Depuis sa 10e place au Tour de France 2009, Christophe Le Mével a changé de statut.
Le titre de champion de France a échappé d'un cheveu au Lannionais pourtant très affuté : 61 kg pour 1,74 mètre. Le trèfle à quatre feuilles de son équipe la FDJ (ex-Française des Jeux) lui portera-t-il chance sur la Grande Boucle 2010 ? Auréolé d'une victoire récente au Tour du Haut-Var - la première en cinq ans - il a vraiment l'envie de bien figurer au général le 25 juillet. « Je vais essayer de saisir ma chance, prendre des risques, sans faire n'importe quoi » , annonçait-il au départ de Rotterdam. Longtemps au service d'un leader, il a désormais les coudées franches. Il a démarré la course comme co-leader de son équipe avec le Français Sandy Casar. Christophe Le Mével vit désormais à Nice, non loin des cols que le talentueux grimpeur qu'il est affectionne tant.
C'est peu de dire que le coureur de 29 ans s'est bien préparé pour le mois de juillet : « Au lieu de rester chez moi, je suis parti en montagne, monter des cols, travailler en altitude pour progresser. » L'an dernier, il a bouclé la plus belle saison de sa carrière. 10e de Paris-Nice, 10e du Dauphiné-Libéré et bien sûr 10e du Tour de France. Une place acquise dans le Ventoux. « Le Breton a sa fierté, le caractère irréductible d'Astérix, observe Daniel Mangeas, speaker officiel de la compétition. C'est sur cette volonté que Le Mével a bâti puis conservé sa place dans les dix jusqu'aux Champs-Elysées. »
Nerf sciatique sectionné
Depuis qu'il est à la FDJ, il a ajouté à ses cinq heures de vélo quotidiennes le travail en soufflerie et l'amélioration des séquences de pédalage. Passé professionnel en 2001 dans l'équipe du Crédit Agricole puis transféré à 2009 à la Française des Jeux, le Costarmoricain n'a pas connu une carrière linéaire, après des débuts prometteurs. Il est profondément meurtri dans sa chair, en 2002 lors des Quatre Jours de Dunkerque, lorsqu'un pédalier lui découpe le mollet jusqu'à sectionner le nerf sciatique. En 2007, il chute, se fracture la clavicule et abandonne dans le Tour de France. Son rayon de soleil, c'est son épouse Laura, hôtesse rencontrée sur le Tour d'Italie où il remporte en 2005 la 17e étape, entre Lissone et Varazze.
Son cœur est resté en Bretagne, où parfois il revient, comme l'an dernier lors du Grand Prix de Plouay ou de la 49e Ronde des Korrigans gagnée à Camors en juillet. « C'est à chaque fois un plaisir de courir au pays, une fête, une communion et une source de surmotivation. » Christophe Le Mével profite de sa notoriété de porte-drapeau du cyclisme breton, et français, en signant autographe sur autographe dans la région où il a débuté. Vélo Vert Lannionnais, UC Briochine et élite 1 avec l'équipe Jean Floc'h… il raconte volontiers ses premiers tours de roue : « J'ai commencé le VTT et le vélo sur route à 14 ans en ayant pour objectif de réaliser mon rêve de devenir pilote moto. » Ce sera peut-être pour plus tard, lorsque l'heure de la retraite aura sonné.