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- Chronique -
1 LIVRE "Le chant des sardinières" + 2 CD - Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIÈRE "Le chant des sardinières" et "Tout le monde sur le pont !"
1 LIVRE "Le chant des sardinières" + 2 CD - Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIÈRE - "Le chant des sardinières" et "Tout le monde sur le pont !".
Par Gérard SIMON pour Culture et celtie le 8/09/22 11:37
"Ma mije bet liou ha paper gwenn - Si j'avais de l'encre et du papier" CD le chant des sardinières

Cette présente, double, pédagogique, historique, captivante publication littéraire et sonore que nous vous présentons sur cette page en ligne, prend pour origine la parution antérieure de deux substantiels disques par lesquels les chanteuses, Marie-Aline LAGADIC, petite-fille d’une sardinière de Saint-Guénolé et sa fille, Klervi RIVIERE, se sont révélées au public.

En effet, en majeure partie, nourris d'un répertoire collecté auprès des femmes de leur famille, les deux bigoudènes ont publié et magnifiquement interprété, en breton, mais aussi en français, des chants gravés sur deux albums musicaux, titrés « Le Chant des sardinières » et « Tout le monde sur le pont !».

Le Chant des sardinières

Consacré aux chants des ouvrières des conserveries de poisson du Pays bigouden, connaissant un succès immédiat à sa sortie, générant, même dans son sillage, une large tournée, aujourd’hui, introuvable le premier opus édité en 2006, est, l’année suivante, primé « Coup de cœur du Jury de l’Académie Charles Cros ».

A l’époque, déjà, il est envisagé d’écrire un livre qui accompagnerait cette mémorielle bande-son, mais le projet reste dans les cartons.

« Le Chant des sardinières » évoque, bien évidemment, lors de l’hiver 1924, l’emblématique et victorieuse lutte des « penn-sardin » (« têtes de sardines »), nom des ouvrières des conserveries de Douarnenez que, par extension, l’on donnera, pour leur forme, à leur coiffe.

Mais il relate, aussi, plus largement, les révoltes sardinières en Pays bigouden, comme à Concarneau, Lesconil, avec l’épisode, bien moins connu, des grandes grèves de 1926 à 1927, aboutissant, a contrario du précédent conflit social, pour une population affamée, à une défaite.

Ce répertoire rend hommage au courage de ces femmes qui gagnaient, fort péniblement, leur pain au prix de conditions de travail épouvantables et qui, pour « tenir » cadences et moral, dans une odeur de friture et de restes de poisson imprégnant vêtements et cheveux, chantaient, spontanément, ou incitées par les contremaîtresses, des gwerzioù (sorte de complaintes) et des sônes (chansons satiriques).

En 2016, le second disque susnommé est diffusé par Coop Breizh.

« Tout le monde sur le pont !» est, cette fois, consacré aux chants, entre 1860 et 1960, de Pont-l’Abbé Lambour, la « capitale » (vilajenn grañdez) bigoudène, particulièrement festive, de 1920 à 1950.

Conformément au nouveau registre musical de l’époque, cet enregistrement, allie chanson, jazz musette et, seulement, quelques touches de traditionnel.

Il apparaît comme un contre-pied au « Chant des sardinières », une façon délibérée de montrer que, malgré les profondes difficultés du moment, et, peut-être, pour mieux les supporter, les conjurer, les combattre, les bigoudens savaient, aussi, s’amuser.

« Tout le monde sur le pont !» met aussi, en exergue, les profonds bouleversements sociaux de l’entre-deux-guerres, période qui met un terme à la société traditionnelle.

Il s’agit, en quelque sorte, d’un musical portrait historique et sociologique du Pays bigouden, de la fin du XIXe siècle, aux années 1960.

Le premier CD titré « Le chant des sardinières » s’ouvre, délicieusement, émotionnellement, authentiquement, avec un document chanté a capella, par une aïeule voix, rappelant à nos oreilles plus contemporaines, l’expression vocale des Sœurs GOADEC.

Celle-ci entonne un chant très ancien recueilli auprès de la tante Lisette LE FLOC’H, de Penmarc’h. Cette sœur de la mère de Marie-Aline LAGADIC avait commencé à travailler, avant 13 ans, l’âge légal, à l’époque, à la conserverie à Saint-Guénolé.

