Mon père est né dans un bourg du Finistère. Ma mère, elle, vient d´un grand village d'Isère, dans le Dauphiné, d'un père qui serait Auvergnat et d'une mère Allemande. Quant à moi, je suis né à Toulon, aux pieds du Faron, là tout en bas de la Provence, en face de l'Afrique. Je vis à l'étranger depuis 15 ans (Angleterre puis Brésil depuis 2001) où j'ai fondé une famille.
Ayant écrit ces dernières lignes, je me rend compte à quel point j'ai mon mot à dire sur le Débat du 7 Mai.
La France est dans une impasse, qu'elle le reconnaisse ou pas. Une partie des graines plantées depuis 1789 jusqu'à récemment étaient pourries. Elles ont poussé et elles ont très souvent ravagé la faune et la flore locales. Ces mauvaises herbes sont aujourd'hui hors de contrôle, sources de tous les malaises (gangrène ?). Elles ont poussé tellement bien que c'est à se demander si elles n'ont pas été arrosées.
À partir de ce débat, qui concerne la France entière, nous allons voir si ces graines pourries ont été plantées par erreur, ce qui aurait été une chose normale au moment de tant de changements. Si c'est le cas, tout devrait bien se passer et la Constitution sera un jour rectifiée. Dans le cas contraire, que faudra-t-il penser d'un pays qui est supposé être si évolué.
Les langues "régionales" peuvent paraître un sujet dépassé et sans intérêt pour une grande majorité de Français, mais elles sont au cœur du regard que cette nation va devoir porter sur son passé et ses mentalités si elle veut pouvoir évoluer.
Je ne peux m'empêcher de penser aux députés qui ont manifesté contre la Chine au moment du passage de la flamme olympique à Paris. Le monde a vu cette scène au journal télévisé. Le pays des droits de l'homme s'outrage ; points pour la France. J'ai vu cette scène et j'ai hurlé devant cette hypocrisie car je suis au courant des nombreux dérapages de la France (je m'excuse de ces propos si des députés favorables à la réforme institutionnelle étaient présents, je ne m'adressais pas à eux).
Il y a de quoi hurler.
Je payerais cher pour voir les statistiques des résultats concrets qu'a obtenus Fañch Morvannou, auteur d'une méthode de Breton remarquable, en face de ceux du ministère de l'Éducation pour la même période de temps (30 ans). Pour ne parler que du breton, que j'apprends depuis plusieurs années et que je recommande tellement cette langue (tous dialectes inclus) est fascinante !
Attendons donc ce débat symbolique. Je vais suivre cette affaire et j'espère apprendre quelque chose de tout ça.
Est-ce parce qu'un député (Vice-Président de l'assemblée) l'a formellement demandé ? Est-ce une prise de conscience du pouvoir français, qui se rendrait compte qu'avant de juger les autres il faut d'abord montrer l'exemple chez soi ? Est-ce le rapport de Gay Mac Dougall ? Est-ce une simple formalité pour pouvoir gagner du temps et renvoyer ensuite cette question aux oubliettes pour toujours ?
Je me languis de ce débat du 7 mai et la curiosité me démange de voir comment le pouvoir français va manœuvrer et négocier.
Pourquoi tant de mépris vis à vis des langues "régionales"?
Pendant des siècles, un Breton avait pu être bretonnant, de langue gallèse ou de langue française (quel pourcentage pour cette dernière ?). Un bretonnant ne pouvait-il intégrer la jeune Nation française, être un citoyen à part entière, que s'il parlait français et seulement français ?
Cette question est adressée aux dirigeants français (cela inclut ceux de Bretagne) et non pas aux bretonnants, brittophones et à leurs descendants. Le débat ne traite pas de ce qu'ils pensent de leur langue "régionale" ou de ce qu'ils sont, mais de comment la France doit définir une fois pour toute ce qu'est un citoyen de la République française et si tout le monde est concerné dans ce projet !
N'oublions pas que le Français fut lui aussi une langue 'régionale', dialecte de la langue d'Oïl, au côté de sa sœur le gallo. Il a volé la scène à toutes les autres, ce qui est une chose normale dans l'histoire de l'humanité, mais cette langue fut celle des Lumières, ce qui la charge d'une responsabilité énorme.
Malheureusement en France, nous avons affaire à un processus de glotophagie extrêmement sérieux.
Liberté ? Oui, beaucoup même si je ne suis pas né au temps où il fallait partir servir pour 7 ans, pour ne citer qu'un exemple.
Égalité ? J´ai bien peur que ça soit une utopie sur toute la planète, mais en France, si on se lève tôt le matin, les opportunités sont accessibles et la santé est garantie.
Fraternité ? Il y a du pain sur la planche.
Ce dont je rêve vraiment c'est qu'un jour, parler Breton ne soit plus un acte "clandestin", politique ou identitaire. Une langue est la fondation mentale et spirituelle d"un peuple. C"est l"arbre sur lequel repose sa façon de penser, de se relationner et de voir le monde. Même si le breton ne concerne pas tous les Bretons, j'aimerais citer Maria Prat (1) qui a dit qu'"un pays sans sa langue est un pays mutilé".
Maintenant, et cette fois cela inclut absolument tous les Bretons, la vraie mutilation c'est le 44. Je pense que les dirigeants français vont donner des rênes aux langues régionales pour ne pas céder du terrain à la réunification. Le masque de la jeune Nation Française est en train de tomber et elle ne résisterait pas à la dynamique qui en surgirait. La réunification est le point de départ déune nation bretonne moderne.
(1) Interview de Maria Prat sur TV Tregor, à voir absolument.
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