Les troménies sont souvent confondues avec les pardons, dont l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel a permis de répertorier plus de 1400 pardons. Le terme de troménies est souvent utilisé pour caractériser tout genre de processions en milieu breton. Or, si l’on en reste à la définition précise les troménies sont au sens étymologie « le tour » (tro) d’ « un territoire monastique » (minihis). Les troménies sont très peu nombreuses. Les pardons sont associés à des indulgences, où la rémission de la peine due au péché est accordée par l’Église moyennant des actes précis comme celui de faire des pèlerinages.
Les troménies sont des processions plus anciennes. Elles rendent compte d’un processus de territorialisation religieuse après la réforme grégorienne au Moyen Age. Les processions giratoires permettaient de délimiter des territoires religieux, les minihis. Elles comportaient des stations qui participaient au bornage de ces territoires sous le regard de communautés, celles du minihi et des paroisses alentour. Du printemps à l'automne, ces populations défilaient derrière les reliques et les bannières des saints. Leurs territoires relevaient du droit d’asile. C’est le cas de la Grande Troménie une procession d’une douzaine de kilomètres qui faisait le tour du locus de Ronan, l’église et l’oratoire de saint Ronan, peut-être établi sur un ancien sanctuaire celtique ou nemeton. L’étude des sources historiques permet désormais de mieux comprendre son origine. Une datation précise est proposée dans cet ouvrage.
Plus largement, cette étude aborde l’ensemble des minihis en Bretagne. Ce que l’on sait le moins c’est que les troménies rendent compte d’un même processus que celui de la fondation des évêchés en milieu breton. C’est le cas du minihi Paol de l'évêché de Saint-Pol-de-Léon, du minihi du Mont Frugy à Quimper, du Minihic-sur-Rance près d'Alet-Saint Malo et Minihy-Tréguier associé au siège de Tréguier. Leur origine est également expliquée dans cet ouvrage. L'inventaire réalisé souligne que les minihis couvrent toute la partie bretonnante de la Bretagne. Tous les minihis n’ont pas été sacralisés.
Loin des interprétations ésotériques récentes, cet ouvrage propose de remonter aux sources historiques. Le livre s’inscrit dans une recherche réalisée en 2009 à l’Université de Rennes 2 sous la direction de Daniel Pichot et Bernard Merdrignac, actualisée lors du dernier colloque de la Grande Troménie de Locronan.
Les troménies participent au patrimoine vivant de la Bretagne, comme le prouve leur inscription récente à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel par le ministère de la Culture. Les troménies bretonnes renvoient au plus profond de l’âme bretonne, son identité. Terre de légende et de folklore, la Bretagne est aussi une terre sacrée, une terre des saints.
Fiche technique
Editeur : YORAN EMBANNER
Auteur : MICKAEL GENDRY
Genre Religion et société
Présentation Broché
Nb de pages 224
Dimensions 19 x 24 cm
Parution 2022-05
EAN 9782367850290
18,50 € TTC
En vente sur le site des éditions Yoran Embanner et Coop Breiz
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