Nous avons rencontré Maëlig Trëdan, candidate pour le Parti Breton dans la 5e circonscription de Loire-Atlantique (Nantes, Carquefou, Nort / Erdre).
Avec les 11 autres candidats de moins de 35 ans présentés par le Parti Breton (sur 32 au total pour ces législatives, couvrant une majorité des 37 circonscriptions bretonnes), elle symbolise le nouveau visage de cette organisation politique, nullement inféodée à des partis hexagonaux.
Toutes et tous sont animés d’un même désir d’une Bretagne émancipée, entreprenante, écologique et solidaire.
Le Parti Breton s’est associé, en vue de ces législatives et même bien au-delà, avec Bastir Occitanie, le Parti Lorrain, le Parti Nationaliste Basque (EAJ-PNB), Prouvènço Nacioun, Alternative Alsacienne -'s Lìnke Elsàss et le Parti de la Nation Occitane pour créer la FPU : fédération des pays unis.
Avec ces législatives, la force et la détermination de ses candidats et de ses alliances, nous assistons actuellement à l’émergence d’un mouvement de fond qui s’inscrit dans la durée. Les Bretons, les vrais, ainsi que les peuples amis, relèvent la tête pour imposer la discussion à un pouvoir centralisateur à bout de souffle.
Agence Bretagne Presse : Maëlig Trédan, malgré votre jeune âge, beaucoup de Bretons croient vous connaître, tant vous êtes active. Pouvez-vous nous dire plus précisément qui vous êtes ?
Maëlig Trédan A 28 ans, je suis candidate pour représenter le Parti Breton au sein de la Fédération des Pays Unis. Originaire du pays du Trégor, dans
les Côtes d’Armor, j’ai grandi à la Chapelle-Sur-Erdre (5e circonscription de Loire-Atlantique, ndlr), dans le premier département breton... La Loire-Atlantique !
Ingénieure en agriculture de formation, je suis titulaire d’un second master en Sciences Politiques et management de projet territoriaux. Passionnée par la Bretagne, son environnement, sa culture et son dynamisme, je m’implique depuis plus de dix ans dans plusieurs associations dans l’objectif de défendre et promouvoir ses particularités.
ABP : Quelle est votre Bretagne de demain ?
MT Bretonne, démocrate, favorable à une vraie Europe des Régions, je considère qu’une autre voie politique est possible : celle d’un pouvoir de décision local, en s’affranchissant de l’ultra- centralisme français et du clivage droite-gauche, de plus en plus polarisé par les extrêmes, ou par le pouvoir jupitérien.
Je crois fermement que les actions impulsées localement sont les plus à même de répondre aux grands enjeux et défis de ce siècle que sont l’écologie, le maintien d’activités stratégique et génératrices de valeur dans nos territoires, la santé et l’alimentation durable et de qualité pour tous.
Pour que notre qualité de vie bretonne perdure et s’améliore encore, je défendrai davantage de pouvoir de décision et d’autonomie pour la Bretagne en soutenant notamment la création d’un statut particulier pour les cinq départements bretons et le retour des trois pouvoirs : politique, législatif et judiciaire.
ABP : Quels sont vos engagements locaux ?
MT : Localement, mes principaux engagement porteront sur :
• la réunification : Proposer une loi permettant à la Bretagne, amputée de la Loire-Atlantique par un décret, de retrouver son intégrité et sa cohérence ;
• la qualité de vie : Favoriser l’accès au logement des familles et des actifs dans les zones tendues, valoriser et protéger notre patrimoine naturel et culturel, protéger notre biodiversité ;
• la sécurité : Le nombre d’incivilités augmente très largement, tandis que le gouvernement se cache derrière des chiffres qui masquent la réalité. Un nombre important d’agressions, de vol, de violences (notamment faites aux femmes) ne sont pas prisent en compte. Le « tout va bien » ambiant pèse sur une partie de la population et contribue aux clivages et à aux prises de positions extrêmes. Là encore, il est urgent de changer d’échelle pour se rapprocher des habitants, donner davantage de moyens à ceux qui nous protègent et aider les communes à s’organiser en fonction de leur besoin (exemple avec la création du Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance à La Chapelle-Sur-Erdre) ;
• une alimentation saine, durable et de qualité : promouvoir les productions locales et notre patrimoine culinaire dans un souci de maintien de notre souveraineté alimentaire, de respect de l’environnement et de notre santé. Travailler de concert avec les collectivités pour l’approvisionnement des cantines en produits locaux.
