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- Lettre ouverte -
France Inter participe au génocide culturel
A l'attention de MM F. Bonnaud et F. Gabriel Chronique de Fabrice Gabriel " Tonnerre de BREST ", mardi 6 septembre 2005 Les « chapeaux ronds », ça suffit ! Aurillac, 7 septembre 2005 Messieurs, La chronique de F. Gabriel, à la fin de Charivari, mardi 6 septembre, m’a atterrée et
Par pour Catherine Liethoudt le 8/09/05 10:24

A l'attention de MM F. Bonnaud et F. Gabriel

Chronique de Fabrice Gabriel " Tonnerre de BREST ", mardi 6 septembre 2005

Les « chapeaux ronds », ça suffit !

Aurillac, 7 septembre 2005

Messieurs,

La chronique de F. Gabriel, à la fin de Charivari, mardi 6 septembre, m’a atterrée et révoltée.

Mon propos n’est absolument pas de prendre la défense de P. Lelay, ni de TF1, ni des bretonnants qui se sont compromis avec le régime de Vichy. Je ne suis pas de leur camp.

J’éprouve simplement une grande lassitude, et pour tout dire du dégoût, à entendre trop souvent sur les médias des « journalistes » (?) pérorer sur les langues dites « régionales » ou « minoritaires » de France en répétant toujours les mêmes imbécillités avec une évidente bonne conscience.

Je me contenterai donc de vous rappeler que les défenseurs actuels de la langue bretonne ne sont ni « une poignée », ni non plus des terroristes, puisque le Conseil régional de Bretagne lui-même a pris à l’unanimité, en décembre 2004, la décision d’instaurer une politique régionale de sauvegarde de la langue et de la culture bretonnes et qu’il consacre à cette action une partie non négligeable de son budget. Pourquoi cette décision, unanime, je le répète ?

Parce que la République française a engagé et poursuivi pendant des générations une politique de « génocide culturel », en effet. Vous niez l’expression ? Je vous renvoie aux paroles de l’intervenant qui vous précédait, sur la façon dont on a nié l’idée de génocide à Sarjevo parce qu’on n’avait pas envie d’en entendre parler…

La République a pris en 1794 la décision « d’anéantir les patois ». C’est l’expression exacte de l’Abbé Grégoire, dans son rapport « Sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française », séance du 16 prairial, l’an deuxième de la République une et indivisible. En 1794, on n’était pas dans une phase profondément démocratique de la Révolution française, je me permets de vous le rappeler. Cette décision prolongeait celle des rois de France, sans doute peu démocratique elle aussi. Elle a été maintenue ensuite par tous les régimes, y compris la Ve République, et ce malgré les grandes déclarations de nos chefs d’Etat successifs sur la nécessité de sauvegarder les cultures dites « minoritaires » – déclarations destinées à faire la leçon aux autres, sans doute, mais jamais à la France elle-même !

Résultat (je parle ici de ce que je sais, je ne suis pas bretonne, je suis occitane) : il y avait environ 11 millions de personnes parlant couramment l’occitan dans les années 1950, ceci dans plus de 32 départements français (répartis sur 8 régions administratives actuelles), le Val d’Aran (généralité de Catalogne), et les Vallées occitanes en Italie.

Aujourd’hui, 6 millions de personnes environ comprennent l’occitan et seulement 3 millions le parlent encore.

L’occitan est gravement menacé, comme toutes les langues de France : insuffisance chronique d’enseignement, absence quasi-totale dans la vie publique, absence quasi-totale sur les grands médias (y compris les médias de service public, qui à cet égard n’appliquent pas leur cahier des charges), ce qui a pour conséquence, entre autres, l’interruption de toute transmission familiale.

Alors, s’il vous plaît, moins de mépris, moins de bonne conscience « républicaine » (?), moins de « chapeaux ronds » ou de « fouchtra », et informez-vous…

C’est un comble d’avoir à rappeler cette nécessité basique à des hommes de radio, non ?

Catherine Liethoudt,

agrégée de Lettres,

administratrice de l’Institut d’études occitanes du Cantal,

présidente de l’Ostal del libre.

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