Du fondateur duo formé par Janick MARTIN, s’exprimant à l’accordéon diatonique, et Erwan HAMON, aux bombardes et flûtes, ce qui génère, en 1998, la parution d’un premier disque de 12 titres, dénommé « La Violette » , en transitant par le trio, puisque tous deux rejoints, définitivement, au chant, par le frère, Mathieu HAMON, passant de ce trio au quatuor avec l’arrivée de Ronan PELLEN, joueur d’une grande mandoline dénommée, cistre, combo illustré, dans cette configuration musicale, par la publication, en 2001, de l’album « Allune » , nourri d'airs du pays gallo avec, parmi les invités, Erwan VOLANT, à la basse acoustique fretless, devenant le 5e membre de la formation, alors, conceptrice, en 2004, du premier enregistrement de l’actuel groupe, voici, in fine, le HAMON MARTIN Quintet !
Formation phare de la scène des festoù-noz, la plus programmée dans ce cadre festif et dansant, le HAMON MARTIN Quintet est le groupe emblématique de la musique traditionnelle bretonne à danser de Haute Bretagne et de folk francophone qui se produit, aussi bien, en tant que plus qu’efficace et esthétique incitateur à la danse, qu’en version concert.
Sans compter que, particulièrement élaborée et riche des ses multiples couleurs enracinées dans le terroir, mais, aussi, puisées dans l’universel, la musique du HAMON MARTIN Quintet nous offre, à chaque instant, des mélodies à marquer frénétiquement du pas, mais aussi, à écouter avec attention… et réciproquement !
A présent, après les parutions discographiques de « L'Habit de plume » (2004), « Les Métamorphoses » (2007), « Du silence et du temps » (2010), « Les Vies que l'on mène » (2014) et « Clameurs » (2019) CD A RETENIR , le HAMON MARTIN Quintet, nous propose « Et si l’idée coulait de source » , sa 6e publication, comme le mentionne Coop Breizh qui la distribue.
Le label ARFOLK qui la produit, préfère la présenter comme un 7e opus en y intégrant, explorant la musique arabe du Proche-Orient, une étroite collaboration du Quintet avec, notamment, le chanteur palestinien Basel ZAYED et son frère percussionniste, Yousef, lors d’un spectacle qui croise leurs respectives expressions en matière de musique populaire du pays de Redon et de Cisjordanie, aboutissant, en 2007, à la parution de l’album « Kharoub » , au cours duquel les rondes bretonnes deviennent le miroir de la dabké arabe...
Une page Internet évoque, même, un 8e enregistrement, associant au chemin créatif du HAMON MARTIN, le CD précédemment nommé, « Allune » , seul paru en quatuor, mais révélant, déjà, en invité, Ronan.
Qu’importe le « numéro séquentiel » attribué, nous pourrions, nous-mêmes, évoquer, un 11e opus, tenant compte de trois autres enregistrements discographiques en duo, « Sous le tilleul » (2009), puis de deux enregistrements captés en public, « Blue and Black Zebra » (2012), et, beaucoup plus récemment, « Fest-Noz Symphonique » avec Annie EBREL et l’Orchestre Symphonique de Bretagne, placé sous la direction d'Aurélien AZAN ZIELINSKI (2017) - Notre chronique
Après 23 ans de carrière, le tout est de bien percevoir, qu’au travers de cette progression structurelle, stylistique et instrumentale, cette succession d’expériences artistiques et discographiques diverses est liée par des genres musicaux variés abordés, passant de la chanson française (Gaston COUTE et Pierre BAROUH), par de fortes influences de jazz contemporain, inspiré par des figures comme le contrebassiste, bassiste, violoncelliste et compositeur de jazz britannique Dave HOLLAND et du guitariste de jazz et compositeur américain John SCOFIELD ; puis, opérant une synthèse de ses diverses influences musicales et poétiques, en intégrant un certain engagement contestataire ou explorant la musique arabe du Proche-Orient, le HAMON MARTIN Quintet a acquis, au fil du temps, une épaisseur, une crédibilité musicale et textuelle, une spécificité sonore et en matière de démarche artistique qui en font, sur la scène bretonne, hexagonale, comme internationale, une référence étayée par les cursus substantiels des intervenants.
