Le 15 février dernier, Jean-Cyril Spinetta, ex-PDG d'Air France, a remis au Premier ministre un volumineux rapport sur, selon lui, la meilleure manière de redresser à terme la SNCF. Et, il fallait bien sûr s'y attendre, ressort du chapeau une proposition maintes fois avancée par le passé, à savoir la suppression des petites lignes estimées "non rentables".
Par Christian Troadec pour Christian Troadec le 22/02/18 10:30
Le 15 février dernier, Jean-Cyril Spinetta, ex-PDG d'Air France, a remis au Premier ministre un volumineux rapport sur, selon lui, la meilleure manière de redresser à terme la SNCF. Et, il fallait bien sûr s'y attendre, ressort du chapeau une proposition maintes fois avancée par le passé, à savoir la suppression des petites lignes estimées "non rentables". Une logique purement comptable qui rayerait d'un trait de plume toutes les dessertes utilisées quotidiennement par des milliers de personnes pour les besoins de leur travail, de leurs études, pour se rendre à l'hôpital le plus proche ou, pourquoi pas, tout simplement pour aller se promener.
Si les conclusions du rapport Spinetta sont mises en oeuvre par le gouvernement, les petites lignes du réseau ferroviaire breton sont évidemment menacées à brève échéance : pas besoin d'être un grand expert du transport pour comprendre que des liaisons comme Lannion-Plouaret, Guingamp-Carhaix, Rennes-Chateaubriant, seront dans le collimateur.
Ne les laissons pas faire : le réseau ferroviaire breton, aussi incomplet qu'il soit, appartient au service public, au même titre que les RER parisiens. Les Bretons ont su, par le passé, se mobiliser pour sauvegarder leurs "petites" lignes : point besoin de rappeler la lutte courageuse des Trégorrois pour la défense de la desserte Plouaret-Lannion, dans les années 70 et 80. Suivons leur exemple, soyons vigilants et surtout combatifs:dans cette optique, le MBP s'opposera à tout projet de démantèlement du réseau ferroviaire breton.
Il me semble que préciser ce que signifient les 3 lettres MBP n'aurait pas été superflu dans cet article. Quant à s'opposer à « tout projet de démantèlement du réseau ferroviaire breton » - si l'on ne peut qu'être d'accord - il faut être plus positif et proposer d'autres solutions, sinon ce n'est que du vent ou un tapage du pied enfantin. S'opposer comment et en utilisant quels moyens ? Bien entendu, l'Etat, actionnaire propriétaire de la SNCF, se doit d'appliquer une régle commune et équitable. S'il supprime les lignes peu ou non rentables ici, il ne doit alors subventionner en aucun cas le(les) réseau(x) parisien(s). Solution ? Dénationaliser totalement la SNCF et en rendre responsables pleinement chacune des "Régions" concernées avec pouvoirs et finances adéquats. Autre méthode, socialement difficile, augmenter les tarifs ou les moduler en fonction de leur réelle utilisation afin d'arriver à l'équilibre budgétaire, tronçon par tronçon. On peut aussi envisager des véhicules plus (ou beaucoup plus) petits, les automatiser avec suppression de personnels navigants, aménager les horaires en fonction des besoins locaux sans tenir compte des liaisons avec Paris et les autres destinations ? Repenser certains parcours en fonction des lieux à desservir et surtout de leurs activités industrielles, commerciales, scolaires et universitaires. En un mot, rompre les liens avec Paris. Et pourquoi pas revenir aux petits trains (gentiment appelés tortillards) locaux qui faisaient le charme de notre Bretagne, il y a quelques décennies. Beaucoup de voies ferrées sont encore visibles et réutilisables. Paul Chérel
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NIKOLAZ AR MILINER Le Jeudi 22 février 2018 15:58
Pas tout à fait d'accord sur cette analyse simpliste de la situation. La ligne Carhaix-Paimpol est gérée par la CFTA, une entreprise privée, pour le compte de la SNCF. Résultat, elle coûte trois fois moins que si elle était gérée directement par la SNCF. En effet, les employés sont polyvalents et ne bénéficient pas des avantages qu'ont les cheminots dixit un reportage de FR3 BZH. Quant à la ligne Rennes-Chateaubriand elle transporte plus de 400 000 passagers par an et est rentable. Le problème est sa vetusté et le manque d'investissement de RFF. Il serait tant que la région Bretagne montre les dents et défende ces lignes que la SNCF laisse sciemment tomber en lambeaux en espérant que les communes traversées paient pour leur réfection. Que la SNCF laisse la place, d'autres font et feront mieux avec moins.
