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- Chronique -
Corse : il y aura un avant et un après 27 juin 2021
Il y aura un avant et un après 27 juin 2021. Comme il y a eu un avant et un après Aleria, un avant et un après « statut particulier ». Au-delà des acteurs en place à Paris, aujourd’hui Emmanuel Macron, dans un an un autre Président de la République, ou le même, peu importe, un nouveau dialogue devra s’engager sur l’avenir institutionnel de la Corse.
Par pour François Alfonsi le 29/06/21 14:17

Il y aura un avant et un après 27 juin 2021. Comme il y a eu un avant et un après Aleria, un avant et un après « statut particulier ». Au-delà des acteurs en place à Paris, aujourd’hui Emmanuel Macron, dans un an un autre Président de la République, ou le même, peu importe, un nouveau dialogue devra s’engager sur l’avenir institutionnel de la Corse.

Comment appeler le bouleversement politique que connaît la Corse, dont les résultats du scrutin de dimanche dernier, tout particulièrement au second tour, sont l’expression ? Le grand tournant ? Le basculement démocratique ? Autrement ? Mais, quoiqu’il en soit, il y aura un « avant » et un « après ».

La révolution démocratique qui est en cours est puissante et profonde. La vague électorale que le mouvement nationaliste a levée, cinq ans et demi après son accession aux responsabilités, donne un coup d’arrêt brutal à ceux qui espéraient, à Paris ou en Préfecture, un « grand bond en arrière », et le retour à la Corse d’avant.

Avant, la Corse vivait au rythme des forces électorales parisiennes. Avec des particularismes forts, comme cette « gauche radicale » à la François Giacobbi, ou une « droite gaulliste » à la Jean Paul de Rocca Serra, ancrées dans une vision sublimée d’une fidélité aux « grands Hommes » de la République. Ce système avait son folklore électoral, et ses leaders plus ou moins talentueux. Mais il semblait la structure immuable de la vie politique insulaire. Aujourd’hui, tout cela est fini et bien fini !

Le coin enfoncé dans ce système ancien, à partir de 1982, première émergence d’une force politique nationaliste représentée alors au sein de la toute nouvelle Assemblée de Corse, a fini par le faire imploser. Ce processus a mis quatre décennies, mais il est entré dans sa phase finale.

Imaginons un instant que Laurent Marcangeli ait réussi à devancer Gilles Simeoni au second tour, à la faveur d’un autre équilibre entre les listes nationalistes, et qu’il ait ainsi récupéré la prime majoritaire de onze élus. Aurait-il pu gouverner pour autant ? Avec un tiers des voix à peine ? La situation n’aurait été différente qu’en apparence. Aucune opposition aux nationalistes n’est une alternative. Ni aujourd’hui, ni demain, l’analyse des votes selon les tranches d’âge le montrerait sans équivoque.

Car le peuple corse a basculé massivement, et les résultats, y compris à Aiacciu, le montrent clairement. Alors que le ban et l’arrière-ban de la Corse d’avant s’est unie derrière le maire de la plus grande ville, les frères ennemis d’hier et les larrons en foire d’aujourd’hui, François Tatti, Jean Zuccarelli, Jean Jacques Panunzi, Aline Castellani, l’héritière de Nicolas Alfonsi, Paul Marie Bartoli à Prupià, Camille de Rocca Serra, Dominique Bucchini : toutes ces voix fortes de la vie politique d’avant se sont épuisées, plus personne ici ne les écoute, elles sont définitivement « has been ». Qui se souvient encore de Pierre Jean Luciani et François Orlandi, les deux derniers Présidents des ex-Conseils Généraux ? Une nouvelle Corse est sortie des urnes, et son émergence est irréversible.

C’est des rangs des formations nationalistes que sortiront vraisemblablement tous les futurs grands élus, dès les prochaines élections législatives. Déjà trois députés sur quatre et un sénateur sur deux. Les autres sièges basculeront à leur tour, au fur et à mesure que les mairies changent de mains ou leurs maires d’orientation politique. Les nationalistes cumulés sont désormais en tête dans la quasi-totalité (320 sur 360) des communes de l’île, y compris Aiacciu où leur score global est de 54%.

Le système français est-il en mesure d’entendre cette voix puissante venue des tréfonds de la Corse ? En a-t-il la capacité structurelle, et les Hommes de qualité en capacité de conduire un dialogue véritable ? Qui seront les futurs Pierre Joxe, Michel Rocard ou Lionel Jospin ? De l’actuelle gouvernance macroniste, on ne voit rien sortir de bien intéressant. Le silence des rédactions parisiennes sur les résultats de la Corse témoigne de la sidération provoquée par le choc ressenti. Mais il faudra bien que les choses bougent, c’est inévitable.

En ce 27 juin 2021, la Corse a mis le cap sur l’autonomie. De façon irréversible.

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Membre de Femu a Corsica et préside depuis 2014 l'Alliance libre européenne (ALE). Élu une première fois député européen le 7 juin 2009, Il est de nouveau élu député européen le 26 mai 2019, sur la liste Europe Écologie Les Verts.
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Vos 3 commentaires
gregor Le Mardi 29 juin 2021 15:12
Le silence des médias est en effet extrêmement éloquent. Comment peut-on autant commenter l'abstention sans s’intéresser (ou presque) à la région oú les gens ont majoritairement voté ???
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jakez Lheritier Le Mardi 29 juin 2021 21:07
on s'en fout des médias parisiens et des gens qui attendent devant leurs postes les commentaires des "spécialistes médiathiques parisiens" ,la preuve les Corses avancent.
Nous en Bretagne infoutu d'aller clairement aux élections unis sur des objectifs précis pouvant unir les bretons.
la preuve la politique suivi par les "régionalistes" bretons de gauche comme de droite pour aller occuper des strapontins et cela depuis 1977 au moins.
Pauvres militants bretons ,surtout de Loire Atlantique coupés de tout.
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Pascal Lafargue Le Mercredi 30 juin 2021 12:43
Émission radio intéressante sur le sujet, sur France Culture :
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