Après « Clameurs » , son dernier enregistrement plus conceptuel et Coup de cœur - Musiques du monde - de l’Académie Charles Cros, pour ce nouvel opus, « Et si l’idée coulait de source » , le quintet revient aux fondamentaux… la musique à danser, puisqu’en dehors d’une mélodie, nous pouvons retrouver un programme d’airs qui font, inexorablement, bouger les pieds, au travers de Pilé-menu, Bal et Rond paludiers, Mazurka, Laridé 8 temps, Ridée de Guillac, Ridée 6 temps, Rond de Saint-Vincent ou An dro.
« Ce nouvel opus marque un engagement environnemental fort, mêlant musique à danser et textes engagés […/…] Ce nouveau projet marque une continuité dans l’engagement militant du groupe » .
C’est ainsi qu’est, entre autres propos, présenté ce nouvel album.
Nous souhaiterions toutefois, avec toute la déférence qui s’impose, et à notre humble point de vue, moduler, nuancer ces termes, certes, souvent « porteurs et dans l’air du temps » , mais qui pourraient, néanmoins et notamment, écarter de nouveaux auditeurs du réel fondement en terme de contenu, parfaitement assimilable par les plus larges publics.
Ce serait bien dommageable, voire contreproductif, car le groupe, comme grand nombre d’entre nous, qui sommes, sans réserve, viscéralement concernés par les problèmes environnementaux, sait, ici, parfaitement nous atteindre et nous convaincre, si besoin, était, par des textes poétiques ciselés et substantiels qui échappent à toute agressivité, véhémence, voire posture qui, cultivée dans l’habituelle sous-jacence des mots et dans le cadre d’un engagement clamé, fruit d’un militantisme débridé, est souvent véhiculé, finalement, avec un certain conformisme et une banalité, par des artistes et groupes de tous horizons, bretons, celtiques… ou non.
Dans le corolaire de nos propos, et entre les lignes, il est intéressant d’écouter la réponse de Janick MARTIN, invité de « La table d’Arthur » , émission diffusée sur France Bleu Armorique.
Son animateur, Glenn JEGOU, pose cette question :
« Est-ce-que l’on peut dire qu’ HAMON MARTIN Quintet est un groupe engagé dans une écologie militante ? » .
Rapprochant le contenu des albums « Du silence et du temps » , « Clameurs » et, plus particulièrement, le titre éponyme du présent disque, Janick répond :
« Alors, je ne sais pas si c'est dans une écologie militante, mais, il y a des sujets qui nous touchent et dont on a envie de parler ; l’engagement ça été vraiment une question, quand on a fait cette chanson contre l’aéroport de Notre Dame des Landes (Album « Du silence et du temps » - piste 1 - NDLR), c’était même compliqué dans nos familles où ça créait des débats, c'est-à-dire que dans nos familles, le père est contre, la mère est pour l’aéroport ; chez tout le monde, ça a créé des questions, nous, on s’est un peu positionné là-dessus ; ensuite on s'est un peu positionné dans notre voyage en Palestine […/…] En même temps c’est lourd à porter, parce qu’on attire des foudres d’anciens amis, des inimités que l’on ne comprend même pas, des impossibilités de discuter après, et donc « Clameurs » , finalement, c’est, un peu, essayer de tirer les conclusions, de la lutte, qu’est-ce qu’est la lutte ? A quoi cela nous amène ? Et comment on en sort debout ? Même si, par exemple, on a été du bon côté au bon moment, est-ce que c’est, finalement, pas amer ? donc, « l’amertume » (Album « Clameurs » - piste 15 - NDLR), notamment, la chanson que Mathieu chante, c’est sur la réflexion, donc, on en est sortis, un peu lavés, je dirais, grâce à « Clameurs » , et on s’est dit, on reste, quand même, dans des enjeux qui sont, évidemment écologiques, mais dans le mot écologique on met tout et n’importe quoi, donc on choisit des thèmes précis et le thème de l’eau, de la captation de l’eau pas les grandes entreprises, une ressource qui est gratuite, c’est un sujet complexe qui nous pose beaucoup de questions ».
