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- Reportage -
Comprendre la signification de Samhain
Que la fête de Samhain, l'ancien nouvel an de nos ancêtres, soit devenue un évènement commercial sous le nom américain d'Halloween, c'est un peu comme au Moyen-âge avec la vente des indulgences par l'Eglise.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 31/10/14 13:13

Que la fête de Samhain, l'ancien nouvel an de nos ancêtres, soit devenue un évènement commercial sous le nom américain d'Halloween, c'est un peu comme au Moyen-âge avec la vente des indulgences par l'église, une dégénérescence des rites et une perte de leur signification première. Les rites ne sont que des symboles servant à la fois à donner du sens aux choses et donc à rassurer les populations, mais aussi à satisfaire son besoin festif et de lien social. Associer le rite au calendrier est impératif car il permet par sa répétition de structurel le temps en fonction des saisons et régir les activités. Tout un programme.

C 'était le cas du nouvel an druidique, le premier novembre, soit 40 jours exactement après l'équinoxe d'automne que nos ancêtres savaient calculer exactement grâce à des marqueurs en bois ou en pierre dans la direction du soleil couchant. Le choix du 1er novembre était judicieux pour commencer la nouvelle année du calendrier solaire. Bien plus logique que le nouvel an actuel, le premier janvier. Le nouvel an druidique suivait magistralement les cycles de la nature, le mois de novembre étant précisément le mois de la mort et de la renaissance, puisque c'est le moment de la séparation des graines de la plante-mère, qui elle, meurt après la chute des feuilles ou les premières gelées.

Très peu de choses sont connues des rituels en usages dans les anciennes civilisations celtiques. On sait, grâce à des vieux textes irlandais, que tous les feux étaient éteints pour une période de trois jours. Bernard Rio, auteur, de Voyage dans l'Au-delà : La mort chez les Bretons, confirme que la Samhain durait trois jours et "était une phase intermédiaire qui n'appartenait ni à l'ancienne année, ni à la nouvelle". Le 3ème jour en Irlande, un feu était allumé en haut de la montagne sacrée de Tara (au nord de Dublin). Des porteurs de torches partaient alors dans les quatre directions, rallumer dans tous les foyers, la flamme de bel tan, du feu de Bel (le dieu solaire), à travers tout le pays. Le symbolisme du feu et du soleil et de la vie est bien sûr évident et par là, la renaissance du soleil et des feux avec ce nouvel an et ces nouvelles graines ou semences. La même chose a du exister en Bretagne, probablement avec un feu rallumé au sommet du Menez Bré.

Nos ancêtres croyaient que, pendant les trois jours qui précédaient le nouvel an, le monde invisible et le monde réel pouvaient communiquer. Ils croyaient que les morts pouvaient revenir parler et il fallait les accueillir convenablement avec le respect qu'ils méritaient. Les restes de cette croyance ont survécu dans la fête américaine d' Halloween. En premier lieu, dans la tradition de vider des citrouilles, d'y mettre une bougie, et de la placer sur le porche des maisons. Bernard Rio parle de "lanterne des morts". C'est une tradition multi-millénaire, importée en Amérique avec les colons écossais et irlandais et peut-être aussi bretons... Sans foyer à la maison, donc sans lumière, il s'agissait d'indiquer le chemin de la demeure aux morts désirant s'inviter. La tradition a survécu en Bretagne dans certaines régions mais avec des betteraves.

Une autre caractéristique de la Samhain qui a survécu, c'est que Halloween se fête le soir. Ce n'est pas un hasard car chez les Celtes et sans doute, les peuples du Néolithique avant eux, la nouvelle journée commençait à la tombée de la nuit comme chez les anciens Égyptiens. Le nouvel an druidique commençait à la tombée de la nuit de Samhain, la quarantième nuit après l'équinoxe.

L'église catholique, plutôt que de combattre de front ces traditions "païennes", ancrées sans doute depuis des millénaires, a fini pas les intégrer en transformant Samhain en une fête des saints, de TOUS les saints, la Toussaint, et le lendemain la fête de TOUS les morts, une tradition toujours très forte en Bretagne.

