris Noctiluca », que l’on peut, communément, traduire par « Vers Luisants ».

La sous-jacente signification de cette dénomination devient, alors, évidente pour cette brillante créatrice et passeuse qui, depuis 20 ans, dans un constant cheminement artistique multi-expressif, en forgeant sa propre identité, puise, inlassablement, parfois opiniâtrement, son inspiration dans sa propre vie, avec ses différentes périodes et expériences, ses rencontres, ses désirs, ses amours, ses espérances, ses courroux et ses rageurs combats, en constatant, tout en cultivant l’espoir, certaines désillusions, extinctions, disparitions, qu’elles soient, humaines, naturelles, culturelles…

Son expression artistique apparaît toujours aussi viscérale, vitale, extrêmement authentique, sincère et assumée.

A chaque parution, le discours se poursuit, se consolide, s’enrichit, s’actualise et l’on perçoit, après la dernière écoute du moment qu’il y aura un après, certes, toujours novateur, mais de la même veine.

Sans aucun doute, on distingue une pérenne démarche entreprise dès le premier opus qui a vu le jour en 2003, il y a donc, un peu plus de vingt ans et qui, signe, ô combien, prémonitoire, s’appelait… « N’eo ket echu », « Ce n’est pas fini ».

Toujours est-il que c’est, constamment, avec large confiance, fébrilité, avidité que l’on attend un nouveau disque de l’iconique chanteuse douarneniste.

Le voici, enfin, après 6 ans d’attente et la parution, sous le nom du Nolwenn KORBELL's Band, d’« Avel Azul - Vent azur » initié, piloté artistiquement et réalisé, sur son label LADTK, par le regretté Franck DARCEL (Notre chronique) , ce nouveau chapitre discographique, paru chez AZTEC Musique et distribué par Coop-Breizh.

Dans un style musical, à la croisée d’un granitique ou progressif, voire plus heavy rock, de la chanson pop, parfois bluesy, d’un raisonnable trip-hop, « Ar Preñv Glas » se décline en 11 cohérentes, mais par leurs sujets, distinctes pièces, toutes plus attrayantes les unes que les autres.

Trois langues se côtoient : le breton, le français, l’anglais. Pour un titre, même, breton et français se conjuguent au cours du même texte.

En résumé, 4 chansons sont chantées en breton, 4 en français, 2 en anglais, une étant bilingue breton/français.

Pour chaque disque réalisé, Nolwenn KORBELL s’évertue à explorer de nouvelles orchestrations, avec différentes formations, cherchant des sons, des instrumentations qui paraissent, au plus près, épouser l’esprit de ses nouvelles chansons. Elle sait, et c’est appréciable, louable, tout en s’inscrivant dans l’actuel, le faire sans, comme beaucoup, céder opportunément aux modes, aux stéréotypes, finalement aux conformismes du moment.

Pour ce nouvel enregistrement, la douarneniste artiste s’est judicieusement et fort esthétiquement entourée, à la guitare électrique, issue du Centre Bretagne et fidèle complice de longue date (2018), d’Hélène BRUNET et pour une toute première collaboration, de deux instrumentistes bien connus dans la « cité penn sardin ». Apportant leur expérience en musiques actuelles ou en rock, vous écouterez, à la guitare, guitare basse et pedal steel, Matthieu LE MOAL et aux claviers et machines, Thomas SAOUZANET.

Tous trois signent les arrangements.

Pour ses options artistiques, Nolwenn précise :

« Comme le metteur en scène choisit son scénographe et décide avec lui du décor, de l’écrin qui servira le propos de sa pièce, j’aime à m’entourer de musiciens dont le style, l’énergie, la couleur, amèneront mes chansons à l’endroit juste de leur expression. »

Grâce à la fiche de presse, publiée par Soizick FONTENEAU, dont nous reprenons l’entièreté des notes, nous vous proposons ces quelques mots décrivant les parcours respectifs de ces trois excellents musiciens :

