En étudiant la situation des minorités en Europe, le choix d'Eurominority ne s'est pas arrêté au seul territoire de l'Union européenne mais à toute l'Europe, incluant la Turquie et le Caucase. Si la Turquie fait partie du champ d'étude d'Eurominority, c'est plus particulièrement pour parler de la situation des Kurdes vivant en son sein. Et cette situation est peu enviable. Le débat sur l'adhésion future de ce pays à l'Union européenne est en effet largement alimenté par des considérations de protections des minorités nationales dont les Kurdes sont le point central.
Ces derniers jours, Eurominority fait scandale en Turquie au sujet du Kurdistan. En effet, une carte en vente sur le site montre le territoire du Kurdistan, ce qui a fait le tour de la presse turque et kurde. D'un côté, elle a été décriée, de l'autre, félicitée. Eurominority a même eu le privilège d'être piraté par des « hackers » turcs, connus pour saboter systématiquement toute tentative d'information sur le Kurdistan. De fait, une faille de sécurité du site a permis à ces pirates du net de dérouter les internautes visitant Eurominority vers une page « moins favorable aux droits des Kurdes d'exister ».
L'anecdote ne s'arrête pas là. Selon le journaliste kurde, Dindar Kocer de la chaîne de Télévision Kurdistan TV, le gouvernement turc aurait protesté auprès de l'Union européenne au sujet de l'édition de cette carte par Eurominority. L'UE aurait tout simplement expliqué que le site d'Eurominority est indépendant. Ce même débat a eu lieu récemment quand un général adjoint de l'OTAN a montré à Rome une carte du Moyen-Orient sur laquelle apparaissait le Kurdistan.
Les cartes du Kurdistan fleurissent pourtant sur le web, mais le caractère officiel de sites européens inquiète les autorités turques, qui ont récemment voté un loi pour combattre les sites Internet kurdes. Cette mesure donne à l'agence de sécurité nationale pour les technologies, la possibilité de bloquer tous les sites qui mettraient la sécurité de l'État turc en danger, conformément à l'article 301 de la Constitution turque.
Cela pose finalement la question de la liberté d'expression en Europe ? Nous ne pouvons que plaindre les Kurdes qui aujourd'hui vivent une situation de négation de leur identité rarement égalée dans le monde. Les quelques droits qui leurs sont accordés ne sont qu'une façade qui cache une politique assimilationniste virulente de la part des autorités truques.
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