Avec sa belle et puissante voix et la connaissance d’un large répertoire, elle était devenue meneuse de chant à l’usine, faisant partie de ces femmes auxquelles les contremaîtresses demandaient de chanter pour soutenir le rythme du fort difficile et ingrat labeur qui pouvait atteindre les 70 heures par semaine, sans la moindre prise en compte du travail nocturne ou des heures supplémentaires.

Quelle belle idée d’avoir introduit, ainsi, cet « Ar Plac’h iferniet - La fille en enfer », air rappelant le mythe d’Orphée, où le jeune homme cherche à délivrer sa fiancée de l’enfer, souvent chanté à l’usine, par une seule femme… la meilleure chanteuse !

Par l’écoute de ces quelque 20 petites secondes documentaires, nous sommes, d’entrée, plongés dans l’histoire et l’émotion, avant que le piano ne vienne, en long fondu enchaîné, mêler, à contretemps, ses notes, pour, à présent, soutenir le fusionnel chant de Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIERE.

C’est le pianiste quimpérois, François GOUZIEN, co-titulaire, pour cet opus, du Coup de cœur de l'Académie Charles Cros 2007, par ailleurs, Premier prix du disque « produit en Bretagne » qui, au fil de l’enregistrement, accompagne les deux remarquables chanteuses bigoudènes, cosignant avec celles-ci, certains arrangements.

Dès le deuxième titre, « Ar merc’hed yaouank - Les jeunes filles », oubliez toute mélancolie.

Le vif accordéon du Scaërois, Alain TREVARIN, lui aussi, arrangeur ou co-arrangeur, qui a joué, entre autres, avec Line RENAUD, Yvette HORNER, Hervé VILLARD, Charles AZNAVOUR et, en duo, avec le célèbre pianiste breton Didier SQUIBAN, donne le ton.

Ce court chant d’une minute et demie, daté de l’entre deux guerres, est typique de ce que pouvaient chanter les femmes. Ici une moquerie entre filles selon les quartiers où elles vivaient.

Ces deux plages vous donnent, à elles seules, un prime et représentatif aperçu de l’alternance et de la variété des ambiances, des sujets véhiculés, tout au long du disque, par des mélodies et des paroles bilingues breton/français, souvent, simultanément usitées au sein de la même pièce.

Les chants transitent du mélancolique à la légèreté, via le pamphlétaire ou le contestataire, en passant par le satirique ou le dramatique maritime.

Puisque nous avons nommé les deux musiciens qui entourent, de près, les chanteuses, temps est venu de nommer les choristes : Josette CALVEZ et Erell TALLEC.

Il faut dire que la présence des deux instrumentistes et des voix additionnelles apporte beaucoup de texture, de couleurs, de volume, à l’interprétation originelle de tels chants qui revêtent, souvent, dans le style traditionnel, un aspect mélodique récurrent.

C’est, notamment, le cas pour « Pa voen ba’ »Brema ti ma mamm - Quand j’étais chez ma mère ».

L’accordéon d’Alain TREVARIN et le piano de François GOUZIEN, respectivement, œuvrant en cascades de notes et tempos bien timbrés « jazzisent », en son « hémistiche » et à son terme, ce chant satirique, primitivement, ancré au Guilvinec, au sein duquel breton et français s’entremêlent.

[.../...]

« Bremañ pa’meus ka(vet) un’

Maintenant que j’en ai trouvé une)

Elle fait que m’emmerder. »

[.../...]

[.../...]

« Voilà pourquoi se marie-t-on

Gwelloc’h ‘ve deoc’h goi, chom jeune garçon

(Vaudrait mieux pour toi idiot, rester jeune garçon. »

[.../...]

« Côté Chœurs », qu’il s’agisse des chants de lutte ou de mélodies plus festives, ils soulignent le côté collectif de l’expression vocale.

Outre l’aspect, documentaire, historique, sociologique, ces 14 pièces revêtent un intérêt musical certain, très bien produit et présentant, durant 50 minutes, un aspect particulier de la musique et chanson bretonne et para-maritime, qui ne découle ni de la veine néo-celtique ni de la houle du chant de marins, mais, sur un siècle de création, du registre des chants traditionnels d’ouvrières en basse Bretagne, comme le précise le sous-titre donné au programme.

Parmi les chants qui figurent sur l’opus, sa 9e plage vous propose une chanson anarchiste particulière, datant de la Belle Epoque, non initialement liée au conflit breton, mais née au cours de mouvements sociaux. Il s’agit de la chanson de lutte sociale « Saluez riches heureux », alors considérée comme une expression vocale interdite.