Chaque territoire est unique : nos spécificités sont notre force. Soyons fiers et assumons-les !
ABP : Au sujet de la Réunification bretonne, on parle souvent de l’organisation d’un référendum : quel est votre avis à ce sujet ?
Je n’ai rien contre l’idée d’un référendum en soi. Je milite d’ailleurs pour un fonctionnement basé sur davantage de démocratie directe, qui compterait parmi ses nombreux avantages de permettre aux citoyens de reprendre leur place dans la vie politique et de monter en compétence sur de nombreux sujets avant de se prononcer.
Choisir la stratégie du référendum pour réunifier la Bretagne est cependant risqué. Non pas que je craigne le vote des habitants de Loire-Atlantique (ceux-ci se sont d’ailleurs largement exprimés très souvent en faveur du rattachement au travers de sondages). Mais il faut garder à l’esprit que le plan de l’État Français concernant l’avenir de la Bretagne et les Pays de Loire demeure le grand Ouest. Le fait de ne pas maîtriser le périmètre de ce référendum et de confier aux représentants de l’État français son organisation a de quoi nous inquiéter. Je ne me prononcerai en faveur (ou non) d’un référendum en faveur de la Réunification que lorsque le cahier des charges sera clairement établi. Et même si toutes les planètes devaient s’aligner en faveur de cette stratégie, gardons à l’esprit que l’État français se réserve le droit de ne pas appliquer les décisions prises par son propre peuple : En 2005, la France (ainsi que les Pays-Bas) avaient refusé par référendum le projet de traité constitutionnel européen. Le gouvernement avait malgré tout fait adopter par le Parlement le texte à peine modifié.
En attendant, et dans le cadre d’élection législative, nous visons avant tout la voie d’une proposition de Loi à l’Assemblée Nationale.
ABP : Que vous apporte le Parti Breton dans vos convictions ?
MT : Le centralisme français épuise nos territoires. Sur les plans économiques, mais également décisionnels. Qui mieux que les habitants d’une région, d’un pays, savent ce qui est bon pour eux ? Et pourtant, les choses vont de mal en pis : plus l’État parle de décentralisation, moins nous en constatons les effets. J’en déduis que les partis traditionnels ne comprennent pas le problème. Il est donc temps d’essayer autre chose, et c’est ce que le Parti Breton incarne pour la Bretagne. En atteste l’implication de la jeune génération : sur 32 candidats, nous sommes 11 à avoir moins de 35 ans ! Un fait rare dans la politique de nos jours…
ABP : Dans votre circonscription, vous aurez comme adversaire redoutable Sarah El Haïry, secrétaire d’État dans le gouvernement Castex. Mais on ne voit pas d’autres candidats solides, ni d’autres candidatures pro-bretonnes. Pouvons-nous penser que vous serez LA surprise de ce 1er tour ?
MT : Le renouveau de la pensée pro-bretonne que je vois au quotidien en Loire-Atlantique et dans les autres départements dans mes différentes actions, le sérieux et la profondeur de la pensée du Parti Breton me font dire que nous sommes plusieurs candidat(e)s à tenir la mer dans toute la Bretagne. Dans la 5e de Loire-Atlantique, madame El Haïry a l’avantage d’être sortante et d’être de la mouvance du président sortant réélu, plus par rejet que par conviction d’ailleurs, est une bonne candidate. Son suppléant était devenu député, quand elle entra au Gouvernement. J’aurai plaisir à la challenger au 2nd tour.
ABP : Maëlig Trédan, je vous remercie
MT : Merci à vous et je salue les lecteurs d’ABP.
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