- Hélène Brunet – guitare électrique

La musicienne est portée par l’effervescente scène bretonne traditionnelle des années 90. C’est avec la flûtiste Emily Hawkes et Les Guernettes qu’elle tourne à cette époque, en Bretagne et à l’étranger. Son laúd, luth à douze cordes, lui apporte un son différent de celui de sa guitare acoustique. Hélène apprécie les musiques du monde : suédoise avec le groupe Glögg, irlandaise et américaine avec la violoniste. Nicola Hayes, bretonne avec David Pasquet (Ar Re Yaouank...) et Yann-Faňch Perroches (Skolvan...). Elle rejoint un temps l’accordéoniste du Morvan Christian Maës «Les Orientales», et le groupe irlandais Broken Pledge... Passionnée par le son, elle joue aussi électrique, forgeant son jeu à l’écoute des mouvements jazz-fusion et rock. La compagnie équestre du Cheval Rouge l’invite à composer et jouer pour leur spectacle LIAMM. En 2014 elle remporte également le concours des sonneurs à Gourin en duo libre avec le guitariste Yann Le Gall (Hiks, Pevarden...) On peut l’écouter aujourd’hui avec TanDe’i !, le quartet pop-rock Faustine, et Nicola Hayes en duo folk acoustique.

- Matthieu Le Moal - basse, guitare électrique, pedal steel

Une carrière ayant vu le jour dans le port finistérien de Douarnenez. Matthieu Le Moal/Ronnie Calva, puise ses influences dans l’énergie du rock en passant par les racines du blues et du folk américain du siècle précédent. Il officie à la guitare dans les projets « Komodor » ainsi que « Komodrag & the Mounodor » à travers l’Europe.

- Thomas Saouzanet - claviers et machines

Thomas Saouzanet a officié en tant que claviériste, chanteur et DJ avec son duo d’éléctro-funk The Past Travellers. Il a fait quelques apparitions dans des groupes de rock dont 6 Bullets in Town (70’s Rock) et The Royal Crows (Rock Stoner). Il collabore avec Wonderbraz, Komodor, Mansion’s Cellar... tant en studio que sur scène.

Les onze titres constituant ce programme ont été enregistrés fin novembre 2023, à Brest, par Sébastien LORHO du studio Near Deaf Experience (Voir site) .

Les thèmes abordés sont, entre-autres, relatifs à l’absence, le départ, d’un être aimé, la guérison après la blessure, la consolation, la fatigue de se battre, mais, aussi, l’espoir ou, même, l’utilité d’une chanson… une foule de questionnements qui jalonnent la vie de l’artiste et nos propres existences.

Les musicaux et poétiques énoncés qu’en fait, au cours du CD, la compositrice et chanteuse restent, tour à tour, certes graves, introspectifs, mélancoliques, mais, toutefois, teintés d’espoir.

Dès les 5 premières secondes, le ton est donné, le son est en phase, puisque ce sont les savoureuses notes de la guitare d’Hélène BRUNET qui introduisent le titre éponyme, préfaçant, en quelque sorte, la globale intention de l’album.

Sur une mélodie qui peut rappeler, partiellement, celle du couplet de « Blowin’ in the Wind », de Bob DYLAN, par ailleurs, l’une de ses influences, Nolwenn KORBELL chante, au refrain, « Dalc’hit soñj deus ar preñv glas - Souvenez-vous des vers luisants » et précise, notamment, par l’entremise de sa communication destinée à la presse :

« Se rappeler des beautés du monde, pour ne pas oublier, pour ne pas laisser s’éteindre leurs lumières. ».

Le chant est, pour le premier couplet, tour à tour, proche, presque confidentiel, et comme toujours, magnifiquement interpelant pour la suite de la chanson. On ressent, pleinement, ses talents de comédienne, nous préférerons, éludant toute idée de représentation d'un personnage derrière lequel doit s'effacer la personnalité de l’artiste, dire, l’actrice, tellement sa « diction-vocale et chantée » ne font, dans une viscérale et absolue sincérité, que prolonger ses authentiques états d‘âme, réflexions et questionnements.

Après, ce mélodieux « Ar Preñv Glas », nous rentrons, suivant une introduction sonore quasi, aux machines, « larsenisée », dans le vif du sujet, dans une scandante rythmique électro-rock, avec, un titre chanté, déclamé, projeté, en français, « A quoi bon ».

