Au-delà de la compétition, la mise en valeur d’une culture
Le week-end dernier était pour ces bagadoù l’ultime préparation avant d’affronter dimanche prochain le premier niveau des concours de cette catégorie ; la synthèse se faisant avec le deuxième, celui de Lorient, lors du F.I.L. N’entrons pas dans le détail des notes et “tuilages” qui font les délices du jury et maintiennent jusqu’au bout l’émulation entre les groupes. C’est toujours l’espoir de pouvoir monter en haut du tableau ou de changer de catégorie que visent ces jeunes. Ils se savent d’excellence à force de jouer et c’est le plaisir d’être ensemble qui les dynamise.
L’enjeu d’une culture puisée aux racines du terroir Cependant - au-delà des concours et placé très haut dans la compétition - c’est aussi l’enjeu d’une culture à sauver. Ces musiciens du troisième millénaire, motivés, rompus aux arcanes de leurs instruments, la mette en valeur avec brio. Les thèmes de terroirs retenus chaque année y participent. En effet, la culture récoltée avec pugnacité par des visionnaires à une époque où le poids du mépris la repoussait sur le bas-côté ; puis plus tard par Dastum, avec autant de ténacité et une meilleure technique, leur sert aujourd’hui de terreau historique et musical.
Aux Bagadoù Brieg, Antoine Perhirin harmonise les mélodies puisées aux sources, cette année le Leon ou le Treger
En plus de l’école de musique la Buissonnière, il y a trois bagad à Brieg. Antoine est au pupitre bombarde du Bagad Premier. En outre, “Toutoune” - pour les intimes - depuis trois ans, harmonise l’ancien aux goûts du jour sans jamais le déparer de ses racines tant pour le Bagad Premier que pour Karreg An Tan, bagad de 3ième catégorie issu du Bagadig en 1997. - On ne peut séparer le terroir de son territoire, dit-il. La géographie avec ses aspérités, l’intérieur et la côte ont façonné les gens qui y habitent. Par exemple, on ne chante pas ou l’on ne danse pas de la même façon dans la Montagne qu’ailleurs ! Les Gwerzioù racontent la vie d’un peuple, son histoire à un moment donné. Ce sont des passerelles entre les générations. Les nouvelles compositions sont l’expression de ce moment. Sans jamais oublier l’esprit et le lien avec le terroir. Cette année le thème retenu est puisé dans le Treger. J’ai préparé une suite de danses presqu’oubliées et revenues jusqu’à nous grâce au collectage ; une “Dans plaen”, un “Pass-pied de Callac” qui, descendu de la cour de Versailles, paraît-il, s’est accomodé à la mode paysanne ! Aussi, une dérobée de St-Loup “Les gars de Basse-Bretagne”. Et puis, la complainte d’un conscrit de 14-18 qui m’a émue : “Kimiad ar soudard”, (l’Adieu du soldat ). Il chantait pour voler au secours d’un pays dont il ne connaissait même pas la langue ! En est-il revenu ? Simple concours de bagadoù ? Que non. Musique de terroir, mélodies propres à chaque territoire, transversales dans l’espace, le temps et l’histoire de tout un peuple. Le tout harmonisé à Brieg par un jeune C’hlazik du Bagad. Dans les autres bagadoù, il en est de même. Passage de flambeau en forme de portée musicale vers une jeunesse passionnée qui redemande de ce Pays, la Bretagne
ABP/AJ