En effet, cette chanson a été reprise, comme un hymne, par toutes les sardinières en lutte dans les années 1920, sur toute la côte, à Douarnenez, puis dans le Pays bigouden, à Concarneau.

Son interprétation menaçait de licenciement les ouvrières qui osaient l’entonner et certaines en ont payé le prix.

« Chaque matin, au lever de l’aurore,

Voyez passer ces pauvres ouvriers,

La face blême et fatigués encore,

Où s’en vont-ils ? se rendre aux ateliers,

Petits et grands les garçons et les filles,

Malgré le vent, la neige et le grand froid,

Jusqu’aux vieillards et les mères de famille,

Pour le travail ils ont quitté leur toit. »

« Saluez riches heureux,

Ces pauvres en haillons,

Saluez ce sont eux

Qui gagnent vos millions. »

[.../...]

Le second disque « Tout le monde sur le pont ! », sous-titré « Chansons de fête en pays bigouden », est, comme ce nom donné en appendice, résolument, plus enjoué, plus résilient, dirait-on, aujourd’hui, malgré le contexte de la « crise de 29 », partie des Etats-Unis qui se diffusera dans le monde entier sous la forme d’une grande dépression économique et sociale généralisée, prémices annonciateurs de la seconde guerre mondiale.

L’entre-deux-guerres marque le temps d’un changement de monde. C’est la fin du village et l’avènement de la vie citadine. La société se prolétarise. Les nouvelles sciences et techniques bouleversent l’organisation sociale. Les ouvrières et ouvriers se libèrent du poids de la communauté et de la morale religieuse. On s’adapte, on mêle les parlers locaux au français, les tenues vestimentaires se modernisent...

Et surtout, c’est la fête, l’engouement pour le bal : une véritable folie ! La séduction et la vie quotidienne se déploient ici, sur fond de tradition chantée.

Artistiquement produits, enregistrés et mixés par le guitariste, compositeur, arrangeur et réalisateur briochin de naissance, quimpérois de résidence, Patrice MARZIN (Gérard MANSET, Hubert-Félix THIEFAINE) cité, à plusieurs reprises, sur nos pages en ligne, auprès de Jean-Charles GUICHEN, Soïg SIBERIL, Nolwenn KORBELL, GWENNYN… ce sont, aussi, 14 titres qui nous sont proposés par les deux talentueuses et expressives chanteuses Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIERE.

Pour cet opus, la distribution musicale est plus conséquente.

Co-signant nombre d’arrangements avec les deux chanteuses, présent sur l’album « Le Chant des sardinières », nous retrouvons, néanmoins, Alain TREVARIN, à l’accordéon, mais aussi, de nouveaux instrumentistes et pas des moindres :

- A la guitare : Yvonnick PENVEN (Gildas SCOUARNEC, Didier SQUIBAN…),

- Aux saxophone et clarinette : Kevin RUELLAN, leader du groupe rock, non celtique, mais en langue bretonne, Ukan,

- A la bombarde : Tangui SICARD (Penn soner du Bagad CAP CAVAL,

- Au biniou-kozh : Yannick MARTIN (couple MARTIN/JOSSET, Ibrahim MAALOUF, BAGAD DU BOUT DU MONDE),

- A la cornemuse écossaise ; Sylvain HAMON (BODÉNÈS-HAMON QUINTET, BODÉNÈS/HAMON, BODENES/HAMON/LE GALL),

et pour la dernière plage, titrée « Gavotte bigoudène »… le Bagad CAP CAVAL.

Ce second disque débute par un très court « Charivari - pot pourri », d’à peine plus d’une minute, où l’accordéon et la guitare accompagnent les véloces et nuancées voix des deux chanteuses bigoudènes, interprétant, sur une virevoltante mélodie, un texte truffé de langaj chon, argot local inventé par les tailleurs-brodeurs de Lambour, quartier ouvrier situé sur la rive gauche de la rivière de Pont-l’Abbé, afin de n’être compris de personne d’autre qu’eux-mêmes. Une grande partie du vocabulaire, de plus, osé, apparaît, de la conjonction de ces deux faits… et, certainement, par pudeur, intraduisibles.

De nombreux sonneurs qui se sont professionnalisés et gagnent très bien leur vie, habitaient ce quartier singulier.

C’est le deuxième titre « Mouscoul », cette fois, uniquement instrumental qui semble traduire, en trio cornemuse / biniou / bombarde, la présence de cette spécifique population artistique.

