Le pipeline acheminant les carburants du bassin au dépôt étant hors d’usage depuis 2019, le Conseil de la CCBI a fait appel au bureau d’études Eureteq (50 000 € HT) pour proposer une solution de réfection ou de remplacement de l’installation. Réuni le 14 décembre 2021, il a pris connaissance du résumé synthétique de l’étude qui présente trois options sans baisse des prix à la pompe (1, 2a, 2b) avec maintien des deux Délégations de Service Public (DSP) attribuées à la Compagnie Industrielle maritime (CIM) et Marine Energie, et trois options (4, 5, 6) avec une baisse immédiate des prix à la pompe et changement radical de l’organisation : des camions citernes sont acheminés par un bateau spécifique.
Le choix du conseil, proposé par la présidente, et qui n’a pas fait l’objet de discussion, ni de votes séparés pour chacune des 6 options pendant le conseil (selon la vidéo) s’est porté sur le maintien de la configuration actuelle avec remplacement du pipeline et sa prolongation jusqu’au poste de nuit du Bangor (coût 2,7 millions d’euros)– soit une option sans baisse des prix
La Présidente a rejeté a priori les options 4-5 et 6 (celles qui permettent une baisse des prix), car « si on passe au privé - a-t-elle argumenté - on ne contrôle plus rien », ajoutant « JE préfère payer le produit cher à la pompe plutôt que payer moitié moins cher mais ne pas en avoir tous les jours ».
Il est loin d’être sûr que cet avis - très personnel - soit partagé par la majorité de la population de l’île : rappelons les manifestations de 2007 contre l’augmentation de 13 centimes consécutive à l’achat de l’Anatife entraînant la suppression de la subvention du Conseil Général, et au désengagement de Total dans la gestion du dépôt, la CCBI décidant de la confier à la CIM (avec une DSP). Le slogan des manifestants était : "Le plein au prix du homard. Pédalez smicards!"
En fait aucune des options 4, 5, 6 ne peut être éliminée en raison du passage « au privé » « secteur concurrentiel », nuisible selon la Présidente à la continuité de l’approvisionnement et à la maîtrise des prix : actuellement la collectivité délègue bien au « privé » (CIM, Marine Energie) la totalité de la gestion des approvisionnements ! Et si une option 4, 5, ou 6 était choisie, le « privé » serait délégataire de service public sur la base d’un cahier des charges défini par la collectivité. Où est la différence ?? Le coût en investissement pourrait être de 360 000 € au lieu de 2,7 Millions d’€ - somme qui fatalement sera répercutée au moins en partie sur le contribuable local. Et dans la balance l’argument de la fragilité du quai pèse peu car les 2,7 M€ pourraient peut-être servir à une consolidation qui sera en tout état de cause nécessaire à court terme.
Par ailleurs en raison de la transition énergétique les besoins en hydrocarbures dans l’île (électrification du parc automobile et interdiction des chaudières à fuel) - baisseront inéluctablement et sans doute à court terme. De plus, cette baisse entraînera une augmentation sensible des produits pétroliers puisque - il faut le rappeler - Anatife assure par contrat 54 rotations à prix fixe quelle que soit la quantité transportée : quel sera le prix du litre de carburant quand l’Anatife effectuera ses traversées ses citernes aux trois quarts vides ? (elles le sont déjà partiellement à certaines périodes)
Une décision qui refuse la baisse des prix à la pompeEt la sécurité ? La solution choisie ne fait que déplacer le problème
L’étanchéité d’une tuyauterie exige des contrôles systématiques et la présence d’un pétrolier qui dépote suppose des risques analogues que ce soit dans le bassin ou dans l’avant-port, puis au niveau du dépôt comme l’a montré un expert. Palais est classée commune à risque majeur pour l’explosion et le transport de matières dangereuses. Et le dépôt est près des logements. Apparemment ce point n’a été pris en compte ni par Eureteq, ni, ce qui est plus grave, par le Conseil. Hélas l’option dépotage hors du port a toujours été refusée par le département faute d’argent !
Si rien ne change, les Bellilois repartent pour 20 ou 30 ans avec un carburant de plus en plus cher et sans plus de sécurité. La question des carburants, qui touche de si près le pouvoir d’achat des Insulaires, exige une consultation de l’ensemble de la population.
Gerveur da viken - RITM
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