Vous excuserez, certainement, la longueur de notre transcription, mais nous ne voulions pas sortir les propos de Janick MARTIN de leur contexte et de son exposé, ce que l’on aurait pu, à juste titre, nous reprocher.
Limons donc, quelque peu, le côté abrasif que pourraient revêtir les mots « engagé » et « militant » , ce dernier définissant, stricto sensu, quelqu’un qui, de façon quelque peu doctrinale, combat activement dans des luttes idéologiques.
Nous préférerons adosser au HAMON MARTIN Quintet, des vocables comme, « concerné » , « témoin » , « sensibilisateur » , « éveilleur » …
Grâce, notamment, à la poésie des textes choisis et à leur interprétation, tout autant souple que persuasive, les titres de « Et si l’idée coulait de source » tissent un message parfaitement recevable par tous, que l’on soit plus ou moins impliqué dans le sujet.
Tout semble, en effet, simplement... couler de source !
« Nous ne rattraperons
Ni la petite ni l’eau vive
Si les ruisseaux s’en vont
Avant que les enfants les suivent
Et si l’idée coulait de source (bis)
[…/…]
Pour paraphraser Molière, en substituant, toutefois, le dernier qualificatif, vous en conviendrez, qu'en termes élégants, ces choses-là sont... dites.
Ces vers contemporains, autant imagés que percutants, évidents… coulant de source, nous les devons à l’auteure, parolière, poétesse, écrivaine et… violoniste, Julie BONNAFONT à qui le Quintet a fait appel pour signer le texte du titre éponyme et, en piste 2, celui d’une composition d’Erwan HAMON, « Le papillon sous la lune bleue » .
Mathieu a, tout de suite, aimé ce texte, sans trop savoir pourquoi, probablement porté par une sensation légère, légère, précise, pour ce second poème, la note du livret joint au Compact Disc, recueil, lui-même, préfacé, comme ce qui pourrait être une invitation à la danse, par un texte poétique de Julie.
[…/...]
Dans l’azur électrique
Mon étrange monture tourne et danse
Autour de l’astre polaire et
Sa grâce grisante
Solaire, solaire,
Me couche sur l’aile soyeuse
Du papillon sous la lune bleue.
[…/...]
Ouvert par le cistre de Ronan PELLEN, nous avons beaucoup aimé ce Bal paludier où la voix puissante et bien timbrée de Mathieu, semble, paradoxalement, légère, légère, croisant les volutes de flûte d’Erwan ponctuées des vigueurs diatoniques de Janick MARTIN.
Puisque nous avons commencé à évoquer les auteurs et paroliers auxquels, pour cet opus, le HAMON MARTIN a eu recours, mentionnons Melaine FAVENNEC, avec, en ouverture de l’album, un chant énumératif, rythmé en Pilé-menu et intitulé « Au gui l’an neuf » .
Il s’agit d’une reprise d’un titre que Mélaine avait enregistré, sous forme récitative, en 1978, sur son disque « Chansons simples et chants de longue haleine » .
La basse profonde d’Erwan VOLANT y joue, ici, un rôle majeur, affirmant, encore, s’il le fallait, la diction entêtante de Mathieu qui, d’une voie stéréophonique à l‘autre, décline dans des flux et reflux de crescendos et la transe ce chant à décompter de un jusqu’à douze, puis, rétrospectivement, au fur et à mesure de l’énoncé des phrases, de douze, à un.
Cette transe est aérée par les reprises en choeur du refrain des quatre autres membres de la formation et la partie finale nous réserve un ample chorus vocal et instrumental.
