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"Hopala ! La Bretagne au monde" n° 42 est paru
"Hopala !" parvient à suivre son rythme de croisière et paraît donc trois fois par an. Si ce rythme ne permet guère d'être en prise directe sur l'actualité, il permet d'offrir des textes dont l'intérêt dépasse justement celui de l'éphémère.
Revue plurielle, "Hopala !" ne se cantonne pas à la littérature ou à un de ses aspects seulement, elle aborde aussi des thématiques diverses à travers sa rubrique « Débats », animée par Jean Cloarec.
Le n° 42 propose ainsi un fort copieux dossier consacré à l'Économie sociale et solidaire, notion relativement nouvelle et ô combien salutaire en ces temps de crise où l'égocentrisme prévaut : « de la petite association de quartier, sans permanent, aux grosses coopératives agricoles, aux mutuelles, aux associations d'intérêts social, sans oublier les associations particulièrement actives dans le domaine culturel (festivals, édition, théâtre, cinéma) » l'ESS appartient désormais au paysage socio-économique.
C'est ce que s'emploie à montrer Alain Yvergniaux, ancien conseiller régional de Bretagne, qui analyse l'ESS comme « pilier essentiel d'un modèle de développement humain durable ».
Le polytechnicien Robert Le Lann évoque ensuite les notions plus techniques de « Gouvernance et management » appliqué à l'ESS.
L'universitaire lorientaise Laurence Davoust-Lamour se demande ensuite ce qui arrive « quand l'ESS se penche sur les politiques enfance jeunesse ».
Bien que techniques, ces articles demeurent avant tout généralistes et pédagogiques : le néophyte en sort plus instruit, et n'est jamais confronté à un discours pédant.
La partie artistique d'Hopala ! invite dans ce n° 42 deux plasticiens. Vonnick Caroff, auteure naguère de superbes ouvrages en compagnie de Jean-Pierre Abraham, est présentée par Marc Legros, dont l'acuité en matière d'interprétation artistique fait autorité.
Vonnick se voit célébrée aussi de manière fort originale par Françoise Demorgny le long d'un poème amical et malicieux.
Alain-Gabriel Monot interviewe ensuite l'artiste quimpérois Michel Remaud,dont les propos rayonnants sont une antidote à la morosité ambiante.
En matière de littérature, cette livraison d'"Hopala !" est fort riche.
La revue aime lancer des auteurs inconnus qui ont des choses à dire. On découvre ainsi les poèmes de Paul Goarzin, d'une puissance tellurique, nucléaire, bien éloignés de la poésie d'état d'âme ou de la joliesse qui prévaut dans 90 % de la production actuelle.
Suivent deux nouvelles d'Aude Raison, jeune enseignante mayennaise, dont l'écriture forte et élégante flirte avec le fantastique et la dénonciation politique – en l'occurrence celle du régime nord-coréen.
Michel Kerninon, co-fondateur en 1975 de l'éphémère revue Bretagnes, livre un hommage au libraire brestois Pierre Le Bris, chez qui Jack Kerouac en quête de racines échoua en 1965.
Jean-Louis Coatrieux évoque à son tour la mémoire d'Yves Landrein, disparu récemment, qui créa les éditions Ubacs et La Part commune.
Maria de Los Angeles Vega Vazquez offre le début d'un passionnant essai sur André Suarès, qui décrivit dans "Le Livre de l'émeraude" et "Landes et marines" les paysages bretons à la lumière des estampes japonaises.
Ève Lerner poursuit la présentation de la jeune littérature sénégalaise avec des portraits d'Amadou Lamine Sall et de Gérard Chenet.
Hopala ! va désormais publier dans chaque numéro un texte en breton accompagné de sa traduction juxtalinéaire, pour faciliter le travail des néo-bretonnants soucieux d'améliorer leurs connaissances de la vieille langue.
Après Goulc'han Kervella, c'est ici Gérard Gwenn qui est mis à contribution.
Ronan Gouézec poursuit sa présentation enthousiaste des romanciers nord-américains avec une analyse du roman "Sula" de Toni Morrison.
"Hopala !" enfin, ne pouvait rester insensible à l'assassinat des trois militantes kurdes victimes des services secrets turcs, et parmi elles Rojbin, qui illumina de sa présence le récent festival de Douarnenez consacré au Kurdistan. René Péron montre ici combien les média officiels ont sali la mémoire des victimes en les assimilant à de quasi-terroristes.
Quinze pages de notes de lectures et d'agenda concluent, comme d'habitude, ce numéro riche et varié.
"Hopala !" 13 rue du Pontigou
29000 Quimper.
Le n° : 12 euros, abonnement 3 numéros : 30 euros.
revue.hopala [at] gmail.com
tél. 06 32 36 00 42
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