Dans un précédent article, et afin de suggérer quelques pistes de réflexion quant aux raisons susceptibles d’expliquer le différentiel de décès dûs au coronavirus entre la France et l’Allemagne, nous avions évoqué la structuration politico-administrative des deux pays. Etat centralisé et processus décisionnels entre les mains d’un seul homme d’un côté, Etat fédéral et processus […]
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Dans un précédent article, et afin de suggérer quelques pistes de réflexion quant aux raisons susceptibles d’expliquer le différentiel de décès dûs au coronavirus entre la France et l’Allemagne, nous avions évoqué la structuration politico-administrative des deux pays.
Etat centralisé et processus décisionnels entre les mains d’un seul homme d’un côté, Etat fédéral et processus collégial associant les responsables étatiques et régionaux de l’autre.
Mais il n’y a sans doute pas que cela. L’étude comparée du fonctionnement des systèmes de santé en France et en Allemagne se révèle en effet assez éloquente. Auteur de l’ouvrage « une étrange alchimie » (1), Jacques Pateau, consultant spécialiste de l’Allemagne, parle de la France comme « d’un pays flexible, qui s’adapte aux circonstances » alors que l’Allemagne « prévoit et planifie. »
Et ce dans la plupart des domaines, dont bien évidemment celui de la santé publique.
Résultat : disposant d’emblée de tests en grand nombre, les Allemands ont pu commencer leur campagne de dépistage du coronavirus dès le 27 janvier, en Bavière. A l’heure actuelle, un demi-million de tests sont pratiqués chaque semaine chez nos voisins d’outre-Rhin, et il est prévu d’en faire 200 000 par jour avant la fin du mois d’avril.
Pendant ce temps là, en France, il manque tests et masques et les propos de monsieur Macron ne sont pas faits pour rassurer.
« Le 11 mai -date annoncée d’un probable début de déconfinement, NDLR – l’Etat devra permettre à chaque Français de se procurer un masque. »
Le 11 mai ? En gros, plus de trois mois après le début de la crise. Un pays qui improvise, dites-vous?
Même scénario en ce qui concerne le nombre de lits d’hôpitaux destinés aux soins intensifs (et donc à la réanimation). L’Allemagne, avant la crise, en avait 28 000, dont 20 000 avec respirateurs.
La France ? Environ 7000…
A noter que crise aidant, les Allemands sont passés début avril à 40 000 lits et 30 000 respirateurs. Lors de son allocution devant la mission d’information de l’Assemblée nationale sur la gestion de la crise, Olivier Véran, ministre de la santé, a fixé « un objectif de 14 000 lits sur l’ensemble du territoire national, outre-mer compris. »
Quand ? Aucune date n’a été avancée par le ministre.
Vision préventive en Allemagne, attitude réactive – Jacques Pateau parle même « d’improvisation » – en France.
Et si nous changions tout cela ? « Nous devrons nous réinventer » a dit monsieur Macron.
Avoir une politique de santé publique un peu plus prévoyante serait peut-être un bon début.
Michel LE TALLEC
(1) : « Une étrange alchimie », Jacques Pateau, Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine, 2000, Paris, 252 pages.
Pour la Bretagne.Ce communiqué est paru sur Pour la Bretagne https://www.pourlabretagne.bzh