Une pénétrante interprétation… pour une sentimentale déchirure qui peut conduire jusqu’à l’échéance existentielle.

Non sans analogie avec la traduction d'un vocable japonais, la chanson est dédiée en « adieu » à un certain « Sayonara, mon bel aimé », évoqué dans le corps du texte.

[…/…]

Oui à quoi bon avoir la vie

Il n’y a plus de whisky à partager

Il n’y a plus ta bouche pour m’enflammer

A quoi bon tout quand t’es parti.

Textuellement et musicalement, figure dans cette désespérée pièce, une parfaite osmose entre le chaos des machines et des guitares et le chamboulement, en pareilles circonstances, du cœur et de l’âme, in fine de l’entièreté de l’être. Nolwenn exprime, transcrit et nous imprègne de cet infernal tourbillon, non sans grand talent phraséologique.

Jugez, plutôt :

[…/…]

Il n’y a plus tes mots à écouter,

Il n’y a que l’amour à écourter

Il n’y a plus de un et un font Dieu.

En piste 3, apparaît « Ha ma - Et si » qui interroge sur l’utilité d’une chanson.

[…/…]

Da betra eo mat ur ganaouenn

’Vir ket deus tra pe dra

Da betra eo mat ur werzenn

’Vir ket deus tra, pe neuze ’ra

Ha ma c’hellfe magafi

Ha ma c’hellfe gwiskañ

Ha ma c’hellfe pokafi

Ha ma c’hellfe salvañ.

[…/…]

[…/…]

A quoi sert une chanson

Elle n’empêche rien

A quoi rime un vers

I1 n’empêche rien, ou bien si

Et si elle pouvait nourrir

Et si elle pouvait habiller

Et si elle pouvait embrasser

Et si elle pouvait sauver.

[…/…]

Chanté en breton, c’est, précisément, ce titre qui a fait l’objet, produit par AZTEC Musique avec le soutien du Théâtre de Cornouaille, d’un clip réalisé par Thierry SALVERT et Nolwenn KORBELL avec des images de Nedjma BERDER, vidéo tournée dans le cadre de cette salle finistérienne de Quimper, classée scène nationale.

Avec un effet « lumière noire », la presque fluorescente photo de couverture de la jaquette et du livret du Compact-Disc est extraite de ce très contemporain et esthétique vidéogramme.

Nous ne reviendrons pas sur la qualité vocale et interprétative de Nolwenn, car nous réitérerions cette constante, récurrente, remarque, tout au long de la chronique, tant notre tragédienne finistérienne habite ce qu’elle crée, ce qu’elle vit, ce qu’elle passe !

Musicalement, avec des effets de vibrato, c’est relativement saturé, lourd, par instants, joliment échevelé, fort bien dosé « machines-électro-guitare ». Avec deux presque suspens, la mélodie reste bien présente, ample, quasi-symphonique.

Ne cherchez pas, chère Nolwenn, à quoi peut servir une chanson. Notamment, à vivre, avec vous, d’émotionnels moments, comme celui-ci !

Nous l’avions évoqué, au début de notre papier numérique, un titre alterne le breton et le français, comme, parallèlement, il combine, le « chant et le dit ». « Hepdout - Sans toi », évoque, malgré la politesse d’une mensongère apparence socialement polie et forcément heureuse, l’extrême et réelle douleur ressentie, suite au départ d’un être aimé qui ne vous entoure plus, ne vous effleure plus, situation que l’on ne peut, pudiquement, avouer.

Avec, tour à tour, un souffle désespéré, un rire amer, un ton ironique, traces profondes de la blessure sentimentale, Nolwenn, entre chant et diction, prononce au milieu de la pièce et en français, ces émouvants mots qui nous touchent, inévitablement :

[…/…]

Tu vois, je pensais vraiment que ce serait plus facile

D’avancer dans la vie légère et gracile

De me dire Ha Ha Hi Hi tout va bien

Je suis tellement contente de me lever chaque matin

De regarder 1e monde dans les yeux, 1e nombril

D’être gentille avec les gens, de me sentir utile

De gravir le réel sans ta main sur mes reins

De faire sans toi mon bout de chemin.