La version du quintet donne une respectueuse vision musicale assez prospective, finalement, déjà présente, à l’époque. Une entrée en matière, vraiment, très réussie avec une belle mise en espace sonore !
Nous retrouvons, aussi, Denis FLAGEUL, souvenez-vous, le parolier de la création « Kharoub » .
Sur un air traditionnel adapté en Rond paludier par Erwan HAMON, « L’histoire de ma vie » se révèle comme une page poétique originale inspirée de l’incipit « L’amour et la boisson m’ont fait faire des folies » .
Pour cette histoire d’amour, par des conditions sociales opposées, rendue impossible et menant à l’errance, aux excès, à la débauche, le chant aussi mélodique que narratif de Mathieu porte une saveur semblable à la chanson réaliste qui, dramatique et poétique, évoque à merveille les amours malheureuses.
S’agrégeant au métronomique cistre de Ronan et aux vagues plaintives diatomiques de Janick, sonne le biniou kozh de l’invité Sylvain LEROY, complice, à la bombarde, d’Erwan. Tous deux, ravivent, dans la plus pure tradition, le cadre natif du terroir breton.
[…/…]
Nos cœurs étaient liés comme on fait des tresses
Et je savais qu’un jour elle serait ma maitresse
Mais les enfants n’ont pas en main leur destinée
J’étais fils de personne quand elle était bien née.
[…/…]
[…/…]
J’ai bu de tous les vins de toutes les vendanges
J’ai tué et j’ai volé j’ai trainé dans la fange
Brigand je m’en reviens de lointaines contrées
Apportant dans mes mains ces fleurs de giroflées
De celles qu’on cueillait dans nos vagabondages
Quand nous étions jeunesse et dans la fleur de l’âge
Laissez-moi les poser au tombeau de ma mie
L’amour et la boisson m’ont fait faire des folies.
HAMON MARTIN Quintet rend, aussi, hommage à, disparu en octobre 2022, Gilbert BOURDIN, créateur des Ours de Scorff, dans une folle Ridée de Guillac avec sa chanson, « Les pommes dans le poirier » écrite pour les 40 ans du pérenne festival « La Gallésie en fête » , à Monterfil, commune d’Ille-et-Vilaine. Ce texte a été donné en cadeau, par son auteur, au cours de rencontres avec les membres de la formation.
Cette mélodie syncopée, obsédante, vivifiante, colorée, nous permet d’entendre, avec quelques touches orientales, les jolies et véloces volutes de flûte traversière en bois d’Erwan HAMON, rejointes par les phrasés et les virgules de l’accordéon de Janick.
Auteur d'une œuvre poétique abondante, dont, en 1947, alors qu’il est venu s'installer à Nantes durant la seconde guerre mondiale, « Les Ballades nantaises, Aux portes du Large » , Paul Fort (1872-1960) a été choisi par le groupe pour nourrir de sa plume un Laridé 8 temps, « Quand le froid vient me saisir » et « Où donc est ma peine » , un Andro qui conclut l’album. Ce sont deux textes issus des « Ballades françaises » représentant, environ, 40 volumes (1896-1958).
Contrairement à ce qu’indique le livret joint au CD, le premier texte est écrit d’après le poème « Le dit du pauvre vieux » et le second d’après « La chanson à l’aube » .
[…/…]
« Je n’ai pas dans ma vieillesse, même un chien qui me caresse
Et me chauffe un peu les mains de sa langue de bon chine
Décembre, toujours décembre. Jamais de feu dans la chambre.
[…/…]
Isolement du grand âge, froidure de l’hiver… extrême solitude que connaissent, en nos jours, nombre de nos anciens ; « Quand le froid vient me saisir » véhicule, en somme, un sujet d’actualité que l’apparente légèreté de la longue introduction instrumentale de l’accordéon et de la bombarde, toutefois bien tempéré par le permanent glas de la basse d’Erwan VOLANT ne parvient à faire taire, même avec la persistance du thème musical écrit par Erwan HAMON en hommage à feu Hervé LE LU. Musicien professionnel, intervenant au pôle d’enseignement supérieur du spectacle vivant de Bretagne et des Pays de la Loire qui forme les futurs professionnels de la danse, ce défunt instrumentiste a été à l’origine du festival de Cléguérec, mais surtout, dans les années 70-80, leader du groupe Carré Manchot.
