Cette année, encore une fois, le pouvoir central va aligner les interventions grossières, brutales et ridicules pour empêcher des jeunes qui ont suivi la majeure partie de leur scolarité en breton d’utiliser cette langue dans l’épreuve de mathématiques au BAC, en Bretagne. Encore plus ridicule quand on sait que passer son épreuve de mathématiques au BAC est possible en langue basque, mais pour les Bretons, non, vous repasserez !
L’incongruité de ce régime jacobin ne connaît pas de limites. Le temps a beau passer, les choses n’évoluent pas, mais la supercherie identitaire profonde qu’est cette République apparaît de plus en plus, au vu surtout de ce qui se passe ailleurs en Europe, et même dans le monde.
Ainsi, ce que la République exige, c’est bien que l’on parle partout la langue des Parisiens, car le français n’est pas autre chose qu’une langue codifiée dans les salons de la « ville lumière », parfois ornementée dans les châteaux de la Loire. Une langue qui a eu besoin d’une académie, créée sous Richelieu, pour que les personnes bien nées puissent l’imposer à tous les peuples de l’hexagone. Un territoire où le français était parlé à peine par un cinquième des habitants au 18ème siècle.
Cette langue est donc devenue un symbole politique, renforcé jusqu’à la vénération à la révolution, autant qu’un moyen d’échange : elle est le ciment d’une nation qui n’a pas beaucoup d’autres liens à mettre en avant, sinon un roman national trafiqué. Une langue française qui, continuant à s’imposer de force, est le dernier ciment de cette République qui ne fait plus nation depuis longtemps. D’où le zèle ridicule des jacobins systémiques de tous poils pour pourfendre tout ce qui remettrait en question le dogme des monolingues obsédés, des destructeurs d’espaces intérieurs.
Ailleurs en Europe, la Charte des langues minoritaires est presque partout appliquée, permettant à tout un chacun d’être bilingue ou trilingue au quotidien. Aux USA, une autre république « messianique » née sous les mêmes auspices que la république française, l’espagnol n’a eu aucun mal à s’imposer comme seconde langue officielle. Des USA où le navajo, une des langues originelles, est la langue la plus parlée après l’anglais et l’espagnol dans deux États, et où c’est le cas pour le français dans six États.
Alors, que doit-on faire ? Sinon faire craquer ce système vermoulu et obsolète, replié sur lui-même de façon mortifère. Ces jeunes sont la tête de pont.
Vincent Fraval, Secrétaire Général de Breizh Europa