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- Communiqué de presse -
Contrat de plan État Région (CPER). Session plénière du CESR
Le réprésentant de Kuzul Sevenadurel Breizh (CCB) et Skol-Uhel Ar Vro (ICB), à propos du vote sur le prochain Contrat de plan État-Région (CPER), rappelle en présence du Préfet et du président du Conseil régional, l'indispensable effort linguistique à faire.
Alan Monnier pour SUAV-ICB le 20/03/07 21:28

Monsieur le Préfet, Monsieur le Président du Conseil régional, Monsieur le Président, Cher(e)s Collègues,

Pas plus tard que samedi dernier, il y a donc à peine 48 heures, certains acteurs du mouvement culturel breton ont entendu le président Le Drian, à Ploemeur, exprimer son insatisfaction quant à la négociation avec l’État concernant la langue bretonne. Nous l’avons également entendu souligner les acquis, notamment l’accord passé avec Madame Idrac et la SNCF pour une signalétique bilingue, le projet de restauration du château de Kerampuilh à Karaez, la présence de la langue, via l’Ofis ar brezhoneg, lors du festival interceltique et la semaine bretonne à Paris, son soutien même au rassemblement de Béziers, qui fut un grand succès et à celui organisé à Lorient le samedi 31 mars.

Mais, nous l’avons vu, les difficultés demeurent : le président Le Drian comme la présidente d’Ofis ar Brezhoneg, Lena Louarn, ont pu le constater, pour le regretter. De leur côté, un syndicat FSU évoquait il y a quelques semaines dans Info Flash n°2 (je cite) : « l’impossibilité pour de nombreux élèves de poursuivre en filière bilingue après le CM2 ou la 3e, faute d’établissement de proximité », cela en se fondant sur la prévision de trois « mises en sommeil » puisqu’on en est désormais à utiliser un vocabulaire mortifère…

Bientôt, avec le lexicographe trégorrois Jules Gros, devrons-nous déplorer : du-mañ ez eus unan war he gwele ha na savo ken : ‘m-eus aon teui da zougen ar groaz dezhi ! (chez nous, il y a quelqu’un sur son lit qui ne se lèvera plus ; j’ai bien peur qu’elle soit en train de mourir !) et puisqu’il est plus facile d’avancer dans les dossiers relevant du ferroviaire, que penser de l’expédition par la CAF du Morbihan des « Babigoù Breizh » dans les wagons plombés d’une modernité aseptisée, stérilisée, en tout cas mal comprise, des petits dont on avait tort de vouloir leur proposer une crèche bilingue bretonne-française, alors que, comme le rappelle un excellent travail de l’Ofis s’appuyant sur les recherches d’experts tels les Professeurs Ellen Bialystak, Colin Baker, Gilbert Dalgalian, le bilinguisme précoce favorise la réussite dans les études, l’apprentissage des autres langues, la découverte des autres cultures et l’obtention d’un emploi.

N’est-ce pas au contraire dans la diversité et ses richesses que réside la véritable modernité, alors que la déclaration universelle de l’Unesco (2001) stipule que la diversité culturelle doit être considérée comme un « patrimoine commun de l’humanité » et sa « défense comme un impératif éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine. » Cela a été récemment rappelé par Sèrgi Javaloyès que notre Commission Qualité de vie, Culture, Solidarités du CESR a eu l’honneur et le plaisir de recevoir la semaine dernière, et dans le rapport réalisé par nos Collègues d’Aquitaine.

Tout ceci devra-t-il bientôt disparaître sous les directives d’un « Ministère à l’identité nationale » ou, comme l’a fait remarquer, toujours samedi dernier le président Le Drian, sous les quolibets d’une formation politique qui condamne la traduction de la série Perry Mason en breton sans remettre en question sa traduction en français, alors même que nos jeunes scolarisés en filière bilingue ou immersive, ont très peu d’occasions de voir la langue utilisée dans l’espace social, en dehors de l’école. Et ce ne sont pas les employés de France 3, lesquels redoutent ces jours-ci une énième et peut-être ultime recentralisation, qui viendront contredire ces craintes.

Dillo ! Poent eo strivañ evit ar yezh ! Vite, il est temps d’agir pour la langue ! Elle s’est vu refuser le statut de « grande priorité » dans le présent CPER, les négociations la concernant traînent encore, tandis que la France reste avec la Turquie, le seul pays d’Europe à ne pas avoir signé la convention cadre pour le droit des minorités, de même qu’elle n’a pas non plus ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, ni l’article 27 du Pacte international des droits civils et politiques, ni l’article 30 de la Convention internationale des droits de l’enfant, ni le Protocole n° 12 relatif à la non-discrimination de la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ni la Convention internationale des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille…

Les Irlandais qui fêtaient, il y a deux jours, l’attachement à leur identité et leur culture, l’ont-ils fait avec rigidité, avec tristesse, sans y même associer le reste du monde ? C’est la peur de certains – et cette autre forme de la peur qu’est l’ignorance, ou bien est-ce l’inverse ? - qui conduit à des réflexes d’exclusion de plus en plus patents.

Le mouvement culturel breton est sensible aux efforts entrepris par l’assemblée régionale, son président, ses responsables et, quand il le faut, l’unanimité de ses membres. Pouvons-nous espérer que cette autre assemblée qu’est le CESR, dans la droite ligne de positions prises antérieurement, interpelle les responsables de la CAF du Morbihan, et souligne avec plus d’insistance l’absence de cette véritable priorité, à côté des autres, dans le Contrat de projets.

Si chacune/chacun de vous, cher(e)s Collègues, ne parle pas breton ou gallo, mais que vous ne souhaitez pas la mort de ces langues, merci de les aider à survivre. Trugarez vras evit ho hevezh hag ho sikour… Merci pour votre attention et votre soutien...

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