Au-delà des réactions à chaud après la fusillade de Villejean, il faut regarder le problème de l’insécurité grandissante à Rennes en face, et dans son ensemble. En effet, si on a connu en Ille-et-Vilaine 198% d’augmentation des coups et blessures de 1998 à 2018, actes dont une grande partie concerne Rennes et sa première couronne, ce problème, très grave, ne peut être résolu par une augmentation continue des effectifs de la police municipale ou par leur armement en armes létales. Si c’était la solution, cela se saurait. Rappelons d'ailleurs que la majorité des policiers au Royaume-Uni, quel que soit leur affectation, n’est pas armée.
Pour en revenir à Rennes, on sait que la plupart des tirs d’armes à feux sont liés à des règlements de compte entre dealers. C’est pourquoi nous proposons à Rennes Bretagne Europe que l’on légalise la vente de cannabis afin d’assécher les revenus de la pègre, en prenant en main au niveau de l’autorité publique le commerce de ce produit largement consommé, comme cela se fait dans d’autres pays et dans certains états américains. Ce qui a donné d’excellents résultats, tant en termes de baisse de la criminalité que de possibilité de faire de la prévention sur un produit qui n’est pas anodin pour la santé. Cela permettrait également aux brigades des stupéfiants de se concentrer sur des drogues autrement plus dangereuses pour la santé de nos enfants et pour le bien-être de nos sociétés.
Par ailleurs, si tout le monde est si prompt à vouloir augmenter le nombre des effectifs de la police municipale, il ne faut pas oublier que c’est surtout le manque de moyen de la police nationale qui pose problème. Et, pour Rennes Bretagne Europe, il n’est pas question que la police municipale serve de force supplétive à la police nationale. Pour nous la police municipale doit gérer en premier lieu les problèmes d’incivilités, qu’il faut prendre beaucoup plus au sérieux qu’à l’heure actuelle, et si nous avons évoqué une police municipale de nuit, c’est uniquement pour intervenir sur les problèmes de tapage nocturne à l’intérieur des copropriétés. Ces interventions, nécessaires, ne sont en effet pas assurées par la police nationale, or le tapage nocturne est un fléau pour le bien-vivre ensemble. Il nous semble que pour ces taches, distinctes de celles de la police nationale, les armes létales ne sont pas nécessaires.
Pour terminer, il est certain que le cœur du problème est bien le manquement de l’État dans une de ses missions régaliennes : celle d’assurer la sécurité physique des citoyens. Comme dans d’autres domaines, avec la faillite de l’hôpital ou le manque de moyens pour la justice, l’État ne remplit plus ses missions, et cela pose la question de la répartition de nos impôts et des taxes que nous payons à longueur d’année.
On remarquera en effet que cet état français, gourmand avec nous tous et dispendieux essentiellement en Île-de-France, ne rétrocède que 27% (62 Milliards d’Euro sur 229 milliards de recettes en 2019) de ses revenus fiscaux aux collectivités locales (villes et régions) quand l’état allemand rend lui 50% des recettes à ces mêmes collectivités, ou que Madrid ne prend que 7% des impôts et taxes prélevées au Pays Basque sud par exemple, pour ses missions régaliennes.
Voilà donc le problème : si l’État français prélève autant sans plus assurer correctement ses missions, il faut, là comme ailleurs, que nous trouvions une nouvelle répartition des taxes et impôts en France entre collectivités locales et État afin qu’une partie de ces nouvelles et légitimes recettes des collectivités locales soient investies dans des forces de police suffisantes en nombre et bien équipées. La sécurité de tous les habitants de Rennes nécessite cette révolution copernicienne du système fiscal français pour arriver en priorité à des résultats probants dans le domaine de la sécurité.
Les exemples des polices basques : Ertzaintza, ou catalanes : Mossos d’Esquadra, au sud des Pyrénées, ou encore les polices des Länder allemands sont là pour prouver que ce système de police régionale fonctionne beaucoup mieux que ce que nous connaissons en Bretagne et à Rennes.
Frank Darcel, tête de liste Rennes Bretagne Europe