En conclusion du morceau, reprenant les deux premiers vers, l’ultime intervention vocale, non pas chantée, mais dite dans le souffle par Mathieu, rajoute froid et nostalgie d’une pleine jeunesse, alors, synonyme d’été, chaleur et vigueur.
Le second poème « Où donc est ma peine » est associé par le quintet à la réunion de trois airs.
Introduit par un zajal libanais, qui porte traditionnellement une forme de poésie populaire, notamment, déclamée ou chantée sous forme de joute oratoire avec réponse de la foule, lors de célébrations sociales et familiales, le texte de Paul FORT vient se poser sur le deuxième thème, un air de résistance érythréen suivi d’un Andro de Redon composé par Janick, sur lequel sont reprises les paroles.
Pour cette dernière piste de l’opus, le chant est collectif.
Après l’énumération des auteurs qui, par leurs textes, donnent du corps à ce programme qui ne pourrait, avant attentive écoute, n’apparaitre que dansant, il serait injuste de ne pas citer le chanteur du quintet, Mathieu HAMON, qui a également écrit deux nouveaux textes, dont « Voici le temps et la saison » qui, inspiré d’une grande chanteuse de Saint-Martin-sur-Oust, par ailleurs, paysanne, Jeannette MAQUIGNON (1906-1998), rend hommage aux chanteurs et chanteuses, qu’ils se prénomment Augustine, Emile, Clémentine, Louis… et qui, en passeurs de mémoire, ont transmis ce patrimoine de chansons traditionnelles abondant, notamment, le répertoire breton contemporain.
Voici le temps et la saison
Une chanson dans ma maison (bis)
C’est Augustine qui la fredonne
Tra lala lala lala la...
Et j’ai chanté, j’ai déchanté,
J’ai rechanté, je n’chanterai plus I
La chanson toujours s’envole,
Et la chanson toujours résonne (bis)
« Et j’ai chanté, j’ai déchanté, j’ai rechanté, je n’chanterai plus » fait écho à la célèbre phrase espiègle prononcée par cette iconique figure chantante du Pays de Redon : « J’ai chanté, j’ai déchanté, j’ai rechanté » faisant référence à sa jeunesse, sa vie de femme mariée, puis de retraitée.
Comme vous pouvez le constater, au travers de notre chronique, tout au long de ce remarquable disque, la danse et sa connotation festive est omniprésente, mais n’occulte aucunement le fonds littéraire et poétique, qu’il soit léger ou plus profond, ce qui est, aussi la force de cet enregistrement qui permet, ainsi, de passer les messages et les idées fort, agréablement.
Une seule pièce échappe au répertoire dansé, et quelle belle pièce !
En piste 7, c’est « Aydinlar » .
C’est une adaptation signée de Julie BONNAFONT.
Nous ne pouvons mieux vous présenter cette belle page musicale que la violoniste poétesse, elle-même, puisqu’elle en a assuré la passerelle linguistique. C’est pourquoi, nous reproduisons, ci-dessous, l’intégralité de la présentation figurant dans le livret joint :
Julie BONNAFONT nous a proposé cette chanson ouzbek très populaire, voici ce qu’elle nous en a dit : « Aydinlar, c’est l’adaptation française que j’ai faite d’un texte d’Abenday TAJIMUTATOV (poète karakalpak de Moynaq décédé en 2001, qui m’a fendu le cœur pendant mon séjour en Ouzbékistan :
là où la mer d’Aral s’est définitivement retirée, suite à la culture intensive du coton ; il ne reste plus que le désert. C’est l’histoire d’une jeune fille qui attend le retour de son fiancé, pécheur. Or, comme il n’y a plus de mer, on sait qu’il ne reviendra jamais.