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MARTINE VAN DE VYVERE Le Jeudi 22 février 2018 17:12
Je lis la tribune avec attention. Mais j'ai l'impression que les Bretons ont la mémoire courte. Qui a lutté contre les redevances routières il y a quelques temps? En détruisant le principe d'une écotaxe de transfert modal. Les résultats sont que aujourd'hui le manque de renouvellement des infrastructures ferroviaires en France font que le ferroviaire est dans une situation difficile, les entreprises privées ont autant de peine à être rentables et se reconcentrent en abandonnant des projets de transferts encore possibles il y a quelques années. Je pense que tout se tient, le voyageur et le fret, s'il n'y a pas de fret , il n'y a plus de voyageurs à court terme car ce qui coute, ce sont les infrastructures pour une part, et bien sûr l'organisation qui effectivement se fait en low cost pour les entreprises privées.
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Lheritier Jakez Le Jeudi 22 février 2018 19:01
Mr Troadec ,avec d'autres, devraient s'unir pour proposer des plans de transports modernes économiques efficaces et souples pour la Bretagne. Exemple:nous avons sur St Nazer des situations UBUESQUES pour aller et venir sur Rennes par le train.Faites l'essai sur une journée! Et le Croisic Nantes :lire les dernières aventures et les conséquences sur l'emploi dans les journaux de Février. Les voyageurs qui voient leurs trains passer,qui ne s'arrètent pas à Montoir de Bretagne,Donges...régulièrement.Trains surchargés,etc...? La situation dans les transports en Bretagne n'est plus celle de la fin du 19 ème et du 20 ème siècle. Il faudrait agir pour redynamiser le transport du Fret lourd par le Rail et le Cabotage.
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Paul Chérel Le Vendredi 23 février 2018 10:08
@Martine van De Vyvere. Bravo ! Belle leçon de logique ! La "logique" est une science qui est loin d'être la qualité première du citoyen français et de ses dirigeants. Paul Chérel
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boned ruz Le Samedi 24 février 2018 23:53
@MARTINE VAN DE VYVERE @ Paul Chérel...croyez-vous vraiment que les ressources relatives à l'écotaxe étaient faites pour l'écologie ou pour payer des infrastructures de transport??? J'ai plutôt l'impression que le grand paris ville mal éclairée depuis quelques temps déjà se doit de retrouver son lustre révolutionnaire... ou disparaître derrière les fumées des véritables Mégapoles mondiales... Lisez Yves Parson pour vraiment comprendre la mentalité de nos dirigeants ... c'est très instructif!
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Paul Chérel Le Dimanche 25 février 2018 16:12
@Monsieur Boned uz. Le mystère et le fondement des taxes est à l'image du manque de sérieux dans la comptabilité budgétaire de la France. Recettes et dépenses n'ont pas grand rapport. Merci de nous éclairer sur ce que dit ou écrit d'inédit votre cher Yves Parson. Paul Chérel
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Emilie Le Berre Le Lundi 26 février 2018 13:56
Le sujet est abordé avec un schéma de pensée 2eme moitié du XXe siècle. Que l'on reproche aux bonnets rouges la fermeture de certaines lignes pour avoir lutté contre l'eco-taxe, dans les 2 cas le problème est que l'éco-taxe et les fermetures de lignes sont décidées par des gens étrangers aux lieux. Je ne suis pas particulièrement enthousiaste de voir les files de poids lourds sur les routes de Bretagne transportant des produits alimentaires issus d'un système agricole condamné, j'ai porté le bonnet rouge, participé aux manifestations parce que les décisions avaient été prises par d'autres pas parce que je soutiens ce système, plutôt pour le précipiter dans sa chute. Il y a peut être des lignes de chemins de fer à fermer, d'autres à ouvrir, mais décidons le nous-mêmes. Peut être d'autres voies à (ré)ouvrir, le canal de Nantes à Brest par exemple. N'en déplaise à ceux qui voient dans le train un moyen de transport écologique, les suppressions de lignes actuelles sont faites pour réserver le train à certains encore pour un temps, de métropoles à métropoles, en d'autres mots, aux plus riches, souvent les plus pollueurs.