Ce seront, avec la dernière plage « Gavotte bigoudène, créée arrangée et jouée par le Bagad CAP CAVAL, les seules sonorités intrinsèquement traditionnelles que vous entendrez.

Dans une ambiance de bal, la suite du programme, nous vous l’avons indiqué plus haut, est, très largement teinté de musette aux accents de jazz et, tout simplement, de chansons narratives qui dépeignent les évolutions des us et coutumes de l’époque, dont les deux marqueurs principaux sont les costumes et la musique.

L’accordéon n’est plus diatonique, mais chromatique, la clarinette et le saxophone, sur cordées de guitare, plus que pour lui répondre, interviennent, à part entière, pour conduire le pas des danseurs.

« La bigoudène de Pont-l’Abbé » apparait enjouée, délurée. Elle travaille, assume sa condition de femme, s’en octroie les droits bien en amont de leurs reconnaissance officielle. Pour oublier sa condition de petite ouvrière, elle s’amuse, ouvertement, presque, ostensiblement.

[.../...]

« Je suis la Bigoudène au parler franc

Joyeuse et bonne fille

Libre, souple et gentille

Je suis la Bigoudène au parler franc

Le regard moqueur et le rire aux dents. »

[.../...]

Chanté, intégralement en breton, c’est au travers des paroles du 4e titre, dénommé « Ar Beloioù - Les vélos », daté des années 50, que nous découvrons les effets de la mode qui interviennent, aussi bien, dans cette nouvelle façon libre et individuelle de se déplacer… et de posséder, que, pour femmes et hommes, de nouvellement, s’habiller.

[…/…]

Ha pa voe nevez deuet ar giz

Neuze a vez sellet pizh

Ha ma lâre ar merc’hed all

Setu ar mod neuze n’eo ket fall

Ar re-se en deus ur velo

Me am bo unan koulz ha dezho

[…/…]

[…/…]

Bremañ eo deuet ar mod gant ar wazed

Emaint tout er maez ar baisanted

Bremañ a zo kasketennoù

Pulloverioù ha paitoioù

Botoù-lêr Charleston ha foular seiz

A weler ke deus an dra-se. »

[…/…]

[…/…]

« Dès que la mode fut arrivée

Alors on alla regarder de près.

Et les filles disaient : « Tiens,

Cette mode-là n’est pas mauvaise.

Ceux-là ont un vélo,

J’en aurai un, aussi.»

[…/…]

[…/…]

Maintenant les hommes sont à la mode.

Tous les paysans, à la campagne, ont,

maintenant, des casquettes,

Des pull-over, des paletots

Des chaussures de cuir Charleston et des foulards de soie.

On ne voit plus que ça.

[…/…]

Une autre chanson, titrée « Pont-l’Abbé Lambour » évoque les Bretons du XXe siècle émigrés à Paris, où ces réputés « durs à la tâche » recherchant du travail en période de crise, étaient, par leurs patrons citadins, méprisés.

Dans leurs courriers ou lors de leurs retours au pays, ils ne parlaient, à leurs proches, que des beautés et des surfaites pratiques relationnelles de la ville, omettant, par pudeur et par orgueil, la dureté de leur laborieux sort quotidien qui leur faisait d’autant regretter leur vie native en pays Bigouden.

[…/…]

« J’ai vu la ville des lumières

Et de Notre-Dame, les tours.

J’ai vu les cocottes si fières

Se pavaner, en beaux atours

A leurs dîners froids

j’aime mieux, cent fois

La soupe aux pommes de terre de Pont-l’Abbé Lambour ».

[…/…]

Un autre titre laisse filtrer une certaine nostalgie de moments de jeunesse passés en Bretagne, comme dans « J’ai voulu revoir ma Bigoudène » :

[… /…]

« Les souvenirs de ma jeunesse

Que j’ai passée à Pont- l’Abbé

Que j’ me suis diskorigné les fesses

Sur la Riskadenn ( ) de chez Feuget. »

[…/…]

( ) Roche que les enfants utilisaient comme toboggan.

Suivent, entre autres, le récit des tribulations festives et généreusement arrosées du Maire des Glénans arrivant à Loctudy, plus loin, l’infortune d’un maître de ferme que sa femme trompe avec le grand valet, puis l’attachement de chaque « bande » à son quartier ou, encore, la cavalcade du lundi de Pâques, en 1897, à Pont l’Abbé.

Autant de cartes postales, mieux, de petits films qui racontent des moments intenses de vie.

