Jeudi 29-05-08, le sociologue et récent \"Chargé de Mission sur la Diversité\", Michel Wieviorka, intervenait en première page de notre quotidien régional, piquant d\'emblée, en raison de sa double casquette, notre intérêt d\'ordinaire peu sensible à la chapellerie...
Mazette ! nous disions nous, quelque peu flattés. Depuis la capitale, on se penchait donc sur notre sort périphérique ? Excellente initiative : une étude sociologique n\'est jamais à dédaigner ! Quant à la diversité : notre Bretagne est une diversité à elle seule !
Le temps de se caler en position ergonomique de lecture optimum et nous attaquions avec gourmandise...
Immigration hispanique aux USA. Euh, bien... L\'immigration en France. D\'accord... Une nécessité pour la croissance, défendait l\'auteur, enchaînant sur la condition préoccupante des sans-papiers. Regardons les Etats Unis, résumait-il.
Point de vue. Fort bien. Tout à fait démocratique. Humanitaire et politique. Rien à redire. Assaut de bons sentiments, après cela ? Débordements. Surenchères ? On n\'est pas des bêtes... La main sur la poitrine : le monopole du coeur, nous, Messieurs... Vous n\'y pensez pas ! Du reste l\'article se terminait là.
Justement, c\'est pourquoi on hésite à le dire, de la gêne, pas qu\'on soit insensible ou égocentrique, mais, on a beau compatir : on reste quand même un peu sur sa faim !
D\'abord, tant qu\'à aborder un sujet, qui pour être réel, est loin d\'être central dans une région pourtant sensible au fait minoritaire : on aurait aimé des chiffres, des statistiques, des courbes, des analyses... Un état des lieux, si ce n\'est pas trop demander. Des solutions, sans vouloir être désagréable...
Car en l\'état, l\'intervention nous laisse légèrement perplexes. Et que dire du gommage de nos préoccupations majeures ?
Otez moi d\'un doute : on ne serait quand même pas descendu de l\'Olympe, porteur du double couvre-chef scientifique et missionnaire, pour nous rappeler tout bonnement qu\'il faut accepter l\'Autre ?
* * *
Vendredi 30.05.08 : nouveau point de vue de première page du même quotidien régional.
Cette fois, on se détend dès le titre :\"Langues régionales : un peu d\'air\", par J.M. Djian, professeur à Paris 8. On se sent tout de suite rafraîchi par cette brise bienfaisante. Nos susceptibilités à fleur de peau se voient même caressés dans le sens du poil : tout baigne donc.
Bien sûr, tout cela ne va pas sans souligner tout de même que, si le français est en mauvaise posture sur certains terrains internationaux, il s\'enrichit, mais alors : fantastiquement ! de, tenez vous bien, de quelques 20 à 30.000 mots NOUVEAUX chaque année ! Ecrasant. On reste éberlué du prodige... Naturellement, petit cocorico viscéral au passage : notre pays affiche sa fierté d\'être à l\'origine de la solennelle déclaration de l\'Unesco sur la diversité culturelle... Bien entendu, jacobinisme oblige, on recadre en soulignant la peur de la mauvaise diversité : celle à caractère nationaliste...
Mais tout ceci n\'est rien.
Le coup de poignard vient de l\'amalgame, très certainement involontaire chez cet universitaire probablement distrait, entre langues régionales et langues minoritaires. Les premières (dont le breton) sont au nombre de sept dans l\'hexagone, antérieures de nombreux siècles à la langue de Molière. Quant aux langues minoritaires, ce sont toutes celles qui peuvent être parlées sur le territoire par une communauté minimum. Soixante-quinze, nous dit-on ici, une fois de plus : 75 ! Un tsunami ! Les canots à la mer ! Les femmes et les enfants d\'abord ! Et ce n\'est pas tout : on va sûrement trouver à en rajouter !
Vous voyez bien que c\'est le monolinguisme ou le chaos ! On n\'arrête pas de vous le démontrer...
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