[…/…]
Sous le ciel noir dons la tempêté, dons la mer en colère
Portez mon cœur jusqu’à mon amour si vous le croisez
Toi l’océan écoute-moi, ramène-moi mon amour
A moi qui creuse l’horizon sans cesse pour le retrouver
[…/…]
Le chant de Mathieu, d’une chaleur, profondeur, intensité et nuance remarquables, parvient, par son expressivité, à nous faire oublier que sa virile tessiture traduit, de fait, la voix… d’une jeune fille !
Le cistre de Ronan apporte tout le suspens mélancolique, le plaintif pont d’accordéon diatonique de Janick y ajoute les larmes, la flûte d’Erwan incarne l’espoir, le chorus polyphonique colore la mélodie, tandis que la cornemuse d’une invitée, chanteuse, violoniste et sonneuse, Enora MORICE, se mêlant discrètement, à la « boite du diable » , celtise la légende. Ma-gni-fique ! A écouter et réécouter…
Nous souhaitions, comme l’on dit communément, « faire court » , mais nous nous rendons compte qu’emportés par le constant intérêt de cet opus, nous avons, en la matière, transgressé toute ligne de conduite et, encore, nous avons éludé le Rond de Saint-Vincent « Vingt-sept à la dizaine » , un pari fou et rarissime réunissant un grand nombre de dizaines en une seule chanson.
Fort bien enregistré, mixé, mis en espace par Ludo MESNIL, à Streat ar Skol, à Saint Cadou (29), dix ans après le « CD - fest-noz » , « Les vies que l’on mène » , « Et si l’idée coulait de source » est un album dédié à la danse très abouti que vous reconnaitrez facilement dans les bacs grâce à une superbe et pastorale photo réalisée par Jérôme SEVRETTE, sur les terres de la ferme du chanteur et paysan Mathieu HAMON.
Les pages du livret, tout aussi picturalement illustrées par les clichés lumineux de ce talentueux photographe, est précieux puisqu’il reprend, chapeautant de propos contextualisant la genèse des pièces, l’intégralité des textes, ainsi que la distribution artistique et technique de l’œuvre.
Une fois, encore, passant du fonds ancien traditionnel et du collectage, à la pure création, paré de nouveaux textes contemporains, « Et si l’idée coulait de source » revisite, avec goût et pertinence, un répertoire spécifiquement destiné à la danse.
Et si l’idée de vous procurer, dans les meilleurs délais, ce remarquable album du HAMON MARTIN Quintet… coulait de source !
Gérard SIMON
Illustration sonore de la page : HAMON MARTIN Quintet "Au gui l'an neuf" (Pilé menu) - Extrait de 01:01.
Le site officiel du groupe HAMON MARTIN Quintet
D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine Voir site
Les titres du CD du HAMON MARTIN Quintet - "Et si l'idée coulait de source" :
01 - Au gui l'an neuf (Pilé menu) - 07:01.
02 - Le papillon sous la lune bleue (Bal paludier) - 02:32.
03 - L'histoire de ma vie (Rond paludier) - 04:17.
04 - Et si l'idée coulait de source (Mazurka) - 03:19.
05 - Quand le froid vient me saisir (laridé 8 temps) - 04:32.
06 - les pommes dans le poirier (Ridée de Guillac) - 03:50.
07 - Aydinlar - 04:20.
08 - Voici le temps et la saison (Ridée 6 temps) - 04:39.
09 - Vingt sept à la dizaine (Rond de Saint-Vincent) - 08:54.
10 - Où donc est ma peine (Andro) - 06:35.
Durée totale : 49:59.
HAMON MARTIN Quintet - "Et si l'idée coulait de source"
Parution : 06 septembre 2024.
Production du label : ARFOLK Voir site .
Distribution : Coop Breizh et IDOL .
Réf : AR1211.
© Culture et Celtie
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