Collectif pour l'enseignement du berbère (CEB)
47, rue Bénard - 75014 Paris
Tel : 01.45.45.72.44. - Fax : 01.49.81.02.32.
E-mail : ceb [at] tamazgha.fr
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Déclaration
A quand l’enseignement du berbère en France ?
Même si leur existence et leur identité propre ne sont pas encore toujours clairement perçues par l’opinion et les observateurs français, les berbérophones constituent l’une des plus importantes communautés d’origine étrangère dans l’Hexagone. Marquée par l’ancienneté de son implantation, elle est devenue une réalité indiscutable. Pas moins de 2 millions de Berbères vivent aujourd’hui en France.
Malgré cela, les langue et culture berbères restent à ce jour officiellement ignorées. Et lorsqu’elles sont parfois évoquées, ce n’est guère qu’en termes exotiques et souvent creux. Pourtant, tous les espoirs étaient permis à l’occasion, notamment, du débat autour de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
En effet, dans un rapport remis en 1998 au Premier Ministre Lionel Jospin, Guy Carcassonne, éminent Juriste, plaide pour la reconnaissance de la langue berbère en qualité de « langue de France » et ne manque pas d’exhorter l’Etat d’en assurer la protection, puisque faisant partie de son patrimoine. Plus récemment, en décembre 2003, c’est devant le Président Chirac lui-même que le Médiateur de la République, Bernard Stasi, a demandé l’enseignement officiel de la langue berbère.
Pourtant, du côté des pouvoirs publics, ces vives recommandations sont restées sans écho réel et sérieux dès lors qu’au delà des bonnes intentions exprimées, les engagements annoncés ne sont jamais tenus.
Dans une note de service publiée dans le Bulletin Officiel de l’Education nationale en 2002, le Ministre Jack Lang avait demandé aux recteurs des Académies de mettre en œuvre un enseignement au sein des lycées, destiné à la préparation des candidats à l’épreuve écrite de berbère au baccalauréat, introduite en 1995. De son côté, Jean-François Copé, porte-parole du Gouvernement, s’est engagé lors de la campagne électorale aux dernières élections régionales, à ouvrir une classe de préparation au berbère au BAC dans un lycée parisien.
Ni l’un ni l’autre de ces engagements ne s’est vu concrétiser. Dès lors, nous est-il permis d’y voir des manœuvres confinant à une attitude dilettante sinon méprisante ?
De surcroît, cette négation du berbère entraîne un véritable phénomène de discrimination voire d’inégalité des chances : comment expliquer l’absence d’enseignement de la langue berbère dans les lycées lorsque 2.000 candidats, en moyenne, se présentent chaque année à l’épreuve de berbère au baccalauréat alors que des langues mobilisant beaucoup moins de lycéens bénéficient d’une prise en charge de l’Education nationale ?
Face à cette incertitude des autorités quant au devenir de la langue berbère dans la République, nous ne manquerons pas de nous exprimer. Un Collectif qui s’assigne la mission d’œuvrer pour la reconnaissance du berbère en France et pour son enseignement s’est constitué et s’engage à organiser la convergence des efforts de toutes celles et ceux préoccupés par la place du berbère dans l’Hexagone.
Le Collectif pour l’enseignement du berbère usera des libertés publiques pour se faire entendre. Une porte doit être ouverte ou fermée.
Paris, le 8 octobre 2004.
Collectif pour l’enseignement du berbère (CEB)
c/o. Tamazgha
47, rue Bénard - 75014 Paris
Tel : 01.45.45.72.44.
Fax : 01.49.81.02.32.
E-mail : ceb [at] tamazgha.fr