[…/…]

Une pertinente et douloureuse vision de la dette du mensonge sociétal obligé.

[…/…]

Boñjour d’an holl

Hemañ ‘yay ker da goll

Penaos ‘man kont

Etre karrez ha ront

[…/…]

[…/…]

Bonjour à tous

A la tienne Etienne

Comment ça va ?

On fait aller

[…/…]

Piste 5, autre chanson interprétée en français. Avec de très belles et rondes notes de la guitare d’Hélène BRUNET, réverbérées sur les deux voies stéréophoniques et tapissées, enjolivées de basse et d’électro, voici « Mr Hope ». Nolwenn exprime la crainte d’une très menaçante disparition, mais, le titre le laisse à penser… l’espoir ultime d’une sauvegarde de la vie d’un être aimé dont on retrace le parcours. Dans le souffle intime et implorant, elle conclut :

[…/…]

Je veux pas que tu meures,

C’est pas l’heure

Faut pas que tu meures

Ce sera jamais l’heure.

Bluesy, assez noir, sur le glas de la guitare, suit « Tired - Lasse ». Au cours de la chanson, après un court pont de cordes électriques et de pedal steell, le phrasé vocal de Nolwenn s‘amplifie, claque, puis s’étire dans un volumineux crescendo musical.

Instants d’intense épuisement, d’extrême lassitude où l’on peut faire appel à la terre, en frôlant l’idée d’une destination définitive.

I will lay

Me down

On your way

On the ground.

I just need

The spin

Of your feet

On my skin

Iwill stay

On the ground

Tiillyou make

A sound

I just need

You here

Come and feed

My ear

I will give

You all

Please for give

My call

Take my flesh

And blood

Come and thresh

Me in the mud

I want to live

Without a wall

Free as leaf

In the fall

I’m so tired of waiting

I’m so tired of hoping

I’m so tired of dreaming

I’m so tired of running

I’m so tired of fighting

I’m so tired of starving

Lasse je vais

M’allonger

Sur ton chemin

Par terre

J’ai juste besoin

De la balade

De tes pieds

Sur ma peau

Je resterai

Par terre

Jusqu’à ce que tu émettes

Un son

J’ai juste besoin

De toi ici

Viens nourrir

Mon oreille

Je te donnerai

Tout

S’i1 te plait pardonne

Mon appel

Prends ma chair

Et mon sang

Viens me battre

Dans la boue

Je veux vivre

Sans mur

Libre comme une feuille

En automne

Je suis si lasse d’attendre

Je suis si lasse d’espérer

Je suis si lasse de rêver

Je suis si lasse de courir

Je suis si lasse de me battre

Je suis si lasse d’être affamée

Substantiel texte et gros son. On ne sort pas indemne de cette audition.

En piste 7, vous écouterez « Bugale Breizh - Les enfants de Bretagne ». Avec amertume, rancœur, Nolwenn retrace, au cours du temps, divers aspects de l’épopée du peuple breton, au travers de ses drames maritimes, de ses migrations vers la ville, obligées, souvent dégradantes et castratrices de sa langue, de ses enrôlements guerriers où tant ont perdu la vie, de l’effacement tenace et, quelque part, tu, voire accepté, d’une identité.

[…/…]

Aet eo ar plac’h

He c’hoef war he fenn, ur bed en he sac’h

Diskenner co don, don

Da zont da vout matezh, gast pe itron

Aet int d’ar brezel

Poket d’ur skeudenn just a-raok mervel

Pet er bed, pet zobet o stouiñ o fenn

Koler ganto o ene, o gwad trapenn ‘oant re seven

[…/…]

[…/…]

La fille s’en est allée

Sa coiffe sur la tête, un monde dans son sac

Elle est descendue profond, profond

Pour devenir servante, putain ou dame.

Ils sont partis à la guerre

Ont embrassé une photo juste avant de mourir

Combien au monde, combien ont courbé la tête

Perdu leur âme, leur sang, pour avoir été trop polis.