Vous le remarquerez, ces airs nouveaux sont souvent chantés, intégralement, en Français, mais aussi, d’un vers à l’autre, dans les deux langues, breton/français.

En effet, comme le mentionne Marie-Aline LAGADIC, à la page 74 de la deuxième partie de son livre qui accompagne les deux albums musicaux :

« La langue vernaculaire est en pleine mutation. Les petites cités sont, le plus souvent, bilingues en raison de leur position de chef-lieu de canton. Les services administratifs qui y sont implantés induisent l’usage du français. Toutefois, la population bretonnante mélange, souvent, les deux idiomes. »

Puisque nous évoquons le très esthétique et excellent ouvrage qui chapeaute et enrichit, considérablement, les deux enregistrements musicaux, il est temps de vous le présenter, sans réitérer le contenu qui reprend, bien évidemment, les quelques aspects, musicalement et précédemment, évoqués, mais tellement plus et bien mieux que nous pouvons, sommairement, l’approcher, au travers d’une simple chronique.

Ce « beau livre » est très richement illustré par une centaine de photographies issues de collections privées et muséales.

Toutes réalisées en noir et blanc, elles retracent le quotidien de ce monde ouvrier de 1860, date du développement des conserveries, jusqu’à l’amorce de leur déclin en 1960. Des clichés captés sur les lignes de production des usines sardinières, mais aussi, dans les cortèges de lutte, au cours de fêtes locales et foraines ou des cavalcades, en groupe, avec les marins, sur les plages et les ports, parées des merveilleux costumes brodés… et, même, jusque devant la tour Eiffel !

Les tirages d’époque, tout en ombres et lumières sont parfaitement mis en valeur, sur un papier de qualité, par un travail d’impression, particulièrement soigné… Nous le répétons, c’est un « beau livre » !

Chaque chapitre est introduit par une présentation complète précisant le contexte historique et sociologique des époques traversées.

Les limpides textes, fort bien écrits par Marie-Aline LAGADIC, sont aussi vivants, descriptifs, pittoresques, pédagogiques que ceux qui conduisent un excellent film documentaire qui vous apprend, sans, à aucun moment, vous lasser, bien au contraire !

L’ouvrage présente les partitions et les textes des chants qui figurent sur les deux albums sus-évoqués et enregistrés avec grande présence, par Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIERE.

En face à face, sur les pages qui suivent les excellents rédactionnels contextuels, pour chaque chant, à l’intention des non-locuteurs, vous pouvez lire la traduction, en français, des paroles chantées en breton.

Tout ce dispositif concourt à très plaisamment retracer, replacée dans leur époque et avec grande acuité, l’évolution naturelle des musiques, des chants, de la langue, en parallèle à celle de la société bretonne qui s’opère sur fond de net recul du sentiment religieux et de l’avènement de la mécanisation.

Une vie bigoudène qui intègre, certes, de nouvelles influences, sans, toutefois, perdre sa spécificité culturelle originelle.

Bien sûr, c’est l’un des buts majeurs de cette chronique, nous vous recommandons, « doublement », surtout, plus que jamais, pour votre bibliothèque ET discothèque, cet excellent ouvrage littéraire et sonore, puisque celui-ci est accompagné des deux Compacts Discs constituant les plus de 90 minutes d’un programme musical global de 28 chants, de haute volée vocale et instrumentale. Une aubaine, puisque, notamment, le premier enregistrement dénommé « Le chant des Sardinières », est, à ce jour, introuvable.

Cette double publication est d’une richesse exceptionnelle. Elle fourmille de références originelles, de détails historiques, sociaux, économiques, sociologiques précis, mais, aussi, d’anecdotes, en tous cas… de vécu !

Illustré d’une très documentaire et authentique iconographie, enrichi des partitions et des textes des fort belles et représentatives mélodies, ce livre-disque s’adresse tant aux néophytes, qu’aux curieux ou aux fins connaisseurs de la Bretagne.

En breton et en français, au travers des joies, des drames et de la colère sourde des filles d’usine du littoral bigouden, il dévoile tout un pan de l’histoire bretonne côtière et sardinière.

Les conserveries du Pays bigouden, lieu de chant collectif, ont été, aussi, un endroit de transmission de nombreuses chansons traditionnelles bretonnes d'un autre style.

Gérard SIMON.

Illustration sonore de la page : Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière - Album "Le Chant des sardinières" :

"Ma mije bet liou ha paper gwenn - Si j'avais de l'encre et du papier" - Extrait de 01:08.

