Marie-Charlotte Le Berre est née en 1934 à Quimper dans une famille de brodeurs, de tisserands et de créateurs du pays bigouden. Ses arrière-grands-parents avaient lancé le picot Bigouden, dérivé du picot d'Irlande, dans les ateliers de Pont-L'Abbé, Locronan et Quimper. La famille Pichavant, dont elle descend, brodait pour des académiciens et pour le tsar de Russie.
Elle est la fille et l'aînée de neuf enfants, tous artistes, dont le père, Marc Le Berre (1899-1968), tenait le magasin À la Ville d'Ys à Quimper. Régionaliste breton, membre des Seiz Breur, il est le créateur du Kabig, sorte de veste à capuchon. Il rachètera plus tard les vieux métiers à tisser de Coco Chanel. Sa mère, Anne-Marie Kerloc'h, lui apprit l'art de tenir une maison. Dans le magasin paternel elle rencontra les artistes qui exposaient leur production : René-Yves Creston, Georges Géo-Fourrier, Robert Micheau-Vernez, René Quillivic et la céramiste Berthe Savigny (1882-1958)8.
Son père, le soir à la veillée, initie Dodik Jégou aux contes et légendes bretonnes3 et lui offre les contes de François-Marie Luzel qui inspireront son œuvre.
Attirée par les arts, elle s'inscrit à l'école régionale des beaux-arts de Quimper. Dans le cadre de ses études, elle fréquente la faïencerie Keraluc. Pendant ses vacances, elle fréquente aussi la Manufacture Henriot, qui lui loue un local et lui fournit le matériel pour ses œuvres. Elle est élève de Jos Le Corre (1925-1979). Elle rencontre Gwen Jégou (1931-2011) à l'école des beaux-arts, celui-ci deviendra son époux en 1955. De cette union naîtront le graveur Tugdual Jegou (1956-2018) et la peintre Gaïde Jégou (1957-2016).
Gwen et Dodik Jégou ouvrent leur premier atelier de céramique à Saint-Malo en 1956, dans une petite boutique intra-muros, place de la Poissonnerie.
En 1979, avec Gwen Jégou, elle crée les Rencontres chez Gwen et Dodik au 4, rue Chateaubriand pour promouvoir des artistes et des écrivains de Bretagne, dans ce que les Malouins appelaient Le Petit Théâtre de Gwen et Dodik, salle d'une grande simplicité avec une estrade où furent reçus une pléiade d'artistes, poètes, écrivains, chanteurs. Organisant jusqu'à 25 rencontres par été, ils y firent venir plus de 2 500 écrivains du monde entier entre 1979 et 1984. Parmi eux figurent Pierre-Jakez Hélias, Youenn Gwernig, Irène Frain, Glenmor, Michel Le Bris, le créateur du festival Étonnants Voyageurs.
Dans leur atelier malouin, Gwen Jégou sculpte la terre et le fer, et Dodik Jégou réalise des céramiques pseudo-naïves dans un style des années 1960. Son travail est inspiré des légendes et contes bretons. Elle s'inspire également et des vieux contes celtiques du Voyage de saint Brendan et des chants du Barzaz Breiz. En 1962, elle ouvre avec son époux des ateliers dans la maison familiale de Bonaban.
En 1981, elle organise les Rencontres poétiques de Bretagne, aussi appelées Rencontres poétiques internationales de Bretagne, qu'elle présida depuis 1982. En 1984, elle participe au congrès mondial des poètes à Marrakech, présidé par Léopold Sédar Senghor. Ainsi, lors de ces rencontres en 1986 au Mont-Saint-Michel, elle reçoit notamment Léopold Sédar Senghor, Pierre-Jakez Hélias et Gérard Le Gouic. Pour elle, « la culture n'existe que comme échange, lien, ouverture sur le monde ».
En 1990, avec l'aide de la Ville de Saint-Malo, elle ouvre la Maison internationale des poètes et des écrivains, inaugurée par Federico Mayor Zaragoza, le directeur de l'UNESCO, le député-maire de Saint-Malo, René Couanau, de Camilo José Cela, prix Nobel de littérature qui en est le parrain, d'Édouard J. Maunick, de Pierre-Jakez Hélias. Depuis lors, elle a dirigé et animé cette maison comme elle le faisait pour le petit théâtre qu'elle monta, et où elle recevait écrivains, chanteurs et artistes. Plus de 3 000 écrivains et artistes de différentes nationalités y sont passés entre 1990 et 20026. Elle y organise des ateliers d'écriture et des promenades littéraires.
En 1995, elle est l'invitée d'honneur au congrès de l'Organisation mondiale des poètes à Sintra au Portugal. En 2001 a lieu l'inauguration de la Maison des Légendes, qui remplacera le petit théâtre qui rassemblait les fresques que Dodik Jégou avait exposées dans les capitales européennes. En 2003, la Ville de Saint-Malo la choisit pour présider le jury du festival international des contes et légendes, dont la première édition a lieu en 2004.
Elle a réalisé des films et participé à plusieurs interventions, à la radio et à la télévision, sur le thème de la culture bretonne en France, ainsi qu'en Angleterre, en Belgique, au Luxembourg, en Italie, en Suède, en Russie, au Japon et au Portugal.
Dodik Jégou a reçu le collier de l'Hermine en 1997.
obsèques le mardi 9 mars au crématorium de Saint-Malo
[Texte basé sur wikipédia]
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