[…/…]

Prolongeant cette évocation racinaire bretonne, Nolwenn KORBELL reprend un air traditionnel, sous le titre « Deuit Ganin-Me - Venez avec moi ».

Pour notre part, nous avions découvert ce chant traditionnel, sous l’appellation voisine « Deus ganin d’em bro - Viens dans mon pays, ma belle » interprété par les Sœurs Goadeg, sur le disque enregistré lors de leur passage à Bobino, à Paris et au festival de Kertalg, en 1973 (Notre article) .

Sous le même titre, nous retrouvions cette gwerz issue du répertoire de Haute Cornouaille, admirablement et puissamment chantée, a cappella, par Alan STIVELL en 2ème plage de la face 2 de son vinyle 33 tours « E Langonned - A Langonnet », Keltia III - Disques Fontana réf 6325332, distribué par Phonogram et paru en 1974.

Plus récemment, en avril 2014, nous avions retrouvé une très céleste version instrumentale de ce traditionnel, cette fois, sous le titre, quasi « synthétique », « Deuit Ganin-Me Da Ma Bro », avec de fort jolies variations, en 4ème piste du CD1 contenu dans le double album de Jean-Michel VEILLON, et paru en réédition de deux CD du célèbre flûtiste. : « E Koat Nizan », enregistré en 1993 et « Er Pasker », enregistré en 1999. (CD A Retenir) .

Sur de chaudes lignes de guitare électrique et d’aériens claviers, avec des programmations électro excellemment dosées, dans une souplesse mélodique, Nolwenn KORBELL nous en livre, ici, une version revisitée qui respecte les racines, tout en insufflant une contemporanéité interprétative du meilleur goût. Lorsque une métronomique rythmique, s’insère dans le discours musical, Nolwenn nous distille, en « pleins et déliés » quelques bluesy variations vocales qui passent du chant aux frontières de la narration.

« Deuit Ganin-Me - Venez avec moi » raconte l’histoire d’un jeune homme qui propose à une jeune fille de le suivre dans son pays, ce qu'elle n'accepterait que s'il l'épouse.

Si Nolwenn reprend le texte original, elle précise, toutefois, sur le livret annexé au CD :

« Chanson traditionnelle dont j’ai changé la dernière partie, la réponse de la jeune file, en hommage aux femmes opprimées, niées, d’Iran, mais aussi du monde entier et en soutien au Mouvement Femme, Vie , Liberté ».

L’actualisation du propos rejoint, pleinement, l’actualisation musicale.

[…/…]

N’eo ket gant un tamm danvez

‘Vin mouget na goloet

Pa fell din kanañ dieub

E kement lec’h war ar bed.

[…/…]

Ce n’st pas un morceau d’étoffe

Qui m’étouffera ni me couvrira

Car libre je veux chanter

Partout sur la terre.

Piste 10 : Composé pendant le confinement lié à la crise de la COVID, chanté en Français… « Kintsugi ».

« J'ai composé la chanson « Kintsugi » en référence à cet art japonais qui consiste à réparer la poterie cassée et qui sublime la fêlure en y déposant de l'or. Derrière cela il y a une philosophie de vie. Plutôt que de cacher ses faiblesses ou ses souffrances, pourquoi ne pas en faire quelque chose de beau ? », confiait alors, Nolwenn KORBELL, à France 3 Bretagne.

[…/…]

Je me pare l’âme et le corps

De mon habit de blessures d’or.

Baigné de profondes lignes de basse, acidulé de ponctuations ou « griffures » guitarisitiques, également interprété en français, suit une intense et sensuelle ode à l’amour, exprimée auprès d’un sourd cœur distant, une quasi passionnelle supplique d’une soupirante, amante, suscitant un fougueux amour partagé… Bien distante de toute banalité, de tout matérialisme, une essentielle quête d’amour, de fiévreux baisers sur la courbure bien spécifique et arquée des lèvres, Nolwenn, chante, dit, vit, « L’arc de Cupidon ».

[…/…]

Bel Amour je te prends au lit de ma chanson

Qu’elle devienne la couche de nos bouches en fusion

Baldaquin des fantasmes, fanfare et pharaons

Et moi je t’emmènerai voir si la rose, mignon

Tous les homards du monde n’y pourront rien changer

Tous les caviars du monde ne vaudront 1e baiser

Donné comme a la fête sous le feu des lampions

Cueilli en haut des crêtes de l’arc de Cupidon.

