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- Chronique -
Corse : De la démocratie et des droits des minorités
Les Constitutions de la République française sont à ce sujet les pires au monde car absentes comme celle de la Turquie de toute protection des minorités nationales. Aucune minorité nationale n'y est reconnue.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 15/03/24 11:17

Le talon d'Achille de la démocratie est que les minorités nationales y seront toujours des minorités politiques. Par définition. Les meilleures constitutions, comme celle de la Suisse, sont donc celles qui protègent les droits de ces minorités dans des textes fondamentaux. Encore que, même inscrits dans la constitution, ces droits ne sont par forcement respectés par les gouvernements comme on l'a vu en Ukraine où la Constitution dit clairement dans l'article 53 -5 : "Les citoyens appartenant aux minorités nationales ont la garantie et le droit, conformément à la loi, de recevoir leur instruction dans leur langue maternelle ou d'étudier leur langue maternelle dans des établissements d'enseignement communs et publics et par des associations culturelles nationales". Il est établi que le gouvernement ukrainien a tenté, juste avant l'invasion russe, de rendre l'enseignement en ukrainien obligatoire dans les communautés russophones malgré ce droit constitutionnel (en aucun cas cette politique ne peut justifier l'invasion de la Russie, autant le dire clairement encore une fois). Les Constitutions de la République française sont à ce sujet les pires au monde car absentes comme celle de la Turquie de toutes ces protections. Au nom du principe d'égalité des droits. C'est bien pratique non ? Grand pays A conquiert ou achète (cas de la Corse) petit pays B, lui donne des députés et le tour est joué. La France avait même essayé ce tour de passe-passe grotesque, disons-le "impérialiste", car les empires ont souvent agi ainsi, en faisant de l'Algérie, trois départements français comme les autres. Vous êtes en démocratie, de quoi vous vous plaignez ? Vous êtes représentés au Parlement donc "fermez-la !" Albert Camus aurait alors écrit "la démocratie ce n'est pas la loi de la majorité mais la protection de la minorité".

Finalement la Corse va obtenir certaines protections comme l'ont déjà obtenu les départements d'outre-mer. Une preuve en soi que cette république hyper-centralisée est capable d'évoluer.

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 4 commentaires
Burban xavier Le Vendredi 15 mars 2024 14:23
Il y a des obstacles à franchir et pas des moindres , les 2/3 des 2 assemblées réunies en Congrès et la non reconnaissance du" peuple Corse" ne fera pas consensus non plus à l'assemblée de Corse ...
On peut espérer mais ...
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Alain E. VALLÉE Le Vendredi 15 mars 2024 16:44
Dans "La famine rouge" de Anne APPLEBAUM, on lit :
"Ils conduisaient des charrettes tirées par des chevaux, les chargeaient, prenant tout. Après les semences, ils commencèrent à prendre les vêtements. La confiscation se faisait par étapes (...). Ils prenaient tous nos vêtements d'hiver, les manteaux en peau de mouton, et les capes, (...) Puis ils nous enlevèrent les habits que nous avions sur le dos.
(...) Parfois, l'expropriation s'opérait par le biais d'une lourde imposition rétroactive." (p.223)
"Ces nouvelles brigades ne mettaient pas en oeuvre une réforme agricole, ni même ne feignaient de le faire : elles retiraient leurs vivres à des familles affamées ainsi que tous les objets de prix qu'ils auraient pu échanger contre de la nourriture et, dans certains cas, les ustensiles qui pouvaient servir à la préparer." (p.380)
(Gallimard - 2019 - Folio Histoire n°327)
Ainsi, les Russes implantés en Ukraine pour remplacer les cinq millions d'Ukrainiens victime de génocide, c'est-à-dire assassinés par la méthodique privation d'absolument tout : nourriture, vêtements et moyens de subsistance, ne constituent sans doute pas une "minorité nationale" véritablement ukrainienne. Cette terrifiante histoire fait qu'ils ne sont plus probablement que des Russes descendants d'occupants.
AV
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Alain É. VALLÉE Le Samedi 16 mars 2024 01:18
Dans le chapitre XIII : "Suites" de la somme citée supra, on lit :
" (...) l'accord se fait désormais autour de deux chiffres : 3,9 millions de morts en excédent, ou pertes directes, et 0,6 million de 'naissances perdues', ou pertes indirectes. Cela porte le nombre total d'Ukrainiens manquants à 4,5 millions." (p.452)
"A l'époque, la population totale de la république tournait autour de 31 millions : les pertes directes correspondaient donc à environ 13%." (p.453)
"Fin 1933, il (le régime) lança donc un programme de réinstallation. Dans de nombreuses régions, cela eut concrètement pour effet de remplacer des Ukrainiens par des Russes (...)." (p.464)
"Officiellement, l'installation de Russes en Ukraine fut d'abord une réponse à (...) la pénurie drastique de main-d'oeuvre." (p.465)
" (...), les opérations de réinstallation furent perçues comme une forme de russification." (p.468) Le Consul d'Italie à Kharkiv "rapporta que "la 'russification du Donbass' était en cours. Il rattachait cette politique à la fermeture des théâtres en ukrainien, à la restriction de l'opéra ukrainien aux seules trois villes de Kyiv, Kharkiv et Odessa." (p.469)
"(...) ces déplacements d'urgence entre 1933 et 1936, (...) ont bien moins d'importance, en termes numériques comme par leur influence, que la lente implantation des Russes dans une Ukraine dépeuplée et dans les institutions de la République ukrainienne dégarnies, (...)" (p.469)
"Entre 1959 et 1970, plus d'un million de Russes émigrèrent en Ukraine attirés par les occasions crées pour de nouveaux habitants dynamiques par une population épuisée par la guerre, la famine et les purges." (p.471)
(2) 
KLG Le Mardi 19 mars 2024 19:40
Lors de la création de l'Ukraine bolchévique, ce n'est pas d'une Ukraine élargie qu'il s'agissait, mais bien de l'inverse.
Toute la république ukrainienne était de langue ukrainienne, très majoritairement, un noyau dur de l'aire linguistique, y compris à l'Est (Donbass). Les russes ne font jamais de cadeau.
Cette république est née dans la continuité de celle qui avait pu s'affranchir de la Russie tsariste à la fin de l'Empire. Après la création de la RSS d'Ukraine, les bolcheviks ont commencé à rabioter le territoire de la RSS d'Ukraine à l'Est dans les années 1920, autour de Rostov sur le Don.
Mais le territoire de langue ukrainienne allait au-delà de la RSS d'Ukraine, dans la région de Rostov sur le Don, et dans le Kouban (région actuellement russe de la Mer Noire, anciennement peuplée de circassiens jusqu'à la fin XVIIIème avant génocide et déportations)...
La langue russe, c'est le résultat d'une colonisation et d'un génocide là-bas, bien plus même que de l'acculturation des locaux dans le système soviétique.
Même la Crimée n'a rien de russe culturellement historiquement, bien plus reliée aux Tatars déportés par Staline. Géographiquement son rattachement à l'Ukraine va de soi...la Crimée russe, c'est comme Koenigsberg russe, ni plus, ni moins.
Personnellement j'ai toujours trouvé étrange cette accointance d'une partie des régionalistes bretons avec ces revendications russes, notamment un cartographe souvent relayé ici, avec un positionnement plus que douteux.
D'autant plus étonnant que la Bretagne dans son périmètre culturel-linguistique différe très sensiblement de la Bretagne à 5 départements ! Les ukrainiens ont bien plus d'arguments à revendre sur la langue ukrainienne dans le Donbass que nous sur le breton à Loudéac (je ne parle même pas de Fougères).
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