On note depuis quelque temps un effacement de l’usage du mot Bretagne (1) au profit du mot Ouest ou de l’expression Grand Ouest.
Inspirée par des considérations politiques liées à la nouvelle décentralisation, cette pratique est malheureusement commune aujourd’hui dans les établissements culturels en Bretagne. Dans un contexte politique récurrent de revendication de la réunification et de l’autonomie de la Bretagne, la bataille idéologique se joue aussi sur le terrain culturel. Et nos braves “cultureux”, fonctionnaires français d’abord, s’avèrent de redoutables et zélés propagandistes de l’idéologie “ouestienne”.
Premier exemple. Depuis 9 ans, le Festival du film de l’OUEST qui a lieu à Betton près de Rennes part à la conquête du territoire pour révéler la grande richesse des « cinémas de Bretagne ». Etonnant mais inquiétant ce double usage qui prête à confusion mais qui impose en premier le mot OUEST.
Deuxième exemple. Une centaine de vases ossuaires avaient été découverts à Vannes en 2015. « C’est la plus grande découverte dans tout le GRAND OUEST en termes de nécropole antique que nous exposons aujourd’hui », se réjouit la conservatrice du musée d’Histoire et d’Archéologie de Vannes et directrice musées-patrimoine au sein de la ville. Heureusement que le quotidien français “Le Parisien” a titré son article (d’où est tiré cet extrait du 10 juin 2018): “Bretagne : une nécropole antique exposée”. Confirmant ainsi que Vannes est bien en Bretagne.
Pour des établissements culturels de Bretagne et pour leurs responsables, ce n'est pas une attitude très courageuse que de se plier au diktat de la culture administrative française et de fouler au pied la réalité historique. Cette soumission au pouvoir politique n'est pas sans rappeler de sinistres précédents.
Le précédent alsacien est là pour nous rappeler les dégâts des déculturations. La culture d’Alsace est, elle, complètement à l’Est. Si, en Bretagne administrative, l’usage du mot Bretagne perdure au niveau de la collectivité territoriale Région, l’Alsace et sa collectivité n’ont pas eu cette chance: elles ont disparu dans la région administrative grotesque “Grand Est”. Avec les conséquences récentes suivantes:
L'une ubuesque: on ne parle plus d’Alsace et on en cache même le nom quand il a le malheur d’apparaître sur des véhicules officiels. Ainsi, lors de la venue de la ministre Murielle Pénicaud au lycée Emile Mathis de Schiltigheim, les professeurs ont reçu l'ordre de cacher deux camions (utilisés par le Bac Pro Conduite et Services) pour que la ministre ne puisse pas les voir. Tout simplement parce que ces camions bâchés portaient la mention "Région Alsace"....
L'autre plus liberticide: on ne peut pas brocarder le sigle “Grand Est” comme vient de le faire le parti alsacien UNSERLAND dans une récente affiche qui comparait la région Grand Est à un boulet pour les Alsaciens. Par voie d'huissier, la région grotesque demande à Unser Land de ne plus utiliser le logo du Grand-Est !
Alors une nouvelle culture Grand Ouest ? Grotesque.