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine : (Voir site)

Le site Internet de Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière : (Voir site)

Les titres du CD n°1 "Le Chant des sardinières", de Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière.

Chants traditionnels d'ouvrières en basse Bretaqne (1860-I960).

Prix "Coup de coeur" de i'Académie Charles Cros, en 2007.

Chant : Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

Accordéon : Alain Trévarin.

Piano : François Gouzien.

Choeurs : Josette Calvez, Erell Tallec.

Document sonore : Marie-Aline Buannic-Le Floc'h,

Lisette Le Floc'h-Maréchal, Jeannine Le Floc'h-Lagadic.

Production artistique, mixage, mastering : Patrice Marzin.

Lagadic-Rivière - 2006.

01 - Ar plac'h iferniet / La fille en enfer - 05:51.

Arrangements : Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière et François Gouzien.

02 - Ar merc'hed yaouank / Les jeunes filles - 01:40.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière et François Gouzien.

03 - Ma mije bet liou ha paper gwenn / Si j'avais de l'encre et du papier - 03:20.

Arrangements : Klervi Rivière.

04 - Gwerz Penmarc'h / La complainte de Penmarc'h - 04:48.

Arrangements : Alain Trévarin.

05 - Ar gwall lezvamm / la mauvaise marâtre - 01:42.

Arrangements : Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière.

06 - Je suis venu vous inviter - 05:32.

Arrangements : Alain Trévarin.

07 - Merc'hed ar frituriou / Les filles des usines - 01:17.

Arrangements : Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière.

08 - Pa voen ba'ti ma mamm / Quand j'étais chez ma mère - 04:30.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

09 - Saluez riches heureux - 06/08.

Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

10 - Diwar merc'hed frituriou Sant-Gwenolé / Au sujet des filles des usines de Saint-Guénolé - 02:06.

Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

11 - Pardon Santez Anna / Le Pardon de Sainte-Anne - 03:39.

Arrangements : Marie-Aline Lagadic.

12 - Gwerz an Titanic / La complainte du Titanic - 04:29.

Arrangements : Alain Trévarin et Klervi Rivière.

13 - Touri toura - 04:29.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière et François Gouzien.

14 - Pinard - 01:29.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière et François Gouzien.

__________

Les titres du CD n°2 "Tout le monde sur le pont", de Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière.

Chansons de fête en pays bigouden (1860-I960)

Chant : Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

Accordéon : Alain Trévarin.

Guitare : Yvonnick Penven.

Saxophone, clarinette : Kevin Ruellan.

Bombarde : Tangui Sicard.

Biniou kozh : Yannick Martin.

Cornemuse écossaise : Sylvain Hamon.

Bagad Cap Caval, Plomeur.

Production artistique, prise de son, mixage : Patrice Marzin.

Mastering : La Source Mastering (92-Courbevoie).

Lagadic-Rivière - 2016.

01 - Charivari / Pot pourri - 01:07.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

02 - Mouscoul - 01:04.

Arrangements : Marie-Aline Lagadic.

03 - La Bigoudène de Pont-l'Abbé - 04:46.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

04 - Son ar Velo / les vélos - 03:01.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

05 - Pont-l'Abbé Lambour - 03:28.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

06 - Kaourintin Bouzar / Corentine la Sourde (gavotte) - 04:09.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

07 - Je veux revoir ma bigoudène (bal) - 01:59.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

08 - Jabadao Stoupig - 02:50.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière et Yvonnick Penven.

09 - Le maire des Glénan à Ty-Toul - 03:12.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

10 - ''Rabat deoc'h Fortuniañ / Ne faites pas fortune - 02:23.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

11 - Paotred Tachenn-Ar-Goraz / Les Gars du Champ-de-la-Croix - 04:13.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

12 - Lundi de Pâques 1897 à Pont-l'Abbé - 02:57.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

13 - Son Bigoudenned Penn ar pont / Air des Bigoudènes du Bout-du-Pont - 02:56.

Arrangements : Alain Trévarin, Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière.

14 - Suite de gavottes Bigoudènes - Bagad Cap Caval - 04:12.

Musique et Arrangements : Bagad Cap Caval.

CD1 "Le Chant des sardinières" et CD2 "Tout le monde sur le pont !"

de Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIERE.

Parution : 21 mai 2022.

Distribution : Coop-Breizh. (Voir site)

Réf : 346891.

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