Vénérables délégués de Galles, vénérables délégués de Cornouailles, Frères et Sœurs, cher représentant de la Région, cher(e)s ami(e)s, bienvenue à tous en ce jour de Gorsedd Digor. Je veux saluer aussi les familles des personnes assassinées à Nice par un fanatique aux idées folles. Des enfants, des gens ordinaires ont été écrasés et abattus sans pitié. Le premier Ministre a appelé à l'unité nationale. Je crains que sa voix ne soit pas plus entendue qu'il n'a lui-même entendu la voix des gens qui manifestaient dans la rue récemment. Un monde de violence est hélas aussi un monde de sourds.
Ici à Saint Kaduan, nous célébrons notre réunion annuelle une fois de plus. Je remercie l'Arouez varzh pour avoir organisé le nettoyage du cercle. Tant que j'y suis, je souhaiterais que nous soyons encore plus nombreux à participer à ce travail l'année prochaine. Je remercie également la Région Bretagne et le président Le Drian pour leur aide précieuse cette année encore.
Un référendum a été organisé en Grande-Bretagne au mois de juin pour quitter l'union européenne ou y rester. J'ai été déçu du résultat car je pense que ce n'est pas une bonne issue pour ce pays ou pour l'Europe. Mais je respecte la volonté majoritaire de la population britannique.
La première chose que je veux dire à nos frères et sœurs de Galles et de Cornouailles, c'est que la Gorsedd de Galles et celle de Cornouailles existaient bien avant que l'Europe ne s'unisse. Les liens qui nous unissent aux peuples de Galles et de Cornouailles existaient bien avant qu'on ne parle même d'Europe. C'est nous qui avons ouvert la voie !
Il y a deux ans à la Gorsedd Digor de Bretagne à Arzano, et à l'Open Gorsedd de Cornouailles ensuite j'avais remercié le Pays de Galles et la Cornouailles pour l'aide apportée aux réfugiés qui fuyaient l'invasion allemande en 1940 et les années suivantes. Nous n'avons pas oublié non plus la délégation de l'Eisteddfod venant visiter les prisons de l'État français où avaient été internés beaucoup de bons Bretons après la Deuxième Guerre mondiale. Ces gens étaient restés fidèles à leur pays et tous n'avaient pas soutenu l'occupant nazi, loin de là !
Il y a cent ans le sang britannique coula mêlé au sang breton et à celui d’autres peuples sur les rives de la Somme. Cela a été célébré solennellement très récemment !
Frères et sœurs, nous étions, avant le Brexit, et frères et sœurs nous sommes toujours après le Brexit et c'est tant mieux ! Cela ne changera pas notre volonté de vivre en paix avec les autres peuples du monde.
Mais j'éprouve de la crainte et du dégoût quand j'entends que les actes racistes ont progressé de 57 % depuis le résultat du référendum. Le poison du racisme est une ignominie quel que soit l'endroit du monde où il agit. Nous devons tous combattre cette infamie !
Il faudra bien que les pays qui en font partie réfléchissent à la façon dont on construit l'Union européenne, un grand marché n'est pas une fin en soi car la citoyenneté ne se limite pas à une inscription en lettres d'or sur la couverture d'un passeport. Un ensemble de droits et une participation réelle à la vie démocratique valent bien mieux que le respect de quelques règles technocratiques et techniques toutes à l'avantages des entreprises mais pas des citoyens. Et il faudra bien un jour voter pour un vrai gouvernement démocratique de l'Europe. Les États sont-ils prêts à consentir à une telle chose ? Que répondra l'Union Européenne au peuple écossais s'il choisit l'indépendance ? L’Europe peut-elle vraiment continuer ainsi ? Souhaitons que la sagesse finisse par l'emporter.
Passons de ce côté-ci de la Manche !
Nous nous sentions tous Corses après les élections régionales quand les deux présidents des assemblées corses ont fait un discours en corse. Nous avons entendu crier aussitôt les jacobins. Nous, nous avons trouvé comme Tangi Malmanche « convenable, comme on dit, d'aboyer avec le chien, hurler avec le loup et parler breton en Bretagne ! »
Car le breton aussi doit être langue officielle, ici, en Bretagne. Ce n'est pas à l’État français de nous donner ou de nous refuser le droit de parler notre langue dans toutes les occasions de la vie quotidienne ou publique. Désobéir aux règlements linguistiques des Talibans de la République est une nécessité autant qu'un choix et un devoir pour nous car nous sommes tous égaux dans la République. Nous ne sommes pas un peuple inférieur aux autres !
Quand elle refuse l'usage de notre langue dans la vie publique, la France démontre qu'elle est resté un État colonialiste. Quand elle proclame qu'elle est la Patrie des Droits de l'Homme, ce n'est qu'une forfanterie de nationalistes cocardiers ! Nous, peuples de l'Hexagone, nous ne pouvons les croire parce que nous sommes ceux qui subissons ces mensonges.
Il y aura de la confusion l'année prochaine sur le plan politique, chacun cherchant avant tout à l'emporter. J'espère que les Bretons croiront en leur capacité à faire avancer leur avenir !
Vive la Bretagne, vivent nos Gorsedd, vive la Fraternité entre Le Pays de Galles, la Cornouailles et la Bretagne !