La matinée était consacrée aux relations historiques bilatérales, après la Révolution industrielle, entre la Bretagne et Pays de Galles.
Après une conférence consacrée à l'interface entre Bretagne et Pays de Galles, la Manche, aussi appelée Mer de Bretagne ou Mor Breizh, et animée par André Daniel, géographe, trois conférences ont approfondi l'histoire commune entre les deux nations celtiques, forgée par les relations maritimes et le commerce.
La deuxième conférence, consacrée à John Nixon, ingénieur des mines et entrepreneur qui développa les charbonnages gallois dans les années 1830, ainsi que leur exportation vers Nantes et Saint-Nazaire, fut faite par Brian Davies, conservateur du musée de Pontypridd. Le texte anglais de Brian Davies avait été traduit par Gareth Miles qui l'a lu en commentant les illustrations.
La troisième conférence, de l'historien André Le Person fut consacrée aux relations commerciales maritimes entre Pays de Galles et Bretagne nord. Ces relations connurent leur apogée aux XVIIIe et XIXe avec le commerce de l'oignon de Roscoff, très apprécié par les mineurs du Pays de Galles. Au début du XIXe, des cultivateurs d'oignon décident de traverser la Manche et de vendre des oignons directement aux anglais. Avec Henri Olivier, en 1828, commence l'histoire des « Johnnies » qui mène des centaines de Léonards sur les routes britanniques et permet la sauvegarde de la culture de l'oignon de Roscoff jusqu'à nos jours. (voir le site)
Erwan Chartier-Le Floc'h, historien et journaliste, fit la dernière conférence de la matinée avant la table ronde sur la Renaissance des relations britto-galloises au moment de la Révolution industrielle. Il se trouve qu'hier comme aujourd'hui, la défense de la culture galloise a inspiré et inspire les mesures de défense de notre culture bretonne.
Au XVIIe et au XVIIIe, les relations entre Bretagne et autres pays celtiques, notamment le pays de Galles, dans l'orbe anglaise, diminuent fortement du fait des tensions et guerres permanentes entre l'Angleterre et la France, l'apogée étant atteinte avec Napoléon et le Blocus continental. La Restauration marque le début du réchauffement et à partir de 1825 on peut compter à nouveau sur des relations commerciales et maritimes régulières entre Bretagne et Pays de Galles, en plein développement. Les moyens modernes s'emparent de ses charbonnages, dont le charbon se trouve être parfaitement adapté aux machines à vapeur, dans les années 1830, les efforts de John Nixon et d'autres ne restent pas vains et le Pays de Galles est engagé dans une forte dynamique positive que méconnaît encore la France très agricole.
A la fin des années 1830, Théodore de La Villemarqué se rend au Pays de Galles et y rencontre des industriels et des aristocrates gallois très attachés à la défense de leur culture. Il y est intronisé barde et crée en rentrant la Breuriez Breizh, confrérie bretonne qui se lance notamment dans l'aventure de la création d'une colonie britto-galloise aux confins de la Patagonie, œuvre qui échoue notamment pour des raisons religieuses, les Bretons étant des fervents catholiques autant que les colons gallois étaient fervents protestants. Les liens religieux se développent d'ailleurs entre les deux nations celtiques, les Gallois envoyant des missionnaires à Morlaix, missionnaires qui créent toute une littérature religieuse en breton, l’Église, pour ne pas rester à la traîne, expédie des missionnaires léonards en pays de Galles.
A la fin du XIXe, Jaffrennoù, Charles Le Goffic et d'autres entreprennent en 1899 le voyage vers Cardiff ou, comme La Villemarqué soixante ans plus tôt, ils sont intronisés bardes et créent à l'orée du siècle nouveau la Gorsedd de Bretagne (voir le site) dont la filiation galloise reste affirmée tout au long de l'histoire, notamment en 1947 lorsque la Gorsedd du Pays de Galles se livre à une enquête sur les effets de l'épuration contre les nationalistes bretons du PNB.
Plus largement, les relations historiques britto-galloises apparaissent comme un « jeu de miroirs » interrompu par les guerres (du XVIIIe, puis la première et la deuxième guerres mondiales) et impulsé par le commerce, la tradition et la religion, autour de valeurs communes et d'un espace maritime partagé, qui n'est pas à la marge des foyers de peuplement, mais au centre, comme une place commune entre les nations celtiques, comme un lien éternel entre les peuples, un facteur de paix, de richesse et d'avenir.
– André Daniel : (voir le site)
– Brian Davies / Gareth Miles : (voir le site)
– André Le Person : (voir le site)
– Erwan Chartier-Le Floc'h : (voir le site)
Pour mémoire, le discours d'accueil de Patrick Malrieu : (voir le site)
Louis Bouveron