[…/…]

Déjà vient, hélas, la dernière chanson, cette fois, interprétée en anglais.

Un envoi positif et empli d’espoir qui conclut un programme interrogatif, introspectif, parfois aux accents assez sombres, une jolie et lumineuse ballade vous attend avec « Tiny Song - Toute petite chanson ».

Savoureusement entourée, sur la voie de droite par la guitare d’Hélène BRUNET, sur la voie de gauche, par la pedal steel de Matthieu LE MOAL, sur quelques discrètes et centrales nappes de claviers et machines, la voix de Nolwenn se fait, jusque dans le souffle et la proximité, particulièrement, suave.

Pour cette ultime pièce, en dernier salut, le talentueux quatuor nous ramène l’éclaircie…

Here’s a little song for you

A tiny little song just for you

Don’t give a bigger place to grey

Let other colours paint your day

Pour every single tear in the bay

Let’s sing and love and play

[…/…]

Voici une petite chanson pour toi

Une toute petite chanson juste pour toi

Ne donne pas plus de place au gris

Laisse les autres couleurs peindre ta journée

Verse chaque larme dans la baie

Chantons et aimons et jouons

[…/…]

Grâce aux fondamentales, bien présentes, mais respectueuses interventions des musiciens qui, stricto sensu, accompagnent, réellement, sans jamais couvrir le chant d’une exceptionnelle comédienne, compositrice, autrice et chanteuse, « Ar Preñv Glas - Les Vers Luisants », se présente, vraiment, comme un album, authentique, habité, abouti.

Les musiques et les arrangements sont ciselés, les textes, le nombre de leurs citations au fil de cette chronique le prouve, sont substantiels et bâtis de mots judicieusement choisis. Vous les découvrirez en intégralité, traduits du breton, dans le livret et, bien sûr, à l’écoute, avec leur saveur et mise en scène interprétative.

Dans les trois langues, ils se révèlent, tour à tour, mesurés, directs, parfois crus, toujours efficaces, sincères, bien à leur place et, le plus souvent, d’une contemporaine poésie.

« Ar Preñv Glas » est un excellent disque de Nolwenn KORBELL, comme le précisent certains, peut-être le meilleur. Il est, pour nous, comme à chaque parution très attendue de l’artiste, le meilleur du moment, le meilleur de son magnifique cheminement artistique qui ne déçoit jamais.

Bien évidemment « Ar Preñv Glas » est un opus à vous procurer, au plus vite !

Ces « Vers luisants », vous réservent, en fait, sur des sons actuels dénués de tout opportunisme, des paroles imprégnées de contemporains et poétiques… vers brillants !

Gérard SIMON

Illustration sonore de la page : Nolwenn KORBELL - "Ar Preñv Glas - Les Vers Luisants" - (00:58).

La page Big Bravo Spectacles de Nolwenn KORBELL : (Voir page) .

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine (Voir site) .

Les titres du CD "Ar Preñv Glas - Lampyris Noctiluca - Les Vers Luisants", de Nolwenn KORBELL :

01 - Ar Preñv Glas - Les Vers Luisants - 04:05.

02 - A quoi bon - 03:32.

03 - Ha la - Et si - 04:18.

04 - Hepdout - Sans toi - 03:10.

05 - Mr Hope - 04:06.

06 - Tired - Lasse - 03:35.

07 - Bugale Breizh - Les enfants de Bretagne - 03:30.

08 - Deuit ganin-me - Venez avec moi - 03:51.

09 - Kintsugi - 04:09.

10 - L'arc de Cupidon - 03:47.

11 - Tiny song - 02:35.

Durée Totale : 40:38.

CD "Ar Preñv Glas - Lampyris Noctiluca" de Nolwenn KORBELL.

Parution : juin 2024.

Réf : 5112961.

Production : AZTEC Musique (Voir site) .

Distribution : Coop Breizh (Voir site) .

© Culture et Celtie

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