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 7 commentaires
Michel Treguer Le Samedi 1 novembre 2014 09:05
Bonjour Bernard, bonjour Philippe,
La fin de votre chronique est trop gentille pour l'Église ! car, si les monstres d'Halloween font leur apparition au soir de Samhain, c'est aussi pour bien marquer que cette fête-là est une horreur païenne dont les bons catholiques sont priés de se moquer… J'ai connu à Commana un vieux paysan qui se souvenait que sa mère leur faisait craindre l'arrive des sorcières, ou au 1er novembre, ou au 1er février (imbolc), il ne se savait plus très bien… Amitiés
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Yann LeBleiz Le Samedi 1 novembre 2014 09:37
@ Philippe Argouarc'h :
Très bel article, mais dommage que l'aspect actuel de cette fête en Bretagne se résume à une unique phrase au passé : "La tradition a survécu en Bretagne dans certaines régions mais avec des betteraves."
Par exemple, dans le pays Bigouden, cette fête était encore très vivante jusqu'aux années 20 et 30!
Pour le savoir, pas besoin de livres, ma grand-mère me la raconté, et cela d'autant plus pour me dire que cela avait continué bien plus longtemps que ce que dit le livre de Per Jackez Elias "Le Cheval d'Orgueil".
Il n'y avait pas que les Betteraves sculptées en forme de tête mais aussi les vessies de porc qui servait de lanterne. Et le soir on mettait un couvert de plus à table, pour recevoir nos morts décédés.
Personnellement, je continue la tradition et je souhaite que mes enfants en fassent de même plus tard.
Cette tradition plus que millénaire n'a été stoppé (du moins pour les Bigoudens) que le temps d'une génération. Ce qui à mes yeux n'est pas suffisant pour la mettre au placard et la remplacer par un truc américain avec des bonbons, des sortilèges, et du marketing dans sa forme la plus basique.
Si 99,99% des bretons ont oubliés cette fête et encore plus l'esprit de cette fête, j'ai eu l'occasion de rencontrer des familles qui continuaient la tradition.
Pour la prochaine Samain, ne pourrait-on pas plus évoquer cette fête chez nous en Bretagne, et favoriser la redécouverte de l'esprit de cette fête?
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ker itron al lann Le Dimanche 2 novembre 2014 09:12
Avant d'expliquer sa signification, il conviendrait de préciser la prononciation de ce terme gaélique souvent écorchée.
Et pourquoi le choix de ce terme? La résurgence du paganisme via l'anglo-saxonne Wicca????
Ne pourrait-on pas choisir le terme qui nous correspond?
Voici une précision bien utile sur l'appellation de cette fête:
Samhain (Irish), Sauin (Manx Gaelic), Samhuinn (Scottish Gaelic)
Kala-Goañv (Breton), Calan Gwaf (Cornish), Calan Gaeaf (Welsh)….
J'opterai donc pour ma part pour l'appellation bretonne Kala-Goañv, si cela ne dérange personne.
A noter la proximité de nos belles langues brittoniques:
Noz Kala-Goañv en breton - Nos Calan Gwaf en cornouaillais.
C'est génial!!!
Bloavezh mat deoc'h!!!
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G.M Le Mardi 4 novembre 2014 13:06
Merci Itron Al Lann pour ce rappel ! De même, on a pour habitude de prononcer"samhain" à la française, alors qu'on devrait le faire à l'irlandaise !
Il est normal que le jour suivant commence à la tombé de la nuit chez les Celtes (et cela depuis le néolithique vraisemblablement) et que l'année commence avec le "mois noir", la période sombre. De l'ombre vers la lumière. Je trouve dommage de ne prendre pour base de réflexion, néanmoins, que les textes médiévaux irlandais : ils évoquent des rites d'il y a plusieurs siècles, et qui ne peuvent correspondre à toute la Celtie; ou comment voulez-vous parler de Kala-Goañv du côté du Cap Sizun au 1er siècle avant JC avec pour base d'étude des textes médiévaux irlandais du 9e siècle, eplus ou moins christianisés ? On ne peut réduire toute la Celtie et ses tradition à l'Irlande Celtique du Haut-Moyen-Age (certains textes parlent même de Samhain commençant 1 mois avant le 1er novembre; mais l'espace et le temps dans les mythologies sont des notions relatives). Je confirme aussi qu'une tradition existe depuis des siècles dans certaines familles: nous fêtons chaque année le nouvel an celtique et faisons un "appel aux morts", chez nous, de façon profane.
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druide Ron Kornôg Le Mardi 4 novembre 2014 18:34
Excellente analyse de B. Rio et résumé de P. Ar Gouac'h. Notez que Samain est aussi connue en Bretagne sous le nom de Heven et appelée en vieux celtique Samonios. Tous les collèges druidiques actuels perpétuent la Tradition, faisant fi des aspects commerciaux ou folkloriques...
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Job LE GAC Le Lundi 17 novembre 2014 15:32
Excellent ! ! ! . . et qui mérite d'être connu . . ! !
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Patrick Le Ner Le Dimanche 23 novembre 2014 18:05
Excellent :
Dans le livre:
Bzh : Bretagne zone harmonieuse à partir de 1946 :
Une uchronie sur la Bretagne et le mouvement coopérative, généralisé à tout ce pays, il est question qu'il y aurait 4 fêtes "nationales" par trimestre.
A savoir :
La tendance serait d'avoir une fête « nationale », par trimestre, ceci pour tous.
--- Le 1er janvier (Nouvel an du calendrier Grégorien, du XVIe siècle, avec ses erreurs, fêté internationalement).
--- Le 1er mai, fête internationale du travail, ainsi que « la Beltaine » des Celtes – le 1er jour de l'été celte.
--- Le 4 août, date principale de la libération de la Bretagne, en 1944, mais aussi « la Lugnasad » des Celtes : Fête de la paix, de l'amitié, de l'abondance et de la prospérité du pays.
--- Le 1er novembre, « la Samain » – le début de la saison « sombre » de l'année celtique, donc proche d'« Halloween », elle-même remise à la mode depuis un certain temps dans le monde, ceci au grand dam de certains catholiques.
Six autres jours de l'année seraient payés, à la convenance des salariés, ceci quelle que soit leur ancienneté, sinon à la convenance des entreprises, des commerces, ceci avec ou sans appartenance religieuse.
Le repos hebdomadaire ne serait plus obligatoirement le dimanche. Il ne serait pas forcément fixe
Mais il comprendrait deux jours de repos consécutifs.
Le but serait que la société bretonne soit en mouvement en permanence, sans que le consumériste et le productivisme en soient la règle.
Les droits d'auteur seront reversés à l'Association des écoles Diwan.
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